Alors que la guerre menée par Israël contre la bande de Ghaza entre dans son vingt quatrième mois, la communauté internationale intensifie ses critiques face à la poursuite des bombardements et à l’aggravation de la catastrophe humanitaire.
L’Organisation des Nations unies a qualifié de « mascarade » la soi-disant «zone de sécurité » instaurée par l’occupation dans le sud de l’enclave, affirmant qu’aucun endroit n’y est réellement sûr pour les Palestiniens. Depuis Genève, James Elder, porte-parole de l’UNICEF, a dénoncé, devant la presse, ,l’absurdité de cette notion. « Les bombes tombent de manière prévisible, semant la terreur. Les écoles désignées comme refuges sont réduites en ruines, les tentes de fortune sont incendiées par les frappes aériennes », a-t-il déclaré, décrivant un quotidien marqué par la peur et la destruction. Selon lui, la situation humanitaire atteint un niveau dramatique, notamment pour les femmes qui viennent d’accoucher et leurs nouveau-nés. « Jamais la condition des mères et des nourrissons n’a été aussi catastrophique », a-t-il insisté, évoquant des couloirs de l’hôpital Nasser bondés de patientes et de déplacés. Un constat partagé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a averti que le système sanitaire du territoire est au bord de l’effondrement. Seuls 14 hôpitaux sur 36 continuent de fonctionner, et cela partiellement. Rick Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens occupés, a témoigné n’avoir jamais vu l’hôpital Nasser dans un tel état de saturation. « Dans chaque couloir, des matelas à même le sol et des patients entassés. Les arrivées massives viennent du nord, épicentre de l’offensive militaire », a-t-il expliqué. Selon Elder, des scènes choquantes se répètent : mères et nourrissons contraints de s’allonger au sol, enfants prématurés partageant la même source d’oxygène faute d’équipement.
Des bombardements quotidiens meurtriers
Les frappes israéliennes se sont encore intensifiées ces derniers jours. Vendredi, 15 Palestiniens supplémentaires ont trouvé la mort, dont 11 dans la ville de Ghaza. Les bombardements ont visé le camp de Nusseïrat, le quartier de Sabra, Khan Younès, ainsi qu’une école dans le quartier de Zeïtoun. Selon le ministère de la Santé à Ghaza, le bilan humain dépasse désormais les 66 000 morts depuis le déclenchement de la guerre, la majorité étant des enfants et des femmes. Dans un geste symbolique mais lourd de signification politique, plusieurs dizaines de colons israéliens d’extrême droite ont installé un campement à moins d’un kilomètre de la frontière nord de Ghaza.
Selon le Times of Israel, onze familles issues du mouvement dit des « Pionniers de Ghaza » ont dressé des cabanes traditionnelles utilisées durant la fête juive de Souccot. L’initiative, soutenue par la députée d’extrême droite Limor Son Har-Melech, réclame la réimplantation de colonies dans la bande de Ghaza, sur les ruines de l’ancienne colonie de Nissanit évacuée en 2005. Pour ces groupes, l’évacuation décidée il y a vingt ans fut une «erreur historique » à corriger. « C’est une opportunité historique de corriger l’erreur de 2005 », a lancé Son Har-Melech, appelant à ignorer « les diktats américains ». Le dirigeant du mouvement Nahala, Tzvi Elimelech Sharbaf, a, lui aussi, affirmé que « la seule solution est de rétablir la colonisation dans tout Ghaza », rejetant le plan présenté par Washington.
Islamabad rejette la «feuille de route Trump»
Sur le plan diplomatique, le Pakistan a vivement rejeté le plan de Donald Trump, présenté cette semaine sous forme d’une feuille de route en 20 points pour parvenir à un cessez-le-feu. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Ishaq Dar, a dénoncé, devant le Parlement, un texte qui « ne reflète pas les demandes des pays musulmans ». Selon lui, des modifications substantielles ont été introduites sans concertation, vidant l’initiative de sa légitimité.
«Ces vingt points ne sont pas les nôtres, ils ne reflètent pas nos priorités », a-t-il déclaré. Islamabad exige que toute proposition de règlement mette en avant des conditions non négociables : un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des massacres, l’accès humanitaire sans entraves et la fin des déplacements forcés. « Ce document n’est pas un consensus islamique, mais une déclaration unilatérale des États-Unis », a insisté Dar.
La semaine précédente, le Premier ministre Shehbaz Sharif avait accueilli avec prudence l’idée d’une médiation américaine, tout en soulignant que seule une paix durable et fondée sur le respect des droits du peuple palestinien pourrait ramener stabilité et prospérité dans la région.
M. Seghilani