Accueil À LA UNE Maroc : les droits de l’Homme trucidés 

Maroc : les droits de l’Homme trucidés 

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Le royaume de Tazmamart qui continue d’être le bûcher où se consument les droits de l’Homme les plus élémentaires, compte des milliers de détenus d’opinions jetés dans des cachots par la volonté du roi, de sa cour et des pontes du Makhzen.

Les organisations mondiales de défense des droits de l’Homme consacrent de larges extraits de leurs tribunes et leurs rapports à la situation des droits humains au Maroc, qualifiée de préoccupante même par l’organisation Human Right Watch –HRW) ou encore par la Fédération internationale des droits de l’Homme. Les opposants politiques, les militants du RIF, les militants sahraouis ou encore les jeunes du mouvement Gen’Z, arrêtés au cours des dernières manifestations qu’ont connues plusieurs villes du royaume, qui croupissent en prison, sont la preuve que le Makhzen a installé, depuis sa prise du pouvoir au Maroc à la faveur de l’accession de la famille Alaouite sur le trône, un climat de terreur. Il y a quelques jours, des défenseurs marocains des droits de l’Homme ont alerté sur le cas de l’ancien ministre des droits de l’Homme, Mohamed Ziane, emprisonné au terme d’un procès inique, et qui vient d’entamer une grève de la faim dans sa cellule. Selon sa famille, cette action de protestation intervient pour dénoncer sa détention en dépit de l’expiration de sa peine vendredi dernier.

La famille de l’ancien bâtonnier et ancien ministre a précisé, dans un communiqué, qu’il se considère désormais en état de détention arbitraire, « et informe l’opinion publique, nationale et internationale, qu’il emploiera tous les moyens possibles pour mettre un terme à cette situation », ajoutant avoir informé la direction du pénitencier où il est détenu qu’il poursuivrait sa grève de la faim jusqu’à sa libération. Sa famille a fait part de sa profonde préoccupation, notamment en raison de son âge avancé (83 ans), et du fait qu’il souffre de plusieurs maladies. Des défenseurs marocains des droits humains ont affirmé que la détention de l’ancien bâtonnier après expiration de sa peine est une « forme de tyrannie » de la part du pouvoir, « car la détention d’une personne illégalement, même pour une journée supplémentaire, représente une atteinte aux fondements de la justice ». Pour eux, il s’agit d’un acte de « vengeance » de la part des autorités qui ont manifestement décidé de priver le détenu de son droit au cumul des deux peines auxquelles il a été condamné. De leur point de vue, l’annonce de la grève de la faim représente « une ultime alerte mettant en évidence l’ampleur de l’arbitraire que (le détenu) subit et un message clair révélant une affaire de règlement de comptes ». Ils ont tenu à signaler, en outre, que M. Ziane ne représentait pas un cas isolé au Maroc. De son côté, l’Instance marocaine de soutien aux prisonniers politiques a appelé à la tenue d’un sit-in de protestation, hier mercredi, devant le tribunal de Rabat pour soutenir Mohamed Ziane. Des organisations marocaines et internationales de défense de droits humains avaient dénoncé la condamnation de l’ancien ministre à trois ans de prison « après un procès non équitable » pour punir Mohamed Ziane d’avoir critiqué le Makhzen. Elles ont, par ailleurs, appelé à l’amélioration de la situation désastreuse des droits humains au Maroc, tout en exigeant la libération de l’ensemble des détenus politiques, des journalistes et des défenseurs des droits humains actuellement emprisonnés.

Il y a lieu de rappeler que le cas de Mohamed Ziane n’est pas le seul ayant fait l’objet d’un communiqué d’ONG internationales. Le 3 mars dernier, Human Rights Watch et Democracy for the Arab World Now (DAWN), avaient rapporté le cas du militant marocain des droits de l’Homme et bloggeur, Fouad Abdelmoumni, condamné par un tribunal de Casablanca à six mois de prison et à une amende pour un post publié sur Facebook.

Les ONG signataires du communiqué avaient appelé les autorités marocaines à mettre fin en urgence à leur répression grandissante contre les militants, les journalistes et les défenseurs des droits humains uniquement en raison de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression, et à annuler la condamnation de Fouad Abdelmoumni. Les militants sahraouis sont la cible d’une répression féroce et à ce jour Rabat continue de ruser pour éviter l’extension des missions de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. D’ailleurs, à ce jour, aucune ONG et aucun délégué d’institution internationale ou de la Minurso n’a pu se rendre dans les prisons marocaines où sont détenus des militants sahraouis. Le royaume de M6 qui monte sur ses grands chevaux pour annoncer qu’il est le parangon des droits de l’Homme oublie qu’il a certes fermé le pénitencier de Tazmamart mais continue d’user des pratiques qui ont fait la triste réputation de ce haut lieu de la répression.

Slimane B. 

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