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L’OPÉRATION DE LIBÉRATION A ÉTÉ SOUS HAUTE TENSION : 2000 Palestiniens retrouvent la liberté

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Dans un moment de joie mêlée à la douleur, plus de deux mille prisonniers palestiniens ont retrouvé la liberté ce lundi, dans le cadre de la première phase de l’accord d’échange entre la résistance palestinienne et l’occupation israélienne, conclu sous médiation internationale après deux années d’une guerre dévastatrice contre Ghaza.
Les premières images venues de Khan Younès et de Ramallah montrent des foules immenses brandissant les drapeaux palestiniens, ainsi que ceux de la résistance. Entre larmes, chants et embrassades, des familles ont enfin pu accueillir leurs proches, longtemps détenus dans les prisons israéliennes. Pourtant, cette joie s’est heurtée à la brutalité habituelle de l’occupation, qui a tenté d’empêcher toute célébration, notamment à El Qods et en Cisjordanie occupée. Le Bureau des médias des prisonniers palestiniens a annoncé le départ de la première des 38 bus transportant les prisonniers libérés de Ghaza vers le sud du territoire, tandis que d’autres convois sont arrivés à Ramallah. Selon les données officielles, 1 966 prisonniers étaient rassemblés dès l’aube dans des bus israéliens à l’intérieur des prisons, en attente de leur transfert. Parmi eux, 250 détenus condamnés à la perpétuité ont été libérés vers la Cisjordanie, El Qods et l’étranger, tandis que 154 autres ont été exilés de force, une pratique largement dénoncée par les organisations de défense des droits humains. Le bureau médiatique gouvernemental de Ghaza a indiqué que plus de 7 000 fonctionnaires participent aux préparatifs pour accueillir les anciens prisonniers dans des conditions dignes. Des ministères de la Santé, des Affaires sociales et des médias ont été mobilisés afin d’assurer soins médicaux, hébergement et accompagnement psychologique. « C’est un devoir national et moral d’accueillir nos héros », a déclaré le bureau, soulignant que ces libérations symbolisent la ténacité d’un peuple resté debout malgré la guerre et le blocus.

Répression à El-Qods et en Cisjordanie occupée
À El Qods et Ramallah, les autorités d’occupation ont mené une campagne de répression visant à empêcher toute manifestation de joie. L’avocat Sarraj Abou Arafa, du Centre d’informations de Wadi Hilweh, a révélé que les services de renseignement israéliens ont convoqué les familles des prisonniers pour leur faire signer des conditions restrictives, leur interdisant tout rassemblement ou célébration publique. Un jeune palestinien a été blessé par balle près de la prison d’Ofer, à l’ouest de Ramallah, alors qu’il attendait la libération de ses proches. Des unités spéciales ont tiré des grenades lacrymogènes et des balles réelles pour disperser la foule, selon plusieurs témoins. Malgré ces violences, des milliers de personnes se sont massées devant le Palais culturel de Ramallah, transformé pour l’occasion en centre d’accueil collectif. Dans un communiqué, la résistance palestinienne a salué la libération des prisonniers comme une victoire imposée à l’occupation après deux ans de guerre d’extermination à Ghaza. « Netanyahou et son armée ont échoué à libérer leurs détenus par la force. Ils ont dû, en fin de compte, céder aux conditions de la résistance », a déclaré un responsable politique. L’accord prévoit la libération progressive des prisonniers israéliens en échange de détenus palestiniens, ainsi que la fin des opérations militaires et l’entrée de l’aide humanitaire dans Ghaza.

Témoignages d’anciens prisonniers
Les témoignages recueillis auprès des prisonniers libérés dressent un tableau effrayant de la vie dans les geôles sionistes. Abdel Rahmane Rachdan, libéré après vingt années d’incarcération, a affirmé : « Ce que nous avons vécu dans les prisons d’Israël relève du fascisme. La torture, la faim et la privation de soins sont notre quotidien. Beaucoup ont été brisés physiquement et psychologiquement. » Sami Fteila, détenu depuis 2003 et condamné à perpétuité, a raconté avoir été menacé d’un retour en détention administrative « à la moindre parole prononcée ». Quant à Sameh Halabiya, originaire d’Abou Dis, il a révélé avoir perdu 40 kilos à cause de la famine imposée dans les prisons depuis le début de la guerre contre Ghaza. Ces récits rejoignent ceux de nombreux anciens détenus qui décrivent les mêmes méthodes de maltraitance : passages à tabac, privation de nourriture, enfermement prolongé sans soins ni hygiène. Plusieurs d’entre eux ont été immédiatement hospitalisés à leur arrivée, notamment à l’hôpital Nasser de Khan Younès.

Entre joie et plaie ouverte
À Ramallah, les familles ont raconté des décennies de séparation et de souffrance. Bassem Zreir, fils du prisonnier libéré Hani Zreir, a attendu vingt-trois ans pour revoir son père : « J’avais trois ans quand il a été arrêté. Ma mère a tout porté seule. Aujourd’hui, nous retrouvons enfin notre pilier. » Plus loin, Nidaa Dar Ahmed a attendu des heures devant le Palais culturel de Ramallah pour retrouver son frère, blessé par vingt-cinq balles lors de son arrestation. Elle a déclaré : « C’est une joie teintée de douleur. Nous fêtons sa liberté, mais nos cœurs restent avec ceux qui croupissent encore derrière les barreaux. »
Pour Leila Ghannam, gouverneure de Ramallah et Al-Bireh, l’événement dépasse la simple libération de prisonniers : « C’est une déclaration au monde entier. Le peuple palestinien mérite la liberté et une paix juste, pas celle imposée par les puissances qui ferment les yeux sur les crimes de guerre. » Selon les organisations de défense des prisonniers, plus de 11 000 Palestiniens demeurent encore derrière les barreaux, dont 350 condamnés à perpétuité, 53 femmes et environ 400 enfants. Les ONG dénoncent des conditions de détention inhumaines : tortures, privations, famine organisée, et absence de soins médicaux, qui ont causé la mort de plusieurs détenus ces derniers mois. À Khan Younès, les familles des anciens prisonniers se sont rassemblées autour des bus d’arrivée, entre youyous et pleurs.
« C’est un moment historique », a lancé un vieil homme en serrant dans ses bras son fils libéré après 18 ans d’incarcération. Malgré la guerre, malgré la destruction, malgré la douleur, le peuple palestinien continue de prouver qu’il est plus fort que les murs et les menottes. La liberté de ces 2000 prisonniers n’efface pas les cicatrices de l’enfermement, mais elle ravive une certitude : tant qu’il y aura un Palestinien debout, la prison ne sera jamais la fin du combat.
M. Seghilani

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