Au-delà de la gestion de ses relations géopolitiques au niveau international, l’Algérie a pris plusieurs mesures économiques, notamment en ce qui concerne l’organisation de ses importations par voie maritime, et toutes les conditions et exigences entourant l’acheminement assuré par les compagnies de transport étrangères.
En cette fin janvier 2024, l’Algérie vient d’interdire l’entrée sur ses ports de marchandises ayant transité par les ports marocains. Une décision qui intervient quelques jours après le refus de l’Algérie des opérations de domiciliation des contrats de transport qui prévoient un transbordement ou un transit par les ports du Maroc. De ce fait, les marchandises espagnoles devront de ce fait être acheminées vers l’Algérie, sans transiter par les ports marocains. Aussi douloureuse soit-elle pour l’économie marocaine, affaiblissant la position des ports marocains dans la région, elle demeure cependant bénéficiaire aux ports et à l’économie espagnole, compte tenu des profits à gagner en évitant certains itinéraires onéreux. Une décision qui n’est pas restée sans effet, puisque les deux grandes compagnies maritimes internationales à savoir « CMA-CGM » et « Maersk » ont modifié leurs routes maritimes pour les marchandises à destination des ports algériens.
« CMA-CGM » et « Maersk » se plient aux exigences algériennes
C’est ainsi que dans le cadre d’une réorganisation de ses services au service de l’Algérie, le groupe CMA CGM a annoncé, le 19 janvier que toutes les marchandises destinées à Oran, Mostaganem et Ghazaouet transiteront désormais soit via Algésiras, soit via Valence au lieu de Tanger. Cette annonce fait suite à la décision du 10 janvier dernier de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers d’Algérie (Abef), de refuser toute opération de domiciliation de contrats de transport prévoyant un transbordement/transit par les ports marocains. De même pour la société internationale « Maersk », qui a pris la même décision en réponse à la décision souveraine algérienne émise par l’Association Professionnelle des Banques et Institutions Financières d’Algérie à travers une instruction adressée aux responsables portuaires algériens précisant « de cesser l’importation de toute marchandise en transit en provenance des ports marocains et veiller à ce que les opérateurs économiques n’effectuent pas d’opérations d’expédition ou de transit par les ports marocains ». Maersk a également décidé de modifier ses routes maritimes vers les ports espagnols comme Barcelone, Algésiras et Valence pour ré-exporter ses marchandises vers les ports d’Alger, Skikda et Béjaïa.
L’approvisionnement sous contrôle
À cet effet, peut-on reprocher à l’Algérie d’avoir pris une décision souveraine et de vouloir gérer ses infrastructures en fonction de ses intérêts économiques ? Eu égard, également, aux enjeux sécuritaires et stratégiques, du fait que l’Algérie demeure un important importateur dans la région. Il est de ce fait plus que légitime d’avoir un regard sans faille sur la manière dont est acheminé le produit étranger à destination de l’Algérie. À ce juste titre, rappelons qu’en 2023, l’Algérie a importé pour plus de 41 milliards de dollars, un chiffre qui devrait atteindre 43,5 milliards de dollars en 2024, puis 47,4 milliards de dollars en 2025 et 47,4 milliards de dollars en 2026. Sans oublier l’expansion des ports en Algérie et la relance économique nationale, ayant entre autres, imposé au pays de s’assurer de la bonne marche de son approvisionnement, ouverture géographique oblige. Étant un acteur incontournable au niveau de la rive méditerranéenne, avec des perspectives commerciales et économiques considérables sur le plan africain, l’Algérie veut ainsi s’assurer de garder le contrôle sur tout ce qui entoure l’entrée, sur son territoire, de marchandises. Certes, la reprise des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne y est pour beaucoup dans l’adoption de toutes ces mesures, notamment en ce qui concerne l’exportation de gaz vers l’Espagne et tous les produits faisant l’objet d’un échange accru entre les deux pays. Il est donc logique que cette décision algérienne fasse réagir certains lobbies ennemis, qui se sont empressés de ressasser les différends entre l’Algérie et le Maroc. Notamment la rupture des relations diplomatiques en août 2021, la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains et au gazoduc Maghreb-Europe. Des décisions algériennes pleinement assumées, il faut le soulever. Mais en réalité, toutes ces nouvelles mesures économiques de l’État algérien, ne visent que l’intérêt national, loin de toute considération propagandiste contraire aux principes de l’Algérie.
Hamid Si Ahmed
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