Un Casque bleu chinois et trois civils travaillant pour l’ONU au Mali ont été tués dans une double attaque mardi soir à Gao, dans le nord de ce pays théâtre ces dernières semaines d’une recrudescence d’opérations meurtrières contre les forces maliennes et étrangères.
L’assaut a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a précisé qu’il a été exécuté par des membres de Al-Mourabitoune, groupe du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, a rapporté mercredi SITE, organisation américaine qui surveille les sites Internet islamistes. L’organisation jihadiste a promis de communiquer ultérieurement des détails sur l’opération. Une première attaque a visé mardi vers 20H45 (locales et GMT) le camp de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et a été suivie d’une autre contre les locaux d’un prestataire pour le Service des Nations unies de lutte contre les mines (UNMAS) dans un quartier distinct, a expliqué la Minusma. Le camp de la Minusma « a été la cible d’une attaque par mortiers ou roquettes » et « selon les rapports préliminaires, un Casque bleu été tué, trois casques bleus grièvement blessés », a-t-elle affirmé, sans préciser leurs nationalités.
Une source de sécurité malienne jointe à Gao a fait état à l’AFP de « quatre autres Casques bleus grièvement blessés ». A Pékin, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a indiqué à la presse qu’un Casque bleu chinois a été tué dans « une attaque terroriste » au Mali. Les trois civils tués sont « deux agents maliens privés de sécurité » qui gardaient les locaux de l’UNMAS « et un expert international », selon la Minusma.
En outre, « plus d’une dizaine des membres du personnel de la Minusma, dont des civils », ont aussi été « légèrement blessés » dans l’assaut contre le camp de la Minusma, d’après la même source, précisant que tous « ont reçu le traitement médical requis ». « Les dégâts matériels sont en cours d’évaluation et les informations préliminaires indiquent que des conteneurs de logement du personnel ont été détruits. La Minusma a déployé des hélicoptères d’attaques pour effectuer des surveillances aériennes et une force de réaction rapide » a patrouillé dans la ville mardi soir, indique le communiqué.
«Attaques vicieuses»
Le double attentat a été dénoncé par la Chine qui a réclamé une enquête pour en identifier les auteurs. « C’est un crime grave et scandaleux. (…) Nous appelons l’ONU et le Mali à ouvrir une enquête approfondie » sur ces évènements et à « traduire leurs auteurs en justice », a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a aussi condamné la double attaque. « Des vérifications sont en cours » sur leurs circonstances, et la France « se tient aux côtés des autorités maliennes comme de la Minusma » dans le cadre de « la lutte contre le terrorisme et en faveur de la stabilisation du Mali », a ajouté le ministère. La France a été le fer de lance d’une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 – et qui se poursuit actuellement – contre des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ayant contrôlé le nord du Mali pendant près de dix mois (entre mars-avril 2012 et janvier 2013). Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, s’est dit « révolté par ces attaques vicieuses, lâches et totalement inacceptables ». Le camp de la Minusma abrite « le personnel de la Mission, des civils en majorité, hommes et femmes », les locaux de la compagnie partenaire de l’UNMAS, des civils et à Gao, la Minusma et l’UNMAS « ont beaucoup investi en efforts en appui aux autorités locales et en soutien aux populations », a souligné M. Annadif, cité dans le communiqué. Ces évènements sont les derniers d’une série d’attaques contre les forces étrangères déployées au Mali depuis le lancement 2013. Le 29 mai, cinq Casques bleus ont péri dans la région de Mopti (centre), dans une embuscade à environ 30 km de Sévaré. Le 18 mai, une autre attaque avait fait cinq morts parmi des Casques bleus tchadiens au nord d’Aguelhoc (extrême nord-est). Un sixième soldat de la paix tchadien, blessé, est décédé quelques jours plus tard à l’hôpital. Cet assaut a été revendiqué par un cadre du groupe jihadiste malien Ansar Dine, allié à Al-Qaïda.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par l’intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.