L’entrée en matière de la deuxième journée du championnat algérien se concentre sur un affrontement traditionnel : USM Alger – MC Alger. Cette confrontation, qui oppose deux prétendants au titre, arrive dans un climat particulier où la décision d’interdire les supporters visiteurs et de limiter l’accès des spectateurs a profondément modifié la physionomie du duel. Au-delà du terrain, ce derby soulève aujourd’hui des questions sur l’équilibre entre sécurité et spectacle populaire. Privé de son âme, le « big derby » se jouera demain au stade Mustapha-Tchaker de Blida, exceptionnellement converti en scène neutre. L’USMA, revenue sous la conduite d’Abdelhak Benchikha, aura l’avantage d’évoluer devant ses partisans — mais dans une jauge réduite à 6 000 places — pendant que le MCA, double champion en titre, se présentera sans le soutien massif de ses supporters, interdits de déplacement. Ce contexte rare atténue l’intensité habituelle et transforme ce rendez-vous en un spectacle partiellement aseptisé. Pour les deux staffs, la préparation reste la même ; pour les supporters, l’émotion est amputée. La décision d’interdire les fans visiteurs casse l’équilibre symbolique du derby. Historiquement, ce match se nourrit des chants adverses, des tifos, des réactions croisées qui poussent les joueurs au dépassement. Privés de ce bouillonnement, les acteurs sur la pelouse perdent un repère essentiel : l’affrontement devient un simple exercice tactique et non plus une rude épreuve d’endurance mentale. Sur le plan économique aussi, la mesure pèse — recettes de guichets moins élevées, exposition moindre pour les sponsors — et pose la question de la pertinence d’une telle politique à long terme si l’on veut préserver la ferveur du football populaire.
Les promus face au défi
Parmi les enseignements de ce début de saison, les nouveaux venus retiendront toute l’attention. MB Rouissat, promu historique et auteur d’un succès inaugural à la JS Saoura (2-1), sait désormais que la confirmation passera par des rendez-vous à domicile où l’équilibre psychologique et la gestion de la pression seront décisifs. Le club recevra le MC El-Bayadh aujourd’hui.
De son côté, l’ES Ben Aknoun, de retour en élite, se prépare à recevoir un cador : la JS Kabylie, qui a renforcé son effectif avec des profils internationaux, dont l’attaquant Aymen Mahious et le défenseur Zinédine Belaïd. Ce duel se jouera dimanche et constitue un test révélateur pour les promus qui cherchent à s’installer durablement.
Les prétendants et les pièges
Le calendrier met aussi face à face des formations au profil différent. Le CR Belouizdad, toujours ambitieux, entamera sa saison cet après midi face au Paradou AC, qui viendra chercher des motifs de satisfaction après un début en demi-teinte. L’ASO Chlef et l’USM Khenchela s’affronteront dans une confrontation serrée, tandis que le CS Constantine, auteur d’un démarrage réussi, représentera un obstacle sérieux pour l’ES Mostaganem demain. Sauvé in extremis la saison passée, le club mostaganémois devra répondre présent.
L’ES Sétif retrouvera son stade du 8-mai-1945 aujourd’hui, face à une JS Saoura qui paraît sous pression après un revers surprenant à Béchar. Enfin, le stade de l’Unité maghrébine de Béjaia abritera dimanche le duel entre l’Olympique Akbou et le MC Oran, promettant une belle confrontation entre équipes en quête de régularité. Ces affiches rappellent la densité d’un championnat où chaque point compte et où la moindre défaillance peut coûter cher.
En somme, cette deuxième journée illustre la double exigence du football algérien : garantir la sécurité tout en préservant la passion populaire. Le défi est clair pour les autorités, les clubs et les instances : comment protéger les spectacles sans vider les matchs de leur âme ?
M. A. T.
