Hier, c’était une longue journée pour le marché des Trois horloges, situé au centre ville de la commune de Bab El-Oued, l’un des quartiers les plus peuplés de la capitale, Alger. Ce marché appelé aussi les Trois-Horloges est l’un des plus importants et les plus connus dans l’Algérois. Durant ce mois de Ramadhan, il est convoité par des visiteurs venus des quatre horizons.
Pour y arriver, nul besoin d’accélérer la cadence, puisqu’à quelques centaines de mètres de l’entrée de ce quartier, les bouchons sont monnaie courante. Le climat de la journée était des plus torrides. À midi, le mercure affiche 31 degrés. La route qui y donne accès s’étend de la Casbah d’Alger et longe le versant littoral nord de la capitale, où une fois posé le regard sur le rivage tout au long de l’itinéraire, il est peu évident de se détacher si facilement. Le chemin semble se resserrer davantage que le flux des véhicules qui se dirige vers les lieux s’épaississe. Il a fallu une bonne demi-heure de route pour y arriver. Une fois sur les lieux, l’on aperçoive que la place des Trois-Horloges semble faire signe de bienvenue aux visiteurs. Le marché s’étend sur plusieurs allées morcelant ce quartier. Il occupe au moins quatre ruelles traversant cette ancienne agglomération datant de l’époque coloniale. D’ailleurs, c’est à partir des années 40 que les ressortissants français commencèrent à installer les premières boutiques et formèrent des étals de fortunes pour y exposer des marchandises. Au lendemain de l’indépendance, le marché est repris petit à petit par les citoyens algériens, pour en faire de cet espace un véritable fleuron dédié aux activités commerciales. En effet, on y trouve de toutes sortes, du marché de produits de large consommation en passant par l’habillement jusqu’à la quincaillerie. En ce mois de Ramadhan, les acheteurs se ruent surtout vers les produits alimentaires. Les fruits et légumes, ce n’est pas ce qui manque, il y’en a en abondance, à telle enseigne que les consommateurs font la navette autour des marchands pendant des heures, avant de s’arrêter devant l’un d’entre eux, celui offrant le meilleur rapport qualité-prix, pour s’acheter. Une partie de ce marché est tenue à l’intérieur d’un hangar construit sur deux niveaux.
On y trouve surtout des fruits et légumes, des boutiques de viandes rouges et blanches, du poisson et des produits de la droguerie, au grand dam des familles qui y trouvent tout si ce n’est la flambée des prix qui commence à se sentir au fur et à mesure que les jours du mois sacré se défilent. À l’extérieur, les étals de marchandises sont tenus à l’intérieur de petits chapiteaux collés les uns les autres, et installés tout au long des trottoirs des ruelles de ce quartier. Ce marché ouvre ses portes à 6 heures du matin et ferme vers minuit. «Les prix connaissent de plus en plus une hausse. Hier, j’ai acheté la tomate à 40 DA, aujourd’hui, son prix atteint 50 DA…j’imagine combien elle serait vendue à la fin de mois de Ramadhan», clame une femme à sa compagne. Cette dernière lui rétorque en disant que : «même chose pour le prix de la carotte, il a connu une augmentation de 15 DA», lui a-t-elle dit.
Les marchands ont les dents longues
En ce jour marquant le début de la semaine, le marché a enregistré une affluence importante. Si le rush est habituellement observé, il n’en demeure pas moins que les consommateurs semblent profiter des prix des produits alimentaires pour faire plein le couffin, avant qu’ils ne connaissent une hausse vertigineuse, si jamais le marché enregistre une baisse de l’offre.
Néanmoins, les acheteurs, à dominance femmes, ont tellement l’habitude de faire leurs courses dans ce marché qu’ils arrivent à maitriser un tant soit peu la loi du marché régit notamment par l’offre et la demande. Ainsi, donc, ils savent que tant que les quantités proposées à la vente sont suffisantes, il n’y a pas lieu de s’inquiéter sur les prix, qui reste à ce stade du marché, stables, donc abordables. C’est ce que nous explique d’ailleurs un père de famille l’ayant abordé devant un marchand de poisson lorsqu’il demande le prix d’un kilo de sardine bleue. «Comme vous le remarquez son prix est de 300 DA. On peut dire que c’est raisonnable et sa valeur marchande est plus au moins à la portée des bourses moyennes, donc, autant pour mois de profiter de l’acheter, car demain, il se peut que son prix flambe, sachant que les produits de la mer sont de plus en plus rares sur le marché», a expliqué Mohamed, la soixantaine passée, ancien marin et père de cinq enfants. Au niveau de ce stand dédié aux produits de la pêche marine, il y’a d’autres espèces de poissons, telles que la crevette, la morue, l’espadon…mais en quantités insuffisantes pour faire profiter aux familles des prix abordables. «La crevette est un luxe que seuls les patrons pourront s’offrir dans leurs plats…», s’ironise un jeune vendeur, la trentaine, qui propose à la vente, quant à lui, des feuilles à dioul (brick) maison, à raison de 60 DA l’unité.
De leurs côté, les vendeurs qui ont conscience des conséquences que pourraient avoir une flambée des prix sur les résultats de leurs ventes, font de plus en plus appel à de nouvelles techniques commerciales qui attisent les appétits des consommateurs, surtout durant ce mois des ventres creux. En effet, en se frayant chemin au milieu des étals, des senteurs font irruption à l’intérieur des narines ne pouvant laisser personne indifférente. D’ailleurs, une vieille femme n’a pas manqué de relever cet état de fait. «Ça sent tellement bon qu’il m’est impossible de ne pas traverser cette allée sans que je n’achète une salade d’olives. Elle est préparée avec du piment et autres ingrédients culinaires», s’est confiée cette dame.
Farid Guellil