Lancé il y a trois ans, le marché des produits bancaires islamiques en Algérie connaît une croissance rapide, portée par une demande soutenue et une offre diversifiée de produits et services que propose une douzaine d’établissements bancaires publics et privés.
D’après les dernières données de l’ABEF, les dépôts bancaires islamiques en Algérie s’élèvent à 700 milliards de dinars. Ils sont collectés par 600 points de vente, dont des agences dédiées et des fenêtres islamiques dans des agences classiques, réparties sur l’ensemble du territoire national. « Cela porte à plus de 4% la part des dépôts bancaires islamiques dans les ressources globales collectées par les banques de la place, contre un peu plus de 1% il y a cinq ans » selon Sofiane Mazari, président du Comité finance islamique à l’ABEF. Soulignant que « la réelle volonté politique à promouvoir la finance islamique », ce résultat est très intéressant et encourageant pour l’ensemble des banques vu la croissance de la collecte des ressources, les financements mais aussi la panoplie de produits bancaires conformes à la Chariâ et qui ne cesse de s’étoffer. Au 31 août 2022, les dépôts bancaires islamiques en Algérie s’élevaient à 500 milliards de dinars, les financements à 400 milliards de dinars. Le nombre de fenêtres islamiques dans les banques s’élevait à 469. De plus, la nouvelle loi monétaire et bancaire promulguée en juin dernier consolide davantage le cadre juridique de ce secteur, en consacrant, entre autres, la création de banques exclusivement dédiées aux produits islamiques, note M. Mazari, pour qui cette loi ouvre la voie aussi à des partenariats nationaux et internationaux pour la création de nouveaux établissements bancaires et financiers islamiques en Algérie. Expliquant « Compte tenu de la croissance très rapide des fenêtres islamiques, je pense qu’il va y avoir de nouveaux acteurs sur le marché, de nouvelles banques islamiques étrangères qui vont s’installer notamment du Moyen Orient, du Qatar, de Turquie ou même de la Malaisie ». Le représentant de l’ABEF a estimé que les sukuk, qui sont des obligations islamiques, pourraient avoir un impact positif sur le segment de la finance islamique en Algérie. Il a expliqué que les sukuk permettraient aux banques et aux compagnies d’assurance takaful de développer leurs investissements et de placer leurs trésoreries excédentaires. Il a également ajouté que les sukuk souverains, c’est-à-dire les obligations islamiques émises par le Trésor public, pourraient favoriser la création de banques d’affaires, qui sont les plus à même de gérer ce type de montages financiers. Il a également souligné la volonté de la communauté bancaire de former et d’investir dans le capital humain dédié à la finance islamique. Il a également mis l’accent sur l’importance de la communication et de la sensibilisation pour promouvoir la finance islamique auprès des larges franges de la société.
M. Seghilani