De son vrai nom Safar Bati Mohamed El Mahboub, le célèbre parolier et compositeur est né le 17 novembre 1919 à Médéa. Dès l’âge de 16 ans, il s’inscrit dans un cours de Solfège au conservatoire de Médéa, qu’il quittera après un séjour de deux semaines. Il se présente à la vie en autodidacte insatiable qui veut tout voir et tout apprendre, comme pour défier la scolarité classique qu’il n’a pas eu l’occasion de recevoir et son immense passion pour l’art musical qui ne demandait qu’à être exploité. Auteur-Compositeur prolifique, Mahboub Bati, dont les œuvres se comptent, déjà, par centaines, embrasse également tous les genres musicaux que notre pays connaît. Son registre de connaissances mélodiques était, en effet, très large, au point où il voguait, très adroitement, d’un genre à un autre, démontrant ainsi ses grandes capacités d’assimilation des richesses que recèle notre pays dans ce domaine. Mahboub Bati avait, la mort dans l’âme, quitté le monde musical en 1986, après avoir effectué le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. Il n’a pas quitté le monde musical de gaieté de cœur, car son expérience a été battue en brèche par les conservateurs, qui lui reprochaient d’avoir dénaturé la chanson chaâbi traditionnelle. Mais c’est tout son génie qui va triompher, une dizaine d’années plus tard, lorsque toute une génération de jeunes talents reprend ses airs et en fait des succès retentissants. L’histoire écrira, sans aucun doute, son nom en lettres d’or sur le fronton de la musique algérienne. L’oeuvre impressionnante qu’il nous lègue saura faire parler de lui pour la postérité. Après quelques mois passés dans une école coranique, Mahboub Bati a dû très tôt commencer à travailler comme apprenti-coiffeur. Son amour pour la musique l’a orienté vers un musicien juif de Médéa pour apprendre le solfège. La cornemuse est le 1er instrument que Bati a appris à jouer. Son incroyable capacité d’auto-apprentissage l’a emmené à intégrer en 1937 la toute fraîche troupe théâtrale de Mahieddine Bachtarzi. Il a aussi appris beaucoup auprès des maîtres du chaâbi et de l’andalou tels que: El Hadj M’hamed El Anka, Hadj M’rizek, Khelifa Belkacem, Mohamed et Abderrazak Fekhardji. À la fin des années 1940, il jouait de la clarinette dans l’orchestre moderne de la station d’Alger. Dans les années 1970, ce musicien se trouva au centre d’une polémique sur le chaâbi. Les conservateurs et à leur tête El Anka lui ont reproché d’être à l’origine de nouvelles chansons au lieu et place des textes poétiques du melhoun. Malgré cela l’empire Bati s’agrandit à une centaine de chansons. Auteur-compositeur de talent, il a réussi à algérianiser le chaâbi qui se pratiquait à l’époque à Alger en mettant sur le devant de la scène toute une génération de chanteurs chaâbi, Ses succès continuent d’être fredonnés par beaucoup d’Algériens mais malheureusement, rares sont ceux qui savent que ces chansons ont été écrites et composées par Mahboub Bati.Il a fait connaître à travers le territoire national des chanteurs comme El Hachemi Guerouabi avec la chanson (El Bareh), Boudjemaa El Ankiss (Rah el ghali), Amar Ezahi (Mali hadja), Amar el Achab (Nesthel el kiyya), Abdelkader Chaou (Djah rabbi ya jirani) et pleins d’autres. Sans lui l’auditoire de ces chanteurs n’aurait jamais dépassé le cercle restreint des fêtes familiales algéroises. Mahboub Bati a eu le grand mérite de remettre le chaâbi au goût du jour en lui donnant sa véritable dimension populaire. C’est vers la fin des années quarante, qu’il intègre, à Alger, une orchestration professionnelle, dirigée par Mustapha Skandrani, dans la musique moderne au moment de la création des cinq ensembles musicaux institués au sein de la Station de Radio Alger de l’ORTF. Mahboub Bati jouait, en virtuose, de la clarinette en même temps qu’il choisit de faire partie de l’orchestre traditionnel, dirigé par Cheikh Khelifa Belkacem, au sein duquel il jouait soit des percussions, soit du luth. Musicien exceptionnel, sérieux, ponctuel mais surtout génial, Mahboub Bati savait trouver la note qui faisait la différence avec la tradition tout en la sauvegardant, tout en lui demeurant fidèle. Il apprend à jouer de tous les instruments traditionnels, ceci lui facilite l’accès au sein de tous les orchestres qui dominaient la scène artistique algéroise du début des années 1950.Mais ce n’est qu’après l’indépendance qu’il se découvre cette vocation de compositeur et de parolier, tardive certes, mais combien sûre, créative, enrichissante et géniale qui a fait d’un genre en pleine léthargie, le genre le plus prisé par la population: le chaâbi. Mahboub Bati avait la main heureuse car, toutes les mélodies qu’il appliquait aux paroles, qu’il écrivait également, faisaient succès. Sa première tentative a été réalisée avec Abderrahmane Aziz qui lui interprète «Ya nedjma», filmée également pour la Télévision en 1960. Il capitalise, jusque là, une longue expérience qui lui permet de maîtriser tous les genres musicaux usités dans notre pays en particulier le Chaâbi qui constitue son terrain de prédilection. Les années soixante dix seront les années où MahboubBati était au sommet de la gloire avec les succès suivants: «El barah» avec Guerouabi; «Rah el-ghali rah» avec Boudjemaâ El Ankis; «Sali trach qelbi» avec Amar Ezahi; «Nesthel el-kia» avec Amar El Achab et plus tard «Djah rebi ya djirani» avec Chaou Abdelkader, «Ma tehelflich» avec Saloua, ainsi qu’un nombre incalculable. Il quitte la scène artistique en 1986 après avoir fait le pèlerinage à Mecque. Il a été inhumé le mardi 22 février 2000 au cimetière Garidi de Kouba à Alger, il était âgé de 81 ans.