Parmi les nouveautés qui marquent l’année universitaire 2023/2024 qui vient d’être entamée, il y a la décision d’ouverture des campus jusqu’à 22h du soir. Bien que celle-ci soit saluée par la famille universitaire, son application nécessite d’autres dispositions devant être prises en compte dont notamment le transport.
Si la démarche reflète la volonté des autorités d’aller vers une université citoyenne ouverte à l’environnement comme l’estime le directeur de l’Université d’Alger1, Fares Mokhtari, son entrée en vigueur devrait en effet se faire en coordination avec d’autres secteurs de sorte à permettre à l’étudiant d’en bénéficier en toute tranquillité et sans inconvénients. S’agissant des avantages de l’allongement des horaires d’ouverture er de travail des universités, Mokhtari ajoute que cela permettra l’usage logique de ces structures et permettra également à l’université d’être un phare pour l’environnement dans lequel elle se trouve. Selon le même responsable cette décision sera appliquée progressivement en commençant par l’ouverture des bibliothèques centrales. L’ouverture de ces bibliothèques, dans un premier temps, vise à permettre aux étudiants et même aux enseignants d’accéder à l’université même à des heures tardives, a expliqué le responsable qui ajoute qu’il y a même volonté de programmer le soir les soutenances des mémoires pour tous les niveaux. Citant à titre d’exemple la faculté de droit, Fares Mokhtari, ou beaucoup d’étudiants auraient des préoccupations en dehors de l’université durant la journée, il est proposé des cours de 17h à 22h pour ceux qui le souhaitent les suivre pendant cette période. C’est aussi le cas pour les étudiants adhérents dans les clubs scientifiques, ou dans les incubateurs universitaires. L’université restera ainsi ouverte à la créativité, a-t-il estimé. Mais une fois les portes des universités fermées, soit après 22h, le ministère a-t-il pensé à accompagner les étudiants restés jusqu’à cette heure. C’est la où se pose la véritable problématique, car à côté des avantages de cette démarche il y a des inconvénients qu’il faut évoquer et qu’il faut traiter. Il s’agit, en premier lieu de la nécessité de la mise en place d’un programme efficace de transport des étudiants, avec à titre d’exemple le départ des derniers bus universitaires à 22h30. Cela devrait être appliqué avec rigueur que ce soit au niveau de la capitale, mais aussi au niveau des autres wilayas. Il faut dire que la disponibilité du transport est une condition fondamentale pour que les étudiants puissent suivre leur cours durant la soirée, en toute sécurité, sachant que le problème de transport se pose déjà en temps normal car le nombre de bus universitaires ne répond toujours pas à la demande en plus de l’absence d’arrêts de stationnement dans nombreux circuits. Il y a lieu aussi de relever que le transport public doit aussi se réorganiser pour accompagner la nouvelle décision, à l’exemple du Metro et tramway, qui peuvent être une alternative aux étudiants, sachant que le Métro suspend ses services à 21H, pénalisant, non seulement les étudiants mais aussi des citoyens devant l’emprunter.
Pour le moment, en tout cas, l’on ne sait toujours pas si le ministère de l’Enseignement supérieur a déjà pris ses dispositions pour faire face à cette problématique. Si ce n’est pas encore le cas, cela risque de compromettre l’application de la nouvelle décision, au risque de voir les universités désertés en fin de journée. Devant le manque de sécurité et de prise en charge en matière de transport, la majorité des étudiants ne seront certainement pas intéressés de suivre les cours le soir.
Ania Nch.