La mairie de Toul en Meurthe et Moselle s’apprête à installer une statue à l’effigie du général Bigeard dont la carrière de militaire, puis d’homme politique est entachée par la pratique de la torture en Algérie.
La municipalité tout en rejetant la paternité du projet sur la « fondation Bigeard », affirme qu’elle a donné son accord car le général tortionnaire est un enfant de la région et parce qu’il n’a jamais été condamné pour les faits de torture qui lui étaient reprochés. Le projet, qui semble avoir fasciné les nostalgiques de la France coloniale, suscite tensions et crispations. «Eriger cette statue, c’est faire preuve de négationnisme », s’indigne Luc Ferretti, membre d’un collectif d’opposants à l’installation de cette statue qui pourrait intervenir le 18 juin prochain, anniversaire de la mort de ce général à l’origine de la banalisation de la torture en Algérie et père de la Gégène et des « crevettes Bigeard (voir encadré)». « Ce n’est pas possible que l’on vénère ce genre d’hommes. Cette statue qui doit être installée à proximité du monument aux morts de Toul est une insulte pour toutes les victimes du colonialisme », s’insurge Luc Ferretti. Il faut rappeler dans ce contexte que depuis l’irruption des partis d’extrême-droite sur la scène politique française, les nostalgiques de « l’Algérie française » sont revenus aux devants de la scène pour stigmatiser la Révolution algérienne et surtout déverser leur haine sur tout ce qui est algérien. Ils n’arrivent pas à dépasser leur rancœur de fasciste et de raciste. Bigeard, Lacoste, Aussaresses, sont les gourous de ces formations politiques qui ont foisonné à la faveur de l’irruption du discours nationaliste rétrograde en Europe ces dernières années. Les rejetons de la sinistre OAS (Organisation armée secrète) et leurs ouailles se retrouvent aujourd’hui dans l’ex-Front national, de Jean Marie Le Pen que sa fille Marine tente de dé-diaboliser en lui flanquant le nom de rassemblement national tout en lui gardant son essence fasciste, raciste et néocoloniale. Le pire dans ce triste tableau de la France qui n’arrive pas à se débarrasser de ses vieux démons d’ancienne puissance coloniale est que les dernières élections présidentielles ont permis à des zélés de sortir le museau à l’instar d’Eric Zemmour qui a enfourché la selle de son nouveau parti « Reconquête » pour partir en guerre contre tout ce qui est algérien ou encore Nicolas Dupont Aignan de « Debout la France » ou pire encore du parti « Dissidence française » agréé en 2018 et qui est contre tout ce qui n’est pas Gaulois. Honorer Bigeard c’est insulter la mémoire de ses millions de victimes en Algérie, au Vietnam ou encore en Afrique. Et même si la justice française, sollicitée par des victimes de tortures ou leurs ayants-droit ne l’a pas condamné pour ses méfaits et ses crimes, il reste qu’il n’a jamais regretté son passé ni émis la moindre compassion pour tous ceux qui ont souffert des exactions du corps expéditionnaire français en Algérie et dans ses anciennes colonies. La France ne semble pas revenir à la raison et reconnaitre son passé colonial et ses crimes. Au moment où le peuple algérien rendait hommage aux 45.000 victimes des massacres du 8 mai 1945, la France nostalgique se met sur son trente et un pour honorer l’un de ses pires rejetons, un criminel notoire qui a les mains tachées par le sang des victimes de ses tortionnaires.
Slimane B.