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L’OCCUPATION FERME LA DERNIÈRE PORTE DE GHAZA : Rafah devient l’arme du supplice

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Le passage de Rafah, unique point de contact terrestre entre Ghaza et l’Égypte, demeure fermé malgré les engagements pris dans le cadre du plan de cessez-le-feu proposé par le président américain Donald Trump. Ce verrouillage prolonge l’asphyxie d’un territoire déjà meurtri par deux années de guerre, alors même que les agences onusiennes et les organisations humanitaires multiplient les appels à sa réouverture. Situé à l’extrême sud de la bande de Ghaza, à la frontière du Sinaï égyptien, le poste-frontière de Rafah est le seul lien entre le territoire palestinien et le monde extérieur qui n’est pas directement sous contrôle sioniste.
Il constitue une bouée de survie pour les civils, les blessés, les travailleurs humanitaires et les convois de vivres et de carburant — des ressources devenues aussi rares que vitales dans une enclave privée d’électricité et de liberté depuis 2007. Entre 2005 et 2007, Rafah fut le premier poste-frontière placé sous l’autorité de l’Autorité palestinienne, avant de devenir un symbole du contrôle exercé par la résistance palestinienne sur le territoire. Le 7 mai 2024, les forces sionistes ont pris le contrôle du côté palestinien du passage, arguant qu’il était « utilisé à des fins terroristes », tout en évoquant des soupçons de trafic d’armes. Cette prise de contrôle a abouti à la fermeture totale du point de passage, y compris pour les convois humanitaires des Nations unies. Un rétablissement partiel du trafic avait eu lieu lors de la précédente trêve entrée en vigueur le 19 janvier 2025, permettant d’abord le départ de quelques civils autorisés à quitter la bande de Ghaza, puis le passage limité de camions de secours.

Promesses reportées et manœuvres politiques
Sous la pression internationale croissante, le ministre sioniste des Affaires étrangères, Gideon Saar, avait évoqué la possibilité d’une réouverture du poste dès le dimanche suivant. Mais le bureau du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a aussitôt contredit cette annonce, précisant que le passage « resterait fermé jusqu’à nouvel ordre ». Le Bureau israélien de coordination des activités gouvernementales dans les territoires palestiniens (COGAT) a, de son côté, précisé qu’en cas de réouverture, le passage serait réservé « uniquement au déplacement des individus», excluant tout acheminement de matériel humanitaire. Selon les termes de l’accord, négocié sous la houlette de Donald Trump, la levée partielle du blocus devait suivre la consolidation de la trêve et la libération des otages israéliens. Pourtant, depuis le 10 octobre, Tel-Aviv a multiplié les prétextes : d’abord l’absence de restitution des corps par la résistance, ensuite la nécessité d’une coordination avec Le Caire, avant de reprendre ses frappes aériennes le dimanche suivant. Les convois d’aide internationale atteignent généralement l’Égypte par les ports de Port-Saïd ou d’Al-Arich, ce dernier situé à quelques kilomètres seulement de la frontière avec Ghaza. Là, des centaines de camions s’entassent depuis des semaines, dans l’attente d’une autorisation de passage. Une fois la frontière franchie, les véhicules sont redirigés vers le poste de Karm Abou Salem, un point de contrôle israélien distant de quelques kilomètres, où les marchandises sont minutieusement fouillées. Les produits autorisés à entrer sont ensuite transférés dans d’autres camions, habilités à pénétrer dans la bande de Ghaza. Ce double filtrage ralentit considérablement la distribution de l’aide et limite drastiquement son volume.

Des voies étouffées
L’accord de Trump prévoyait l’entrée quotidienne de 600 camions humanitaires. En réalité, selon les Nations unies, Israël n’en autorise qu’une fraction : près de 75 % transitent par Karm Abou Salem, et le reste par le passage de Kissoufim, à l’est du territoire. Le poste de Beït Hanoun (Erez), reliant le nord de Ghaza au sud d’Israël, a été détruit lors des affrontements du 7 octobre 2023. Sa réouverture temporaire au début de 2025 n’a duré que quelques jours. Quant aux autres points de passage, comme Al-Muntar (Karni) au nord-est, Al-Awda (Soufa) au sud et Zikim au nord, ils sont aujourd’hui inactifs, leurs statuts entourés d’un silence opaque de la part des autorités israéliennes. Rafah, autrefois porte d’espoir, est désormais le miroir de l’échec diplomatique et du chantage humanitaire. Derrière cette fermeture se joue bien plus qu’un différend logistique : c’est la vie de deux millions de Palestiniens qui dépend d’un portail verrouillé par la guerre et la politique. Tant que ce passage restera fermé, toute promesse de paix — même estampillée Washington — restera une illusion parmi les ruines.
M. S.

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