Au 728eme jour de la guerre d’extermination menée contre la bande de Ghaza, l’occupation sioniste a, de nouveau, franchi un seuil de violence. Les bombardements aériens, tirs d’artillerie et attaques de drones se sont intensifiés ce vendredi, visant des quartiers densément peuplés dans la ville de Ghaza, Khan Younès, Deïr al-Balah et les camps de réfugiés du centre. Des dizaines de civils ont péri, aggravant une situation humanitaire déjà apocalyptique. Selon le ministère de la Santé de Ghaza, 63 Palestiniens ont été tués et 227 blessés au cours des dernières 24 heures, dont des enfants et des femmes. Le bilan total depuis le 7 octobre 2023 s’élève désormais à 66 288 morts et 169 165 blessés. Parmi eux, 2 597 Palestiniens sont tombés sous les balles et les bombes alors qu’ils tentaient simplement de récupérer de la nourriture, dans ce qui est désormais qualifié, par les ONG, comme une « politique délibérée de famine ». Dans le nord-ouest de Ghaza, les forces israéliennes ont fait exploser cinq véhicules blindés piégés, chargés de plusieurs tonnes d’explosifs, provoquant un champ de ruines dans les quartiers de la rue Al-Nasr et de la rue Al-Jalaa. Des frappes ont, par ailleurs, ravagé le quartier de Sabra, détruisant des habitations entières et tuant neuf personnes, dont trois enfants. À Khan Younès, au sud, des bombardements massifs ont visé les prétendues « zones sûres », notamment le port et la zone d’Al-Buraq, où se réfugiaient des centaines de déplacés. Quinze Palestiniens ont été tués en tentant de récupérer de la nourriture dans la zone d’Al-Tina. À Deïr al-Balah, deux vendeurs de légumes ont été tués sur un marché du camp de Nusseïrat, tandis qu’un raid sur la zone côtière de Mawassi a pulvérisé une voiture, tuant ses trois occupants. Les équipes de secours, elles-mêmes bombardées, ont extrait deux corps des décombres de l’école Al-Falah, détruite cinq jours plus tôt dans le quartier de Zeitoun.
« La plus grande fosse commune du journalisme moderne »
La guerre ne frappe pas uniquement les civils. Les journalistes paient un prix sans précédent. Dans une tribune publiée par The Guardian, Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), dénonce Ghaza comme « l’endroit le plus dangereux au monde pour exercer le journalisme ». Depuis deux ans, 222 reporters palestiniens ont été tués par les frappes sionistes. Bellanger parle d’«une stratégie délibérée d’élimination des témoins et d’assassinat de la vérité». Privés d’accès au territoire, les journalistes étrangers ne peuvent couvrir la guerre ; seuls les reporters palestiniens, eux-mêmes menacés, poursuivent leur mission sans protection, au prix de leur vie et de celle de leurs familles. « Ni la Seconde Guerre mondiale, ni le Vietnam, ni l’Irak n’ont connu un tel massacre de journalistes », souligne-t-il, qualifiant Ghaza de « plus grande fosse commune de la presse moderne ». Selon lui, « tuer les témoins et interdire l’accès aux médias internationaux revient à effacer la narration palestinienne et à contrôler la vérité ». La FIJ appelle, depuis des années, à une convention onusienne contraignante pour protéger les journalistes et juger leurs assassins, sans succès.
Amnesty dénonce une « phase catastrophique »
Dans un communiqué, Amnesty International alerte sur « l’intensification brutale» de l’offensive israélienne et une nouvelle vague de déplacements forcés. L’ONG décrit des zones du sud de Ghaza totalement dépourvues d’eau, de nourriture et de soins, où des centaines de milliers de civils sont piégés. « Ce n’est pas seulement une guerre contre un peuple, mais aussi contre sa mémoire et contre la vérité », affirme Amnesty, rappelant que les bombardements, la famine et le musellement de la presse se combinent en une stratégie de destruction totale.
Un siège renforcé, un silence complice
Alors que la population de Ghaza est privée de tout, l’armée israélienne a intercepté la « Flottille de la Résilience », un convoi maritime humanitaire international, empêchant son arrivée et arrêtant des dizaines de volontaires venus du monde entier. Face à cette offensive qui allie destruction, famine et effacement de la vérité, la communauté internationale continue de se réfugier dans un silence assourdissant. Comme le souligne Anthony Bellanger, « se taire face à ces crimes revient à offrir la victoire aux bourreaux ». Ghaza n’est plus seulement une terre assiégée. Elle est devenue le lieu où mourir en racontant les faits est presque inévitable, révélant à la fois une tragédie humanitaire sans précédent et un naufrage pour la liberté de la presse mondiale.
M. S.