Accueil ACTUALITÉ MALGRÉ L’EUPHORIE ONUSIENNE SUIVANT LA LARGE RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT DE PALESTINE :...

MALGRÉ L’EUPHORIE ONUSIENNE SUIVANT LA LARGE RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT DE PALESTINE : Ghaza saigne toujours

0
GAZA STRIP, GAZA - SEPTEMBER 24: (EDITOR'S NOTE: Image depicts death) Relatives of the Palestinians, including children, who died after Israeli airstrike targeted an area sheltering displaced people on Nuseirat Refugee Camp, near the Al-Ahli Club, mourn for them in central Gaza Strip on September 24, 2025. According to initial reports, 11 people were killed and 17 others were injured. The dead and wounded were taken to Al-Awda Hospital in Nuseirat. (Photo by Moiz Salhi/Anadolu via Getty Images)

La scène internationale respire le paradoxe. Alors que l’Assemblée générale des Nations unies multiplie les résolutions et que les capitales occidentales annoncent en cascade la reconnaissance d’un État palestinien, la réalité de Ghaza est celle d’un charnier à ciel ouvert.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 65 419 martyrs et 167 160 blessés depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 2 500 civils abattus alors qu’ils attendaient de l’aide humanitaire. Le génocide ne s’interrompt pas sous prétexte de diplomatie ; au contraire, il s’accélère. Le ministère de la Santé à Ghaza annonçait l’arrivée dans ses hôpitaux de 37 nouveaux martyrs en 24 heures, dont 4 exhumés des décombres, et 175 blessés. Mais ce bilan ne reflète qu’une partie du désastre : nombre de victimes demeurent prisonnières des ruines, inaccessibles aux équipes de secours en raison du blocus et des bombardements. Depuis le 18 mars 2025 seulement, 12 823 Palestiniens ont été tués et près de 55 000 blessés. En parallèle, les frappes israéliennes ciblent méthodiquement des familles entières, des entrepôts servant de refuge, des maisons, des hôpitaux déjà saturés, réduisant chaque jour davantage la capacité de survie de la population. À ce massacre quotidien s’ajoute une stratégie froide : affamer Ghaza. Dans les 24 dernières heures, 5 civils ont été tués et 20 blessés alors qu’ils tentaient simplement de récupérer de l’aide. Depuis le début de l’agression, 2 531 personnes ont trouvé la mort dans cette quête vitale, tandis que plus de 18 500 autres ont été blessées. Les Palestiniens sont ainsi réduits à mourir pour un sac de farine ou quelques boîtes de conserves. Cette politique n’est pas accidentelle : elle relève d’une stratégie de guerre qui transforme la faim en arme, visant à briser une population entière. La Défense civile de Ghaza parle d’une « entreprise de déplacement forcé et de famine organisée » qui constitue un crime de guerre au regard de la Convention de Genève.

Déplacements forcés et camps de misère
Les bombardements ne sont pas seulement meurtriers, ils sont calculateurs. En ciblant systématiquement les zones densément peuplées, l’occupation pousse des centaines de milliers de familles à l’exode vers le sud de l’enclave. Les déplacés s’entassent dans des campements de fortune, souvent sans abri ni nourriture, dormant à même le sol. Le manque d’eau potable et d’assainissement transforme ces espaces en foyers de maladies et de mort lente. La Défense civile tient l’occupant sioniste pour « responsable direct » de cette situation catastrophique et appelle la communauté internationale, arabe et islamique à une intervention urgente. Mais ces appels restent sans réponse. Hier encore, Ghaza a été le théâtre de nouvelles hécatombes. Le correspondant d’Al Mayadeen a recensé 60 martyrs depuis l’aube, dont 36 dans la ville de Ghaza même. Les bombardements sionistes ont visé un entrepôt municipal qui abritait des déplacés : 22 morts, dont 9 enfants et 6 femmes. Une maison dans le quartier de Sabra : 5 morts. Un domicile familial dans le camp de Nuseirat : 4 morts. Une maison dans le même camp, tuant une femme et blessant plusieurs autres. Une camionnette transportant des déplacés à Tal al-Hawa : plusieurs victimes. À Rafah, 8 civils ont été exécutés par balles alors qu’ils attendaient l’arrivée d’un convoi d’aide humanitaire. Ces massacres répétés prouvent une volonté claire : faire de la faim et de la peur des instruments de domination et d’anéantissement.

