La crise persiste en Libye qui fait face à une crise institutionnelle, malgré les efforts internationaux visant à trouver une solution au conflit qui ravage le pays livré à l’anarchie depuis la chute de l’ancien régime en 2011. Quelque jours après la décision de la Cour suprême libyenne d’invalider le Parlement issu des élections du 25 juin, une explosion s’est produite dimanche sans faire de victimes près du siège du gouvernement dans l’est du pays, alors que le Premier ministre, Abdallah al-Theni, rencontrait le chef de la mission de l’ONU en Libye (Unsmil), Bernandino Leon. La Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) a indiqué avoir «pris note» de la décision de la Chambre constitutionnelle de la Haute cour de justice de Libye, invalidant le Parlement, tout en appelant toutes les parties à placer l’intérêt national au-dessus de toute autre considération.
Poursuite des violences
La décision de la Cour intervient alors que des violents combats se déroulent depuis plusieurs jours à Benghazi dans l’est libyen, faisant plus de trente morts en trois jours, selon des sources médicales. Tripoli, où siège cette Cour suprême, est contrôlée par une coalition de milices, Fajr Libya, avec un parlement et un gouvernement parallèles. De violents combats quotidiens secouent aussi cette deuxième ville du pays, Benghazi (est), entre des forces pro-gouvernementales et les milices. Le Parlement élu le 25 juin, dominé par les anti-islamistes, est contesté par Fajr Libya et par des groupes rebelles contrôlant la ville de Benghazi. C’est dans cette ville que ce parlement officiel devait siéger mais pour des raisons de sécurité, il se réunit à Tobrouk, dans l’extrême est de la Libye. Près de 300 personnes ont été tuées depuis le lancement le 15 octobre d’une nouvelle offensive par les forces loyales au général à la retraite Haftar, qui tente de reconquérir la ville tombée en juillet aux mains des islamistes, selon un nouveau décompte de l’AFP établi à partir de bilans de sources de sécurité. Depuis la fin août, Tripoli est sous le contrôle d’une coalition hétéroclite de milices, notamment islamistes, forçant le gouvernement reconnu par la communauté internationale à s’exiler dans l’est du pays.
Appels à la fin immédiate des combats
Les appels à la fin «immédiate» des combats en Libye ont été lancés par la communauté internationale incitant toutes les parties à ne pas aggraver la polarisation et les divisions du pays.» Nous exhortons toutes les parties à cesser immédiatement toutes les opérations militaires et à s’abstenir de prendre des mesures qui aggravent la polarisation et les divisions du pays», ont martelé dans un communiqué l’Allemagne, le Canada, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, Malte et le Royaume-Uni.» Nous examinons de près la décision de la Cour suprême, son contexte et ses conséquences», écrivent les gouvernements de pays d’Amérique du Nord et d’Europe, dénonçant «la polarisation politique en Libye», mais sans toutefois condamner formellement la décision de la Cour. De son coté, la haute représentante des affaires étrangères et des politiques sécuritaires à l’Union européenne, Fédirica Mogherini, a indiqué que la Libye «a besoin plus que jamais à une initiative politique forte, stable et commune». Elle a dans ce sens appelé à l’arrêt de toutes les opérations militaires et l’abstention de toutes les parties à commettre des actes pouvant mener à «la scission» du pays.
Pour sa part, l’Égypte a mis l’accent sur la nécessité de rejeter toute initiative militaire et d’ouvrir la voie à un dialogue général de toutes les parties qui rejettent la violence, et ce selon les aspirations du peuple libyen à construire un État civil fort capable de s’adapter à l’environnement régional. Le Caire a réitéré son appui total à tous les établissements de l’État libyen et son respect total à la volonté du peuple libyen, ainsi que son appui aux efforts entrepris par l’envoyé spécial des Nations Unies en appelant toutes les parties à s’unir avec le responsable onusien pour entamer au plus tôt des discussions rassemblant toutes les parties afin de parvenir à un accord de sortie de crise en Libye.