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Les employés de la SCHPM montent au créneau : le DG persona non grata

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Après une trêve qui aurait duré quelques jours, les travailleurs de la Société des courses hippiques et du pari mutuel Algérie ont renoué avec la protesta. Hier lundi, des dizaines d’employés ont tenu un sit-in devant le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche.

La «sourde oreille» de la direction de la société réservée aux protestataires semble être l’élément déclencheur de cette énième action. Ainsi, la grève observée à partir du 17 janvier dernier n’a pas eu les échos attendus par les protestataires, auprès des responsables de la SCHPM, d’où ce choix de recourir auprès du département de Sid Ahmed Ferroukhi, dans l’espoir d’y trouver une oreille attentive dans l’espoir d’un dénouement de la crise.

C’est à huit heures du matin que le personnel mécontent s’est mobilisé sous la houlette de la coordination syndicale relevant de l’Ugta et à sa tête Djamel Oudafal, pour occuper l’esplanade du ministère de la tutelle situé au Boulevard Amirouche, à Alger. Sur place, l’inquiétude des protestataires se lisait sur tous les visages. Coléreux devant les vaines tentatives de se faire accueillir par la direction de la société drivée par le DG par intérim, Hammouche Taha, en vu de se pencher sur leurs préoccupations sociales, les employés grévistes s’en remettent à la tutelle ministérielle pour se pencher sur leur sort. Le versement des salaires dans les délais requis, la réattribution des primes (PRC et PRI) et autres droits y afférents, l’application des dispositions de l’article 87 bis, sont le lot des revendications mises en avant par les protestataires, qui se sont formés en petits groupuscules, tôt la matinée de cette journée. Un dispositif sécuritaire composé de policiers en faction et des agents civils ont été déployés sur les lieux, afin d’encadrer la foule et de prévenir tout dérapage pouvant découler de cette manifestation.

Les représentants des employés ont exigé une entrevue avec le ministre lui-même ou, tout au moins, de rencontrer son secrétaire général. Peine perdue, puisqu’on leur a signifié que Ferroukhi était absent, alors que son subalterne direct «n’a pas voulu» les accueillir, tout début, apprend-on auprès de Dj. Oudafal. Fou furieux, les participants à cette action dénoncent «l’arrogance et la fuite en avant des responsables». Devant cet état de fait, ils ont menacé de saisir le Premier ministre sur le champ, en allant assiéger le palais du gouvernement. Pour rappel, lors d’un conseil interministériel (CIM) tenu le 6 novembre 2014, une résolution portant sur l’effacement des dettes de la Société (300 milliards de centimes) avait été décidée. Dès lors que les pouvoirs publics se sont engagés à l’assainissement du dossier de la SCHPM, les employés s’interrogent sur les blocages imposés face aux engagements pris par le ministère, lequel était invité, d’ailleurs, à «sommer» l’application de cette résolution par les responsables à la tête de la société. Les employés s’interrogent aussi sur le sort réservé à la missive expédiée le 8 août dernier par le Premier ministre au département de l’Agriculture, a révélé Oudafal. «Les responsables de la société ont failli à leur mission. Ils ont décidé de mesures antiréglementaires.C’est le conseil d’administration lui-même qui l’ait reconnu», accuse ce coordinateur de la Fédération nationale des travailleurs de l’agroalimentaire (FNTA), lequel, avait rappelé avoir saisi auparavant le président de la République et l’Exécutif national.

