Une fois n’est pas coutume dans une opération du genre, les bénéficiaires de la 21e opération de relogement des habitants des sites classés comme précaires de la wilaya d’Alger qui ont été recasés sur le territoire de la commune de Hammamet (ex-Bains-Romains), sur le littoral ouest d’Alger, ont été unanimes à exprimer leur satisfaction. Pas uniquement d’avoir vu leur longue attente -pour certains, elle a été de plus de trente ans– mais également de la manière dont l’opération a été menée. Et, à ce propos, tous ceux avec lesquels nous nous sommes entretenus, hier, lors de notre passage à Hammamet, ont tenu à remercier le président de l’APC de Bab-el-Oued pour la grande part qu’il a prise dans le bon déroulement de ladite opération. Et ce, de son début à sa conclusion avant-hier avec le relogement de ceux qui en ont bénéficié.
Pourquoi le P/APC de Bab-el-Oued ? Pour la simple raison que la grande majorité, soit 220, des familles qui ont été relogées à Hammamet –un site prévu pour accueillir quelque 520 familles en situation précaire, composé exclusivement de F3- viennent des différents quartiers de cette commune où elles vivaient, pour certaines, dans des caves d’immeubles, et pour les autres, dans des habitations aménagées sur des terrasses.
C’était le cas jusqu’à mardi dernier de Amirouche Mohamed, un quinquagénaire père de trois enfants, qui habitait avec sa petite famille sur une terrasse, dans le quartier «Baseta». Très satisfait de son sort, notre interlocuteur qui n’a pas manqué, en l’occasion, de nous rappeler les difficiles journées (et nuit) de pluie où ils –tous les membres de sa petite famille et lui- étaient astreints à une veille de tous les instants pour éviter à leur logis de ne pas être submergé par les eaux pluviales tant les fuites dans le toit étaient nombreuses, n’a même pas voulu se plaindre des déplacements quotidiens qu’il a commencé à faire, et qu’il fera jusqu’à ce qu’elle fasse les compositions du troisième trimestre, pour accompagner sa fille à l’école de son, désormais, ancien quartier.
Une attitude (le fait de ne pas se plaindre) qui s’explique également, comme il a tenu à nous le dire, par la certitude que le désagrément qu’il subit présentement ne durera pas longtemps ; les quelques jours qui restent avant le déroulement des compositions du dernier trimestre de l’année scolaire en cours: une école primaire contiguë à leur (nouvelle) cité étant, en effet, fin prête pour recevoir, dès la prochaine année scolaire sa fille et tous les enfants scolarisés des familles qui viennent d’être relogées à Hammamet ; parmi lesquelles quelque 80, selon nos interlocuteurs, résidaient, dans les mêmes conditions, dans la commune limitrophe de Raïs Hamidou (ex-Pointe-Pescade).
Sans être directement concerné par le belle perspective d’avoir dans le voisinage immédiat de son lieu de résidence une école primaire : ses enfants, à l’évidence, plus âgés, ayant dépassé le cycle en question, Fayçal «Mouloudia », ainsi surnommé pour le grand amour qu’il voue au, dit-on, plus vieux club de football algérien, n’a pas manqué, lui aussi, d’exprimer sa pleine satisfaction « d’avoir vu son attente de 25 ans, passés dans un réduit aménagé sur la terrasse d’un immeuble du quartier « Rachid Kaouche» (ex-Les Oranges), prendre fin de cette façon ». Une satisfaction qui s’étend, a-t-il ajouté, à la qualité d’ensemble des logements dont ils ont bénéficié : « Sans être au top, (celle-ci) est très largement satisfaisante pour nous qui vivions, jusqu’à avant-hier, dans des conditions des plus précaires », nous a-t-il, en effet, déclaré. Dans la lancée, il a tenu, comme notre premier interlocuteur, à remercier chaudement le P/APC de Bab El Oued.
Et ce, nous a-t-il précisé, « pour tout ce qu’il a fait pour que tous ceux qui étaient vraiment dans le besoin d’un logement en bénéficient ». Une manière de dire qu’il a veillé à ce que les inévitables, dans des opérations du genre, fraudeurs soient évincés du bénéfice de l’opération aujourd’hui achevés. Non sans, toutefois, déplorer que certaines familles réellement nombreuses, n’aient bénéficié que d’un seul logement. Et ce, tout en souhaitant que les recours qu’elles ont introduits auprès des services compétents de la wilaya d’Alger, aient rapidement une suite favorable.
Revenant au P/APC de Bab El-Oued, nos interlocuteurs ont, à l’évidence, énormément apprécié qu’il continue, même après leur relogement, à s’enquérir de leur situation : « Hier (NDLR : avant-hier) encore, il était parmi nous ». Cette satisfaction généralisée, nous l’avons également retrouvé une autre personne que nous avons rencontrée sur les lieux. Une personne, qui a tenu à garder l’anonymat, mais qui a la particularité d’avoir refusé de bénéficier de l’opération : « Ma mère, mon frère et ma sœur en ont bénéficié. Moi je viens bientôt avoir mon logement dans le cadre de l’AADL », nous a-t-il, en effet, déclaré en guise d’explication de son geste aussi noble que rare. Comme pour répondre par anticipation aux appréhensions des vieux (dans le sens d’anciens) habitants de leur nouveau quartier, et, partant, casser la mauvaise image qui colle aux « recasés » depuis le début des opérations de relogement des habitants occupant des sites précaires de la wilaya d’Alger, nos interlocuteurs nous ont annoncé « leur décision de mettre rapidement sur pied un comité de quartier qui s’attellera, entre autres, à veiller à la préservation et à l’amélioration continue de leur nouveau cadre de vie mais également à établir avec le voisinage des relations de convivialité et de confiance ».
Et à ce propos, des vieux habitants du quartier jouxtant le site de relogement de Hammamet que nous avons rencontrés, nous ont fait part de leur satisfaction d’avoir constaté que leurs appréhensions de départ ont été largement démenties par le comportement de leurs nouveaux voisins…
Mourad Bendris