Les prix des deux produits stratégiques dans toute construction, en l’occurrence le ciment et le rond à béton, connaissent depuis le début de cette année une importante augmentation que ni les entreprises de réalisation des programmes de logements ni les citoyens pour la construction de leurs maisons individuelles n’arrivent à expliquer.
Il faut souligner que la hausse soutenue, que connaît le prix du ciment, à l’instar d’autres matériaux de construction, est devenue un sérieux obstacle, entraînant par conséquent le secteur du bâtiment vers une nouvelle crise. En effet, le sac de ciment de 50 kg est cédé aujourd’hui chez les revendeurs entre 750 et 800 dinars. Quant au quintal de rond à béton (ferraille), il est vendu entre 6500 et 7000 dinars. Au niveau des chantiers, c’est la déception totale, et les entreprises de bâtiment sont contraintes de ralentir le rythme de travail, à défaut de forcer leurs ouvriers au chômage temporaire. Cette nouvelle flambée des prix des matériaux de construction influe directement sur les différents projets de construction, tous types confondus, qui connaissent d’importants retards. Un grand entrepreneur de Chlef ayant à son actif plusieurs réalisations de logements ou d’importantes infrastructures ne cache pas son pessimisme devant l’ampleur des augmentations des prix du ciment et du rond à béton. Il nous confia à ce sujet: « cette flambée des prix des matériaux de construction aura des répercussion négatives sur la trésorerie de mon entreprise sachant que lors de la soumission des marchés je n’avais pas tenu compte de ces majorations ». Un autre entrepreneur nous dira que « le bâtiment est un secteur fortement soumis aux aléas de la conjoncture et aujourd’hui il est en pleine crise à un moment où l’État s’est engagé à réaliser des milliers de logements à travers le pays” et de citer le célèbre adage : quand le bâtiment va tout va. Par ailleurs, il faut noter que le ciment et le rond à béton ces derniers demeurent disponibles au niveau des revendeurs, mais à quel prix, sachant que l’importation de ces derniers s’effectue sans encombre via le port de Ténès, alors que la cimenterie de Chlef ne connaît aucun arrêt dans sa production. A titre de rappel, l’ECDE de Chlef qui couvre 9 wilayas produit annuellement 2.2 millions de tonnes de ciment, dont un million est réservé aux entreprises de réalisation et 1,4 million de tonnes pour les commerçants de gros, au nombre de plus de 1200. Les citoyens et les entrepreneurs se plaignent de ce regain de spéculation sur le ciment qui, disent-ils « n’est pas le fruit de la rareté, mais plutôt de pratiques frauduleuses qui trouvent leurs racines dans le manque de régulation du marché et les passe-droits qui minent souvent les administrations compétentes, et de s’interroger sur les raisons d’une telle surenchère ».
Ce constat impose, en effet, une nouvelle question: où est le rôle des pouvoirs publics qui doivent réguler le marché ? « Le dispositif de contrôle mis en place par le gouvernement en 2008 semble ne pas fonctionner », notent les observateurs.
Sinon, comment est-on retombé dans la même situation aujourd’hui ? Apparemment les mécanismes de régulation instaurés par le gouvernement pour juguler la spéculation et les hausses des prix chez les revendeurs semblent dépassés et il est urgent de plafonner les marges bénéficiaires de chacun des intervenants sur le marché du ciment et du rond à béton, sachant que ces deux matériaux sont produits localement et dans une moindre mesure importés.
Bencherki Otsmane