Découvert dans une bibliothèque privée après la mort de son propriétaire, le tapuscrit original de « Cronopes et Fameux » de Julio Cortazar, comprenant sept histoires inédites du célèbre écrivain argentin, sera mis aux enchères à Montevideo le 12 octobre.
Les maisons Zorrilla Subastas (Uruguay) et Hilario (Argentine) proposent ce texte dactylographié comportant des annotations manuscrites de Cortazar (1914-1984) avec une mise à prix de 12.000 dollars (environ 11.400 euros). La valeur estimée varie de 15.600 à 21.000 dollars. « La vente aux enchères, qui s’effectuera en présence réelle sous le marteau de Sebastian Zorrilla, a été organisée conjointement avec la maison Hilario, dont le directeur, Roberto Vega, a été chargé du catalogage », explique à l’AFP Guillermo Gonzalez de Zorrilla Subastas. `
Sept histoires inédites
Le catalogue en ligne vante un matériel « exceptionnel », assurant qu’il est « en très bon état » et se trouve dans un coffret spécialement conçu pour sa conservation. Le tapuscrit, réalisé à Paris en 1952, contient 46 brefs récits sur soixante pages tapées d’un seul côté. Parmi ces récits, 35 ont été publiées « presque sans modifications » dans la première édition de « Cronopes et Fameux » par la maison d’édition Minotauro de Buenos Aires en 1962 et quatre autres par la suite, selon le catalogue. Sept autres sont restées inédites. « Ce tapuscrit a été découvert à Montevideo, dans la bibliothèque d’un particulier qui était décédé. Il était placé dans un coffret sans être répertorié, la manière dont il s’est retrouvé là reste inconnue », raconte M. Gonzalez. Les préparatifs de la vente aux enchères ont pris environ une année, avec la consultation de deux experts de Cortazar: l’écrivain uruguayen Aldo Mazzucchelli, docteur en lettres de l’Université de Stanford, et le libraire argentin Lucio Aquilanti, auteur d’une « bio-bibliographie » sur Cortazar en 2014.
Transcendance
« On peut affirmer sans aucun doute qu’il s’agit d’un original de l’auteur, dactylographié, d’une extraordinaire transcendance », écrit M. Aquilanti. Il souligne l’utilisation de la même machine à écrire, une Royal, que celle avec laquelle Cortazar produisit par la suite d’autres textes. Le manuscrit constitue le lot 187 de la vente de 199 oeuvres d’art, livres, gravures, cartes anciennes, photographies et objets historiques. La vente sera retransmise en direct depuis le siège de Zorrilla Subastas au centre de Montevideo, avec la possibilité d’enchérir en ligne via les plateformes Invaluable (États-Unis) et Drouot (France). Considéré comme l’un des plus grands écrivains latino-américains, Julio Cortazar est né à Ixelles (Belgique) le 26 août 1914. Il rejoint l’Argentine quand sa famille y revient en 1918, avant de la quitter à nouveau en 1951 pour la France, en protestation contre la dictature du général Peron. Il meurt à Paris le 12 février 1984. Mêlant souvent le fantastique ou le réalisme magique typique de la littérature sud-américaine, son œuvre est traduite dans une trentaine de langues. Son livre le plus connu, « Marelle » (1963), est un roman-labyrinthe de 600 pages qui entremêle récits à Paris et à Buenos Aires et que le lecteur peut lire dans l’ordre ou en sautant d’un chapitre à l’autre (il y en a 155) sans suivre la numérotation.