«On n’a pas arrêté de dénoncer la gestion kafkaïenne de Hammouche et ses collaborateurs», clame notre interlocuteur. Pour lui, la seule réplique des responsables étant de supprimer les primes qui reviennent aux travailleurs et de les priver des droits y afférents, depuis octobre 2015 à ce jour, a-t-il précisé. Celui-ci accuse encore l’actuel responsable de la direction des infrastructures de la SCHPM, Yessad Bouhara, d’être derrière cette décision prise au moment où il était à la tête de la direction des finances et de la comptabilité (DFC), a-t-il révélé, après l’avoir invité à réagir aux déclarations tenues par ce responsable. Plus au-delà, Hammouche est accusé de «mauvaise gestion et de détournement de fonds publics», rappelle le responsable syndical. Contacté pour avoir la version de la direction de la société, Bouhara a tenté de minimiser les dégâts en indiquant que les problèmes soulevés par les travailleurs «reçoivent» tout aussi l’intérêt des responsables et que leurs revendications sont «légitimes», déclare-t-il au téléphone. Néanmoins, selon lui, la SCHPM fait face à des problèmes d’ordre économique et financier, en raison, explique-t-il, des «déséquilibres engendrés» entre les charges de production et les coûts de revient, a-t-il formulé comme explication. Ceci, pour dire, que les finances engagées dans la production dépassent la rentabilité de la société. Qu’avez-vous fais pour verser les droits sociaux au profit des travailleurs ? à cette question il répond que le versement des dus répond à une logique de priorité. Selon ses propos, la société adopte «une gestion rigoureuse», qui veut qu’elle engage d’abord les charges de production, s’acquitter des redevances fiscales, payer les partenaires économiques, pour régler enfin les employés, expliquera-t-il, comme pour justifier les retards accusés dans le versement des salaires.

Quant au volume salarial dépité des primes et des indemnités, il pense que cela répond au volume horaire suivi par les employés. Pour lui, «on ne peut pas verser un salaire temps plein pour un volume horaire qui correspond à 3 ou à 4 heures de travail fourni seulement. Nous sommes dans une économie de marché», tiendra-t-il comme argument, et de dire encore que «le processus de redressement de la société mis en place risque de prendre du temps». A propos de la suspension des courses de chevaux décidée après le débrayage, Bouhara renvoi la balle dans le camp adverse. Il estime que cette décision est prise parce qu’«il n’y a pas eu de collecte d’argent», accuse-t-il, allusion aux grévistes. Ce n’est pas le même son de cloche qui retentit chez les travailleurs qui accusent la tutelle d’une gestion «hasardeuse des affaires de la SCHPM» et de fermer le dialogue aux partenaires sociaux. «Ce n’est pas les employés qui vont payer les pots cassés d’une gestion qui laisse à désirer. Il y’a eu malversation de fonds publics», portent-ils comme accusations. D’ailleurs, au-delà de revendiquer leur droits sociaux, ils réclament tout bonnement le départ des responsables, à leur tête Hammouche Taha, accusé de source de tous les maux qui prévalent dans la société. Oudafal persiste et signe que celui-ci «néglige» totalement les affaires de la SCHPM et qu’il est toujours «absent». «Comment puisse-t-il se pencher sur les problèmes salariaux, alors que lui, perçoit-il son salaire au niveau du ministère de la tutelle?», s’interroge le syndicaliste qui déplore entre autres «graves défaillances» la «fermeture» de plus en plus d’agences de la société.

Pour le responsable syndical, il est demandé au ministère de la tutelle de se pencher sur le dossier de redressement dont il a été destinataire, en vue de sauver le secteur et lui donner un nouveau souffle, a-t-il fait savoir. Lors de ce rassemblement qui a été observé durant une demi-journée, plusieurs tractations menées sur fond de tensions sans gravité entre les deux parties, se sont finalement soldé sur un accord, celui de dégager une délégation parmi les protestataires en vue de rencontrer le président du conseil d’administration de la SCHPM qui siège au sein du bâtiment ministériel. Au moment du déroulement de l’audience, le sit-in a été suspendu, en attendant les résultats des négociations entre les deux camps. Joint en fin de journée d’hier pour connaître les résultats de cette rencontre, Dj. Oudafal, apprend que la réunion a terminé en queue de poisson. Et pour cause, selon lui, au moment où il s’attendait à des décisions, le conseil d’administration a rejeté la balle parmi les responsables de la société. Déçu de l’issue de la rencontre, notre interlocuteur fera savoir qu’un autre sit-in sera organisé mercredi prochain au niveau du Premier ministère.

Farid Guellil

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