Malek Bennabi est un penseur algérien, né en 1905 dans l’intra-muros de la vieille ville de Constantine. Il a étudié les problèmes de civilisation en général et ceux du monde musulman en particulier. Il était fortement imprégné de la culture arabo-musulmane et occidentale.
On lui doit un concept sur la «colonisabilité» concept concernant les sociétés en décadence, c’est-à-dire celles qui ont perdu leur dynamique sociale et sont ainsi en état de faiblesse structurelle qui agit comme un appel à la colonisation étrangère, terme qu’il utilisera dans son livre Les conditions de la renaissance. Malek Bennabi a fait sa première entrée à l’école coranique de Tébessa où vivaient ses parents. Ces études, il devait les payer alors que ses parents éprouvaient alors des difficultés à trouver l’argent nécessaire à la scolarisation de leur enfant. Ainsi et après quatre années passées au sein de ladite école, Malek a rejoint l’école française. Ses brillants résultats lui font décrocher une bourse pour poursuivre ses études à Constantine où il résida chez son oncle qui lui dispensa quelques cours de musique. C’est ainsi qu’il a eu le privilège d’être formé par un homme auprès duquel il apprit beaucoup, le cheikh Abdelmadjid. Il étudia de ce fait la langue arabe à la Grande Mosquée. De retour à Tébessa où il fréquentait un club mis sous la direction de cheikh Larbi Tébessi. Il a travaillé comme agent de bureau au Tribunal de la ville avant d’être muté à Aflou où il prit connaissance, pour la première fois, du journal Chihab dirigé par Abdelhamid Ben Badis qu’il connaîtra d’ailleurs pour la première fois en 1928 à Constantine. Ainsi, et sur la demande de celui-ci, Malek est affecté à Chelghoum Laïd d’où il démissionna quelque temps après de son poste après ses démêlés avec le secrétaire greffier du tribunal. C’est ainsi qu’en 1929, son père lui proposa de se rendre en France pour poursuivre ses études, qu’il rejoint en septembre 1930 et opta pour l’Institut des Langues Orientales. Sa présence à Paris lui permit d’entrer en contact avec l’Association des Jeunes Chrétiens de Paris. Il n’a pu accéder à l’Institut des Langues Orientales car, l’accès pour un musulman algérien ne dépend pas de critères scientifiques, mais des normes politiques en place[réf. nécessaire]. C’est pourquoi il opta pour les études en électricité. En 1931, Malek Bennabi épousera une Française qui embrassa l’Islam et prit alors le prénom de Khedidja. En 1932, il anima une conférence organisée par l’Association des Jeunes Chrétiens de Paris après avoir été remarqué lors d’une autre conférence donnée fin 1931 aux étudiants nord-africains de Paris. En 1936, accompagné de quelques amis, il rencontra la délégation algérienne qui s’était rendue à Paris pour revendiquer, auprès des autorités françaises, les réformes proposées par le Congrès musulman. La délégation comprenait notamment cheikh Abdelhamid Ben Badis et cheikh Bachir El‑Ibrahimi. En 1938-39, Bennabi fonda, à Marseille, une école pour les analphabètes adultes parmi les travailleurs algériens en France. Devant le succès de son entreprise, les autorités françaises le convoquèrent et lui interdirent de continuer à enseigner dans cet établissement sous le prétexte qu’il n’avait pas de diplôme d’enseignant. Dans Dreux occupée, il fut convoqué par les Allemands. Il seconde le responsable technique municipal de la ville. Il est licencié quelques mois plus tard. Au chômage, il choisit d’aller travailler en Allemagne au début de l’été 1942. En 1944, le vent tourne en faveur des Alliés et Bennabi décide de rentrer en France. À Dreux où il retrouve sa femme, il se met au service de l’administration de Vichy. Pas pour longtemps, car il doit faire cette fois avec l’armée américaine qui occupe la ville. Accusés de collaboration avec l’occupant allemand, Bennabi et son épouse sont arrêtés en août 1944 et internés au camp de Pithiviers. Ils seront libérés au printemps 1945. Le couple est arrêté pour la deuxième fois et incarcéré à la prison de Chartres en octobre 1945. L’accusation de collaboration avec l’ennemi nazi est