Sous une pluie battante à Douala, la sélection féminine algérienne de football a signé une victoire historique face au Cameroun (1-0), mardi soir, validant ainsi son billet pour la phase finale de la CAN 2026. Un exploit retentissant dans un contexte tendu, où la maîtrise technique et mentale des joueuses de Farid Benstiti a fait la différence.
Pour une fois, Douala a souri à l’Algérie. Le stade de la Réunification, souvent associé à de douloureux souvenirs pour les fans algériens, a cette fois été le théâtre d’une qualification historique. Les Vertes ont dominé les Lionnes indomptables du Cameroun au terme d’un match courageux et stratégique, s’imposant 1-0 grâce à un but de Marine Dafeur. À l’aller, à Oran, elles avaient déjà pris l’avantage (2-1). Sur l’ensemble des deux confrontations, les Algériennes s’imposent 3-1 et décrochent leur billet pour le Maroc, où se tiendra la prochaine Coupe d’Afrique des Nations féminine.
La rencontre s’est jouée dans des conditions dantesques. Une pluie incessante a rendu la pelouse lourde et difficilement praticable, mais cela n’a pas empêché les coéquipières de Lina Boussaha d’imposer leur plan de jeu. Fidèles à la rigueur tactique de Farid Benstiti, les Algériennes ont su contenir les assauts camerounais tout en profitant des espaces laissés dans le dos de la défense. À la 25e minute, Marine Dafeur, la latérale gauche de Bristol City, a surgi à la suite d’un ballon mal dégagé pour placer une frappe limpide à ras de terre, imparable pour la gardienne adverse.
Ce but, plein d’instinct et de détermination, a symbolisé l’état d’esprit du groupe. Les Vertes ont ensuite résisté avec sang-froid aux vagues successives des Camerounaises. La défense, menée par Guellati et Khezami, a repoussé chaque tentative, tandis que la gardienne N’gazi s’est illustrée par plusieurs arrêts décisifs. Ni les conditions climatiques, ni les tensions qui régnaient en dehors du stade, liées aux manifestations ayant suivi la réélection du président Paul Biya, n’ont perturbé la concentration de l’équipe.
Au coup de sifflet final, c’est une délivrance. Les joueuses algériennes, conscientes d’avoir battu un adversaire qu’elles n’avaient jamais dominé auparavant, ont célébré leur performance avec émotion. Cette qualification consacre la montée en puissance du football féminin algérien, qui participera à sa septième CAN, et pour la deuxième fois consécutive, après celle de 2024 où les Vertes avaient atteint les quarts de finale face au Ghana.
Une conférence de presse électrique
Mais si la victoire a été nette sur le terrain, la tension s’est déplacée en salle de presse. Lors de la conférence d’après-match, Farid Benstiti a été la cible d’une question provocatrice d’un journaliste camerounais, l’accusant d’avoir « fait déjouer » son adversaire et d’avoir « perdu du temps » après l’ouverture du score. Avec élégance, le sélectionneur algérien a désamorcé la situation par une réponse aussi calme que piquante : « Non, je ne pense pas qu’on est comme ça. Je pense que vous parlez plutôt de l’équipe du Cameroun. »
Ce moment, applaudi par les journalistes présents, a illustré le sang-froid d’un entraîneur expérimenté, soucieux de préserver l’image de son équipe. L’échange surréaliste s’est poursuivi lorsque le même journaliste, visiblement confus, a évoqué un match masculin de Ligue des champions entre le FC Colombe et le MC Alger, oubliant qu’il s’agissait ici du football féminin. Une scène révélatrice de la frustration camerounaise face à l’élimination et, surtout, du peu de considération encore accordée au football féminin dans certains cercles médiatiques africains.
Une nouvelle ère pour les Vertes
Sur le plan sportif, cette victoire confirme le bond en avant de la sélection féminine algérienne.
Avec des joueuses désormais réparties dans les meilleurs championnats européens, Karchouni à Servette, Dafeur à Bristol, Belloumou à Westham, les Vertes affichent une maturité tactique et mentale nouvelle. Leur parcours dans ces éliminatoires, marqué par un impressionnant 8-0 cumulé face au Soudan du Sud avant de sortir le Cameroun, témoigne d’un groupe solidaire et ambitieux.
La CAN 2026, prévue du 17 mars au 3 avril au Maroc, représentera un nouveau test grandeur nature. Face aux meilleures nations du continent, les Algériennes tenteront de franchir un cap supplémentaire et de confirmer qu’elles comptent désormais parmi les forces montantes du football africain.
Après Douala, le Maroc. Les Vertes ont prouvé qu’elles pouvaient vaincre la peur, la pluie et les préjugés. Reste à savoir jusqu’où elles iront désormais.
M. A. T.












































