Si auparavant les locaux réservés à l’usage du téléphone ou «taxiphone», comme on préfère les appeler chez nous, pullulaient et chacun y trouvait son compte, aujourd’hui, avec le succès que connaissent les téléphones portables, leur mode de paiement et leur recharge abordable, ces locaux ‘taxiphones’ sont boudés. A Adrar, ce qui frappe le visiteur ce sont cette multitude de buvettes ambulantes qui poussent tels des champignons. Avec des moyens de fortune, un brasero (majmer) une théière, quelques morceaux de cartons d’emballage et le tour est joué.C’est avec ça que je gagne ma vie, nous explique Kaddour, un jeune homme du haut de son 1,90cm ; mes courses, je les fais en fin d’après-midi et à partir de 17 heures je m’installe toujours au même endroit auquel mes clients s’y sont habitués. Ces vendeurs ambulants n’ont pas d’autres occupations et ceci représente leur unique source de revenus. Certains, ont préféré saisir les opportunités offertes par l’Ansej, Cnac, Anjem et avec l’accord de prêts octroyés ils se retrouvent à la tête d’une petite entreprise qui leur permet de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et d’embaucher d’autres personnes :Une aubaine !Après avoir contracté ce prêt Dieu merci, me confie Slimane, ma microentreprise marche bien et je n’ai pas à me plaindre, j’économise afin de rembourser progressivement mes dettes. Certains vendeurs de thé, mieux équipés, possèdent leur propre carriole fixée sur des roulements ou des pneumatiques, le plus souvent des pneus usagés. L’ essentiel est de bouger et ne pas avoir à trainer le matériel. Couvertures, nattes, sucre, thé, tout un tas d’objets hétéroclites que le vendeur étale à même le sol. Le travail commence tôt le matin .Les arrêts de bus, de taxis sont les plus prisés et chaque habitué des lieux (vendeur) a une place réservée, occupée depuis longtemps et personne n’osera le détrôner. D’autres par contre recherchent de petits coins ombragés et installent leurs ustensiles. Il faut reconnaitre à certains la qualité de la préparation du thé, un thé mousseux qui vous râpe la langue. Agrémenté de cacahuète, tant pis pour le régime !il est siroté à longueur de journée et permet d’étancher la soif. Le soir, la grande place d’Adrar qui se trouve juste en face du siège de l’APC est quasi monopolisée par ces petits vendeurs qui vous attirent et vous allèchent par tout un rituel. Nattes, couvertures étalées à même le sol font le bonheur des dégustateurs, toujours nombreux à chercher un coin et converser avec des amis. Vous allonger et vous détendre vous fait rêver et la nostalgie du bled, surtout pour ceux qui viennent de loin car la séparation d’êtres chers est parfois pénible, ressurgit et finit par s’estomper.
La préparation du thé obéit à certaines règles ; d’bord disposer de deux théières, la dextérité fera le reste. Faire une décoction dans la première, puis après le temps imparti selon l’œil averti du préparateur, transvaser le liquide dans la seconde, puis sucrer et servir ;la menthe sera ajoutée la deuxième fois. Pugnaces et immarcescibles, ils sont là été comme hiver, sans broncher, en adoptant une attitude éclectique qui fait d’eux des personnes impétueuses.
S. A. T.