Le système de santé à l’agonie
Comme si cela ne suffisait pas, le système de santé de Ghaza s’effondre. Le ministère de la Santé a tiré la sonnette d’alarme : le carburant manque, menaçant d’arrêter les générateurs qui alimentent les hôpitaux. Sans eux, les soins intensifs, les incubateurs pour nourrissons et les blocs opératoires tomberont dans le silence, transformant des blessés sauvables en martyrs supplémentaires. « Le système de santé est en train d’agoniser », a résumé un médecin de l’hôpital Al-Shifa, décrivant des salles saturées, des pénuries de médicaments et des chirurgiens contraints d’opérer sans anesthésie.

La reconnaissance diplomatique : un écran de fumée ?
Au siège des Nations unies à New York, la scène semble appartenir à un autre monde. Onze pays en trois jours – dont la France, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie – ont reconnu officiellement l’État de Palestine, portant à 159 le nombre de pays qui soutiennent cette reconnaissance. Mais cette pluie de déclarations contraste violemment avec les réalités de Ghaza. Que vaut la reconnaissance d’un État quand ses habitants meurent chaque jour par dizaines, que ses enfants meurent de faim et que ses hôpitaux s’éteignent ? Beaucoup de Palestiniens dénoncent un « rideau de fumée diplomatique » destiné à calmer les consciences sans rien changer à la réalité de terrain. La Commission d’enquête internationale indépendante des Nations unies a pourtant tranché : Israël commet bien un génocide à Ghaza. L’instance a nommément cité le président israélien Isaac Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour incitation et mise en œuvre. Mais là encore, ce constat n’a pas entraîné de sanctions contraignantes ni de suspension des relations internationales avec l’État criminel. Résolutions et rapports s’empilent, pendant que les cadavres s’alignent.

Entre hypocrisie internationale et faillite morale
La contradiction est abyssale : l’ONU proclame l’existence d’un État palestinien, mais laisse détruire méthodiquement Ghaza, le cœur même de ce futur État. Les chancelleries occidentales se félicitent de leur « courage diplomatique », tout en continuant d’armer l’occupant ou en conditionnant leur reconnaissance à des calculs géopolitiques. À Ghaza, ces discours apparaissent comme une insulte. Un État proclamé sur des ruines et des charniers ne sera jamais une victoire, mais le témoignage de l’échec moral du système international. Le bilan humain – 65 419 martyrs et plus de 167 000 blessés – n’est pas seulement une statistique. Il est le miroir d’une faillite collective : celle des Nations unies, incapables d’imposer leurs propres résolutions ; celle des puissances occidentales, promptes à défendre le droit international en Ukraine mais muettes face à Ghaza ; celle enfin d’un système mondial qui se prétend garant de la paix mais ferme les yeux devant l’extermination d’un peuple.

La cruelle vérité : le génocide continue
Au-delà des déclarations, au-delà des votes, la vérité nue s’impose : le génocide continue. Les familles continuent de creuser à mains nues sous les gravats, les ambulanciers continuent de ramasser des corps mutilés, les enfants continuent de mourir de faim. Et chaque nouvelle reconnaissance, chaque nouvelle résolution adoptée sans mesures contraignantes résonne comme une gifle de cynisme pour une population abandonnée. Ghaza écrit en lettres de sang l’histoire contemporaine de l’hypocrisie mondiale. Si la reconnaissance diplomatique devait être un pas vers la liberté, elle ne peut masquer la réalité d’un génocide en cours. La véritable urgence n’est pas de proclamer un État sur le papier, mais de sauver un peuple en train de disparaître. Sans cela, chaque nouveau discours à l’ONU ne sera qu’une pierre ajoutée sur la tombe des martyrs de Ghaza.
M. Seghilani

Article précédentLES AMÉRICAINS TRANCHENT : « Pas de Nobel de la paix pour Donald Trump »
Article suivantFestival international du Malouf à Constantine : Fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée