Au 401e jour de l’agression sioniste contre Ghaza, le nombre de martyrs continue de grimper, touchant de plein fouet des civils, dont de nombreux enfants, tués dans des frappes ciblées sur des habitations dans les quartiers de Ghaza-ville et de Jabalya. Dans les dernières 24 heures, plus de 41 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont péri, alors que l’armée de l’occupant interdit toujours aux équipes de secours d’accéder aux zones frappées, bloquant les opérations de sauvetage.
Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini a tiré la sonnette d’alarme face à une famine imminente dans le nord de Ghaza. Déplorant le recours à la faim comme arme, il a dénoncé le blocus de l’entité sioniste qui prive les Palestiniens de biens essentiels, y compris de nourriture, rendant difficile la survie des habitants. Lazzarini souligne que l’aide humanitaire autorisée à entrer reste dérisoire : les 30 camions quotidiens couvrent à peine 6 % des besoins des Palestiniens. Un rapport du Comité d’examen de la famine, organisme international indépendant, confirme le « fort risque de famine imminente » dans le nord de Ghaza, alors que l’armée de l’occupant poursuit ses frappes intensives. Le week-end a été marqué par un nouveau massacre à Jabaliya, où 33 civils, dont 13 enfants, ont été tués dans une maison où ils cherchaient refuge. La situation est d’autant plus dramatique que les services médicaux et d’urgence sont quasiment paralysés par le blocus. Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile à Ghaza, a affirmé que les équipes de secours sont contraintes de se retirer sous la menace de bombardements, en particulier autour de l’hôpital Kamel Adwan, qui fonctionne avec un personnel minimal sous des conditions extrêmes. Hossam Abou Safya, directeur de l’hôpital Kamel Adwan, a lancé un appel pressant pour l’acheminement de vivres et de matériel médical, témoignant de la malnutrition croissante, notamment chez les enfants. Dans cet environnement de siège total, il devient de plus en plus difficile de fournir un repas quotidien aux patients et au personnel hospitalier. Selon le bureau d’information gouvernemental de Ghaza, le bilan, depuis le début de l’agression en octobre 2023, s’élève à 43 603 martyrs, dont 17 835 enfants et 11 891 femmes. Le nombre de blessés dépasse 102 929, et près de 10 000 personnes sont encore portées disparues sous les décombres. La situation est particulièrement lourde pour les équipes de secours : 1 054 travailleurs médicaux, 85 agents de la défense civile et 188 journalistes ont perdu la vie. Face à ces tragédies, la communauté internationale est interpellée pour permettre un accès humanitaire immédiat et des mesures urgentes pour répondre aux besoins vitaux des habitants de Ghaza.
La Résistance intensifie ses opérations dans le Nord
Depuis plus de 400 jours de conflit, la résistance palestinienne à Ghaza continue de défier les forces de l’occupation israélienne avec une série d’opérations coordonnées, notamment dans les zones de combat du nord de la bande de Ghaza. La résistance palestinienne, affiliée au Hamas, a revendiqué, hier, plusieurs frappes contre des forces israéliennes dans différentes localités du nord de Ghaza. Dans la région d’al-Barka, à l’ouest de Beït Lahya, les combattants ont réussi à tendre une embuscade à une force israélienne, infligeant des pertes significatives. En parallèle, une seconde attaque a visé une unité israélienne composée d’une quinzaine de soldats dans la région d’al-Shima, près de Beït Lahya.
Les résistants palestiniens ont d’abord frappé les troupes avec un RPG, puis ont engagé un affrontement rapproché à l’aide d’armes légères et de grenades. La résistance palestinienne a également attaqué deux transports de troupes israéliens à l’aide de missiles de type « Yasin 105 » et « Tandem » avant de détruire un bulldozer militaire près de la mosquée du martyr Imad Aqel, dans le camp de Jabalya. Les opérations de la résistance ont également été soutenues par une alliance stratégique entre diverses factions militaires. La résistance palestinienne, affiliée au Jihad islamique, a ainsi collaboré avec les factions populaires pour bombarder au mortier, un centre de commandement, israélien dans l’est du camp de Jabalya. Les Forces du martyr Omar al-Qassem, branche armée du Front démocratique de libération de la Palestine, ont, de leur côté, diffusé des images de frappes menées conjointement avec les factions populaires, ciblant plusieurs positions de l’occupation israélienne avec des roquettes et des obus de mortier. Hier, la résistance palestinienne avait annoncé avoir détruit un bulldozer militaire de type « D9 » à Jabalia, tandis que les forces affiliées au Front populaire palestinien ont tiré une salve de roquettes contre le site militaire de Kisoufim en réponse aux exactions de l’occupant et en solidarité avec les peuples palestinien et libanais. Avec cette intensification des opérations de la résistance, Ghaza reste en proie à une guerre d’usure où chaque jour révèle de nouvelles batailles et témoignages de résilience face aux forces de l’occupant.
Plus de 11 600 Palestiniens détenus
Dans la nuit de samedi à dimanche, au moins dix Palestiniens ont été arrêtés par les forces de l’occupation sioniste en Cisjordanie occupée, portant le nombre total de détenus palestiniens à plus de 11 600 depuis le début de l’agression d’octobre 2023.
