Le président Barack Obama a violemment attaqué mardi Donald Trump, lui conseillant d’»arrêter de pleurnicher» et de discréditer l’élection présidentielle du 8 novembre, que le républicain, à la traîne dans les sondages, accuse déjà d’être truquée.
«Je n’ai jamais vu de ma vie, ou dans l’histoire politique moderne, un candidat à la présidentielle chercher à discréditer les élections et le processus électoral avant que le vote n’ait lieu. C’est sans précédent et ce n’est basé sur aucun fait», a déclaré le président américain, jugeant cette attitude «irresponsable».
«Vous commencez à pleurnicher alors que la partie n’est même pas terminée?» a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Washington avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Ces critiques sans détour sont intervenues à la veille du dernier débat télévisé entre Donald Trump et Hillary Clinton qui opposera les deux candidats à la Maison Blanche pendant 90 minutes à l’université du Nevada à partir de 18H00 locales (01H00 GMT jeudi). «Si quand les choses tournent mal pour vous et que vous commencez à perdre, vous en rejetez le blâme sur autrui, alors vous n’avez pas ce qu’il faut pour faire ce boulot», a poursuivi le président Obama.
«Je conseillerais à M. Trump d’arrêter de pleurnicher et d’essayer de défendre ses opinions pour obtenir des suffrages», a-t-il ajouté. Mais Donald Trump, en meeting dans le Colorado, est resté sourd à ces remarques, assurant que «des morts votent» déjà, avec le scrutin anticipé. Le milliardaire républicain se présente au débat de mercredi à la traîne dans les sondages, affaibli par les récentes accusations d’une dizaine de femmes lui reprochant attouchements et baisers forcés, parfois il y a très longtemps. Des mensonges fabriqués selon Trump.
Clinton impatiente avant le débat
Au programme du débat, si le modérateur en garde le contrôle: dette publique et programme sociaux, immigration, économie, Cour suprême, «points chauds» dans le monde, et capacité de deux candidats à être président. Comme à son habitude, Mme Clinton s’est minutieusement préparée. Elle n’avait aucun événement public lundi et mardi. Elle s’est envolée mardi pour Las Vegas. «Elle attend ce débat final avec impatience», a confié sa directrice de la communication Jennifer Palmieri aux journalistes dans l’avion. M. Trump «pensait que sa stratégie de la terre brûlée ferait baisser nos votes, mais si elle a eu un résultat, c’est d’aider à motiver nos électeurs», a-t-elle ajouté. Donald Trump a lui aussi consacré un peu de temps à la préparation du débat mardi matin, selon son entourage, avant deux meetings dans l’après-midi. A Colorado Springs, il a poursuivi ses féroces critiques contre Mme Clinton, «la personne la plus corrompue à s’être jamais présentée à la présidence». «Enfermez-la», scandait la foule, slogan habituel à ses meetings.
Donald Trump a de nouveau dénoncé une élection «truquée», s’en est aussi pris à la presse «totalement malhonnête» sans laquelle Hillary Clinton «ne serait rien», et affirmé qu’il n’avait plus confiance dans les sondages qui prédisent la victoire de son adversaire dans trois semaines. «L’histoire nous observe, attendant de voir si nous serons à la hauteur de l’événement (…). Nous le serons», a-t-il lancé. «Ce sera un nouveau Brexit», a-t-il promis, en référence au résultat surprise du référendum pour le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, en juin dernier. Cette fin de campagne a aussi son lot de révélations gênantes pour Mme Clinton. Des milliers d’emails du président de sa campagne John Podesta ont été piratés par Wikileaks et sont publiés quasi chaque jour. Ils montrent les calculs de sa campagne, son extrême contrôle, ses liens avec Wall Street à travers ses discours payés dont certains ont été publiés. La moyenne des derniers sondages la donne désormais à 45,9% des intentions de vote au niveau national, contre 39% pour Trump. Elle est aussi en tête dans la plupart des Etats-clés où se jouera l’élection, sauf dans l’Ohio, la Géorgie, l’Iowa et l’Arizona. Dans ce dernier Etat, qui a voté républicain aux quatre dernières élections présidentielles, l’écart s’est cependant nettement réduit et les démocrates y enverront jeudi une arme de choc, la très populaire et dynamique Michelle Obama.