de nouveau retenue contre Bennabi. Ce dernier est remis en liberté au printemps 1946. Le technicien eurélien aura passé en tout 15 mois dans les geôles de la France libre pour avoir collaboré 2,3. Dans ses Mémoires publiés en 2006 à Alger, Bennabi relate en détail cette partie de sa vie. Depuis la fin de ses études d’ingénieur en 1935, Bennabi est implicitement interdit de travail dans sa branche par l’Administration coloniale[réf. nécessaire] et vit de petits boulots et de l’aide de son père. En 1940 dans Dreux occupée par l’armée allemande, il est réquisitionné par les autorités d’occupation dans une ville qu’avait fuie ses édiles. Ces derniers sont revenus quelques jours après et se mettre au service de l’occupant. Parmi eux le maire de Dreux, Maurice Viollette, ancien gouverneur général d’Algérie qui connaissant Bennabi le salua en lui disant : « Monsieur Bennabi cette fois nous sommes du même côté de la barrière. » Bennabi lui rétorqua que lui a été réquisitionné. Maurice Viollette ainsi que les notables de la ville compromis dans la collaboration se vengèrent à la Libération pour faire taire un homme qui pouvait témoigner de leurs coupables agissements. Il fut effectivement arrêté deux fois et à chaque fois Bennabi bénéficia d’un non-lieu par la justice. La deuxième arrestation eut lieu dans l’attente du retour des travailleurs français d’Allemagne. Le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 allait isoler la France de l’Algérie et tarir l’aide que Bennabi recevait de son père.
Acculé à la misère et sollicité par l’épouse d’un soldat français prisonnier en Allemagne et qu’il connaissait avant la guerre, pour aller travailler en Allemagne contre la libération de ce dernier. En effet, les autorités allemandes avaient proposé de relâcher un prisonnier pour tout travailleur français qui irait en Allemagne. Bennabi fut élu par les travailleurs français comme chef de camp de la région où ils travaillaient. À leur retour, aucun d’eux n’accepta de dire la moindre critique sur Bennabi. Ainsi Bennabi fut définitivement libéré. Il est à noter que Bennabi revint d’Allemagne fin 1943 et n’eut de contact avec aucune autorité ou administration. En 1947, Malek Bennabi publia à Alger Le Phénomène coranique, qu’il voulait une preuve scientifique du caractère divin du Coran et une réfutation des thèses l’attribuant à une œuvre humaine. Il publia également un roman Lebeik (1948), et des études comme Les conditions de la renaissance (1949), Vocation de l’Islam (1954), et L’afro‑asiatisme, à l’occasion de la conférence de Bandoeng. À signaler que, hormis le roman sus-cité, Malek Bennabi avait publié ses œuvres sous le titre Problèmes de la civilisation car il considérait que les différents problèmes du monde musulman renvoyaient à ce contexte. En 1956, il se rendit au Caire, coupant totalement avec la France qu’il ne reverra qu’en 1971. Le seul lien qui le liait à elle était la correspondance qu’il entretenait avec son épouse française qui avait refusé de l’accompagner au Caire. Malek Bennabi perfectionne, durant son séjour au Caire, la langue arabe dans laquelle il commença à écrire et à donner des conférences. Il visita, à plusieurs reprises, la Syrie et le Liban pour y donner des conférences.
Il était en outre, au Caire, un des conseillers à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) traitement qui lui permit de se consacrer au travail intellectuel et d’envoyer quelques subsides à son épouse en France. Après avoir contacté plusieurs amis et étudiants, il procéda à la traduction de ses œuvres vers l’arabe, langue qu’il adopta par la suite comme langue de travail. En 1963, Malek Bennabi retourne en Algérie où il fut nommé Directeur de l’Enseignement Supérieur. Il démissionne en 1967 pour se consacrer au travail intellectuel, à la réforme et à l’organisation de rencontres intellectuelles qui devinrent plus tard Séminaires de la Pensée Islamique que l’Algérie organise chaque année. Il vécut le restant de ses jours en Algérie où il mourut le 31 octobre 1973. Il fut inhumé au cimetière Sidi M’hamed à Alger.