Le Maroc fait à nouveau dans la provocation à l’égard de l’Algérie, nourrit la désinformation ou suscite des actes hostiles aux frontières de notre pays. Ainsi, et pour ce qui est de la désinformation dans laquelle se spécialisent des médias et des sites d’info créés par le Makhzen, pour nuire à l’Algérie ou pour dénigrer le combat du peuple sahraoui pour son indépendance, dernier fait en date celui qui voulait faire croire que l’ancien Premier ministre marocain et ancien leader de l’USFP, Abderahmane Youssoufi, venu à Alger pour présenter ses condoléances à la famille de feu Aït Ahmed, aurait été «malmené» à l’aéroport d’Alger. Or, des sources diplomatiques ont remis les pendules à l’heure, et précisé que, contrairement à ce qui a été rapporté par la presse marocaine, l’ex-Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, a été reçu en Algérie avec les égards dus à son statut d’homme d’État. Président de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, parti pro-royal), Youssoufi était arrivé à Alger, jeudi dernier, pour présenter ses condoléances à la famille de Hocine Aït Ahmed, son vieil ami, dont la dépouille avait été rapatriée ce jour-là. Reçu par la direction du FFS, le leader marocain ne s’est plaint d’aucune restriction à son arrivée à l’aéroport Houari-Boumediene. Seule la presse marocaine, stupidement relayée par quelques titres algériens, dont un s’est même excusé auprès du concerné, a parlé d’un «traitement humiliant» qui lui aurait été réservé à Alger, en inventant une histoire de «fouille de bagages» par les douaniers algériens qui aurait mis l’intéressé dans tous ses états. Il est clair que ces médias, qui ont même rapporté que Youssoufi envisagerait de porter plainte, cherchent à attiser les rancœurs dans le prolongement de la campagne d’hostilité entretenue par le Makhzen et ses relais médiatiques et politiques. Cycliquement, les relations entre les deux pays sont émaillées d’incidents diplomatiques provoqués par Rabat à l’effet de recentrer l’intérêt de l’opinion publique régionale et internationale sur les questions litigieuses qui opposent les deux voisins, dont principalement celle liée à la fermeture des frontières terrestres, décidée par Alger en 1995, suite à des accusations gratuites formulées contre les services de sécurité algériens. Les Marocains ont toujours voulu monnayer leur disponibilité à résoudre le conflit sahraoui contre la réouverture de la frontière algérienne avec le Maroc, en accentuant la pression et le jeu des chantages, au sujet notamment du Sahara occidental. Les gestes de provocation ont connu leur apogée le 1er novembre 2013 lorsqu’un agent du Makhzen, déguisé en manifestant, avait arraché le drapeau algérien hissé sur le toit du consulat d’Algérie à Casablanca. Le Palais n’a jamais présenté d’excuses pour cette agression hautement symbolique. D’autre part, et autre provocation évidente l’Office marocain des hydrocarbures vient de signer un accord avec la compagnie franco-américaine Schlumberger, pour entamer des forages d’hydrocarbures sur la zone de Tendrara, située juste à la frontière avec l’Algérie, en face de la wilaya de Nâama, a révélé un quotidien national.
La licence Tendrara porte sur huit blocs d’une superficie globale de 14 500 kilomètres carrés dans le nord-est du Maroc. Elle brasse toute la frontière algérienne, précise l’auteur de l’article qui maîtrise les questions pétrolières. Il révèle que «c’est la minuscule compagnie anglaise, Sound Energy Plc, qui est l’opérateur sur le permis de Tendrara, avec seulement 25%, alors que le reste des participations sont détenues par les institutions étatiques marocaines». Autre précision de taille, s’il y a découverte d’hydrocarbures sur cette zone frontalière, les deux pays seront concernés par leur exploitation.
On rappelle, à ce titre, le même phénomène existant aux frontières avec la Libye, où les gisements de Wafa communiquent avec ceux d’Alrar (au sud d’Illizi). Après dix ans de négociations, les Algériens et les Libyens ne sont toujours pas parvenus à un accord sur l’utilisation des deux champs.
La seconde remarque des experts est plus pertinente techniquement. Avant de procéder à des forages d’exploration, les compagnies pétrolières ont toujours recours à la technique d’acquisition sismique 2D et 3D. Cette opération consiste à sonder le sous-sol du permis avec des méthodes de géophysique et situer avec le maximum de certitudes les accumulations d’hydrocarbures.
Or, dans le cas du permis de Tindrara aucune opération de ce genre n’a été réalisée. C’est dire que l’Office marocain des hydrocarbures gère plutôt une opération «politique» que technique. Le plus inquiétant dans cette campagne de forage sur nos frontières est sans doute l’implication des sociétés françaises qui ont beaucoup d’intérêts en Algérie. L’Onhym et Sound Energy ont en effet été largement soutenus au départ par Entrepose Drilling Morocco. Entrepose travaille en Algérie depuis 30 ans et, au cours des dernières années, elle a bénéficié de contrats juteux avec la Sonatrach et ses partenaires dans l’amont pétrolier. Par ailleurs, Entrepose est pré-qualifiée pour la réalisation d’une dizaine de projets pour le compte de la Sonatrach. L’implication de la compagnie française dans les provocations marocaines contre l’Algérie est difficilement compréhensible, et pourrait lui coûter cher. C’est aussi le cas de Schlumberger qui a signé avec l’opérateur du permis de Tindrara pour la réalisation d’une campagne de forages sur les frontières algériennes. Le groupe Schlumberger a d’énormes intérêts en Algérie et des contrats comptabilisés en termes de milliards de dollars annuellement, pour les prestations de services pétroliers, Schlumberger gère avec la Sonatrach une joint-venture, Mi-Algeria, spécialisée dans le forage des puits de pétrole. Cette même compagnie franco-américaine est associée avec l’ENTP (filiale de la Sonatrach) dans l’entreprise de forage Sahara Well Construction Services, rappelle le journal. «La coopération de Schlumberger avec les autorités marocaines pourrait être perçue par les opérateurs algériens comme un geste témoignant d’une extrême ingratitude», estime le journal. Nous reviendrons plus en détail sur cette grave provocation marocaine qui semble aussi répondre à la décision de la Cour européenne de Justice de dénoncer l’exploitation par le Maroc des richesses du Sahara occidental qu’il colonise.
M. B.