Un communiqué commun de la Commission des Affaires des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens et du Club des prisonniers, relayé par Wafa, a précisé que ces arrestations ont ciblé les gouvernorats de Jénine, Beït Lehem, Ramallah, Tubas, ainsi qu’El-Qods occupée. Parmi les personnes arrêtées figuraient plusieurs membres d’une même famille et d’anciens détenus. Samedi, des dizaines de Palestiniens ont également été appréhendés à l’intérieur des territoires de 1948 occupés, dans le cadre d’une campagne d’arrestations massives, accompagnée d’agressions et de destructions de biens, selon les mêmes sources. En plus de la Cisjordanie occupée, la politique d’arrestations s’étend également au nord de Ghaza, où l’occupation continue de pratiquer des détentions arbitraires et des disparitions forcées, visant des femmes, des enfants et des membres du personnel médical. Ces nouvelles vagues d’arrestations illustrent une intensification de la répression visant les Palestiniens dans l’ensemble des territoires occupés.
Menace de sanctions et de restrictions sur l’exportation d’armes
Les médias israéliens rapportent une vive préoccupation à Tel Aviv concernant la possibilité que certains pays imposent des sanctions et interdisent l’exportation d’armes à destination de l’entité sioniste, à la suite de rapports sur une famine imminente dans le nord de Ghaza. Selon ces médias, l’Organisation mondiale de la santé pourrait prochainement déclarer officiellement une famine dans cette région assiégée, une situation qui risquerait de déclencher de nouvelles sanctions internationales contre Israël. Cette inquiétude survient après la publication d’un rapport du Comité d’examen de la famine du système de classification intégré de la sécurité alimentaire (IPC), un groupe d’experts internationaux indépendants en sécurité alimentaire et nutrition, indiquant une « forte probabilité de famine imminente » dans le nord de Ghaza. Depuis le 7 octobre 2023, l’armée de l’occupation poursuit ce que beaucoup qualifient de campagne d’extermination contre la population de l’enclave, accentuant la crise humanitaire.
Les journalistes de Ghaza payent un lourd tribut
Depuis le début de la guerre d’extermination de l’armée de l’occupant sioniste sur Ghaza le 7 octobre 2023, les journalistes et activistes des réseaux sociaux de Ghaza vivent des épreuves extrêmes. Malgré les dangers et le désespoir de l’exil, ces reporters persistent, racontant au monde l’horreur et la souffrance de leur quotidien. Les frères Mohamed et Khalil Naïm, deux journalistes influents sur TikTok, Facebook et YouTube, sont des voix de la souffrance humaine à Ghaza. Forcés de fuir leur maison à Beït Hanoun, au nord du secteur, vers le sud de la bande, leur exil est marqué par des conditions précaires. Leurs plateformes sont devenues les témoins de l’agonie imposée par la guerre. Mohamed, l’aîné, raconte : « Notre exode a commencé le soir même du premier jour de la guerre, sous les menaces d’évacuation immédiate. Quitter notre maison, remplie de souvenirs, et notre studio entièrement équipé a réveillé des souvenirs douloureux de la Nakba de 1948 » Le voyage est périlleux ; Mohamed décrit comment il a dû porter ses enfants sous les bombardements constants, tandis que sa femme transportait quelques affaires essentielles. Les deux frères continuent pou tant de documenter, malgré les difficultés : l’accès à internet est rare et l’électricité dépend de coûteux panneaux solaires. Les conditions rendent la production journalistique presque impossible. Safaa Al-Habil, correspondante de Télévision Palestine, partage son expérience : « Nous avons fui en emportant pour seules possessions nos habits de prière». Contraintes de tout abandonner dans la précipitation, Safaa, comme d’autres femmes, a fait de cet habit son « uniforme » de l’exil. Dans les hôpitaux, elle documente sans relâche, malgré le danger et les conditions rudimentaires. « Un jour, alors que je me trouvais dans l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, des bombes ont explosé tout près. La poussière et les cris étaient partout, c’était terrifiant », relate-t-elle. Safaa décrit l’horreur de filmer les corps mutilés, les blessures profondes des femmes et des enfants. « C’est une vision insupportable, mais il est essentiel de montrer la réalité de notre souffrance au monde». Les journalistes à Ghaza manquent cruellement de matériel. Le journaliste Hani Abu Rizq, réfugié au centre du secteur, témoigne : « Nous manquons de microphones, de caméras, et il n’y a nulle part où les réparer». Le coût de l’équipement et de l’internet devient exorbitant, accentuant les difficultés.
L’armée de l’occupant a frappé à plusieurs reprises les tentes des réfugiés près de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa. Le besoin de sécurité est criant : les journalistes risquent leur vie en documentant les événements. Ahed Farwana, membre de la commission des journalistes palestiniens, déplore : « Depuis octobre 2023, au moins 174 journalistes ont été tués, plus de 300 ont été blessés, et 125 ont été emprisonnés, dont 57 sont toujours détenus».
Dans ce contexte, la commission des journalistes a créé des centres de solidarité pour fournir un espace sécurisé où les journalistes peuvent continuer leur travail, malgré l’absence d’internet et d’électricité. Loin d’être des chiffres, ces pertes incarnent l’engagement de ceux qui, face aux atrocités de la guerre, persistent à exposer la vérité.
M. Seghilani