Des colons sionistes ont abattu hier des dizaines d’oliviers dans le village palestinien de Minya, au sud de Bethléem, en Cisjordanie occupée. Ce nouvel acte de vandalisme intervient au cœur de la saison de récolte des olives — une période traditionnellement marquée par la recrudescence des agressions des colons contre les paysans palestiniens.
Les colons ont détruit des oliviers plantés sur une superficie estimée à environ deux dounams (près de deux mille mètres carrés), dans la zone dite Al-Qurm, propriété du citoyen palestinien Mahmoud Jabarin. Les attaques ne se sont pas limitées à la destruction des arbres : la veille, samedi, des colons avaient violemment agressé Mahmoud Jabarin, lui provoquant une fracture à la main. Fait révélateur, les forces sionistes sont intervenues non pas pour protéger la victime, mais pour l’arrêter. Ce renversement cynique des rôles illustre, selon plusieurs observateurs palestiniens, la complicité systémique entre l’armée d’occupation et les colons. Chaque automne, au moment où les Palestiniens entament la cueillette des olives, symbole ancestral de leur lien à la terre, ces attaques se multiplient. L’olivier, arbre de paix et de persévérance, devient la première cible d’une politique délibérée d’intimidation et de déplacement forcé. Les chiffres récents de la Commission palestinienne contre le mur et les colonies témoignent de l’ampleur du phénomène : plus de 7 150 attaques de colons ont été recensées en Cisjordanie au cours des deux dernières années, marquées par la guerre et le génocide en cours à Ghaza. Ces agressions ont causé la mort de 33 Palestiniens, la destruction ou le déplacement de 33 communautés bédouines, et l’implantation de 114 nouveaux avant-postes de colonies illégales. En parallèle, la Cisjordanie est le théâtre d’une répression militaire croissante. Les offensives israéliennes et les incursions nocturnes répétées de l’armée ont entraîné la mort de plus de 1 000 Palestiniens et blessé près de 10 000 autres sur la même période. Les arrestations massives se poursuivent : plus de 20 000 personnes, dont 1 600 enfants, ont été arrêtées depuis deux ans, selon les chiffres officiels palestiniens.
Ce dimanche encore, les forces d’occupation ont mené une vaste campagne d’arrestations et de raids à travers plusieurs gouvernorats de la Cisjordanie. Sept Palestiniens ont été arrêtés à Ramallah et El-Bireh, cinq à Hébron, et un ancien prisonnier a été de nouveau interpellé à Tulkarem après le saccage de sa maison. À Naplouse, les soldats ont perquisitionné plusieurs domiciles, tandis qu’à Jérusalem, un jeune homme a été blessé par balle à Al-Ram, au nord de la ville. Dans le même temps, les colons ont poursuivi leurs attaques dans d’autres zones. Des groupes armés venus des colonies de Negohot et Beit Awa, à l’ouest d’Hébron, ont labouré plusieurs centaines de dounams de terres agricoles appartenant à des Palestiniens, une méthode courante pour s’approprier les terrains. À l’est de Ramallah, dans la région de Wadi Omar, d’autres colons ont empêché des agriculteurs d’accéder à leurs champs. Dans la vallée du Jourdain, des colons ont clôturé des terres dans la zone de Khirbet al-Farisiya, tandis que d’autres ont coupé des dizaines d’oliviers à Minya, au sud de Bethléem — un acte qui s’inscrit dans la stratégie plus large d’expansion coloniale. Pour le président du conseil du village de Sikka, ces attaques participent à une « politique d’annexion progressive du territoire ». Les colons de la colonie voisine Negohot auraient ainsi ciblé près de 500 dounams de terres fertiles, en vue de les rattacher à leurs zones d’expansion. Les organisations palestiniennes de défense des droits humains dénoncent une stratégie d’État : l’objectif serait d’étendre la colonisation tout en décourageant les Palestiniens de cultiver leurs terres.
« Couper un olivier, c’est effacer une mémoire », déplore un paysan de Bethléem, rappelant que certains de ces arbres ont plusieurs siècles d’existence. Tandis que les regards du monde sont tournés vers Ghaza, la Cisjordanie subit, dans un silence international quasi total, une confiscation méthodique de ses terres. Ces actes de vandalisme ne sont pas des incidents isolés, mais les fragments visibles d’une politique coloniale plus vaste, que les Palestiniens qualifient d’annexion de facto. Le saccage des oliveraies de Minya n’est donc pas seulement une attaque contre la nature ou l’économie rurale : c’est une attaque contre la vie même des Palestiniens, contre leur enracinement et leur droit à exister sur leur propre sol. L’olivier abattu à Bethléem devient le symbole vivant d’une résistance obstinée — celle d’un peuple qui refuse d’être déraciné malgré la violence, la dépossession et le silence du monde.
M. S.
Accueil ACTUALITÉ LES OLIVIERS DE BETHLÉEM EN CISJORDANIE OCCUPÉE ABATTUS : La mémoire palestinienne...













































