La corporation des avocats des différents barreaux de la République ont marché, jeudi dernier, vers le siège du Conseil constitutionnel (CC), pour exiger le respect et l’application des lois. Arrivés sur les lieux, ils ont observé un rassemblement impressionnant pour accompagner la remise de leur lettre au président de cette Institution, Tayeb Belaïz, qui a refusé de recevoir la délégation des Robes noires, qui a fini par remettre la lettre de doléances à un représentant de l’administration du CC.
Leur action intervient en réponse à la demande exprimée par des millions de citoyens algériens, manifestant pacifiquement à travers le pays, depuis le 24 février dernier contre le 5e mandat et en faveur du changement. Si les avocats et magistrats sont sortis en nombre impressionnant en ce jour, c’est pour lancer l’alerte sur les conséquences gravissimes pouvant découler de toute violation des Lois de la République, en appelant avec insistance pour l’avènement d’un État de droit. Rencontrés sur place, les figures les plus en vue, du mouvement des robes noires nous ont fait les déclarations suivantes.
M. W.
RéACTIONS D’AVOCATS, MILITANTS POLITIQUES ET DES DROITS DE L’HOMME
Mustapha Bouchachi:
«C’est les avocats et magistrats qui défendent la souveraineté du pays, c’est eux qui défendent la loi et le respect des Libertés individuelles et collectifves. Nous ne voulons ni du 5e mandat, ni des élections présidentielles chaotiques pour le pays. Il faut aller vers une période transitoire qui devrait être dirigée par un gouvernement exécutif neutre, qui aura la charge, outre d’assurer la gestion des affaires courantes du pays, d’organiser des élections présidentielles transparentes et crédibles, dans un délai ne dépassant pas une année ». Poursuivant, au moment où ses collègues scandaient « Algérie Libre et démocratique » « non à la violation des Lois et la Constitution », maître Bouchachi, nous dira : « comme nous l’avons inscrit dans notre communiqué (celui publié mercredi dernier :NDLR), personne ne fait confiance à un système qui nous a habitué à la fraude, au non-respect de la volonté du peuple, à celui qui évoque à chaque fois d’aller sur des réformes mais seulement pour un gain de temps. Nous ne pouvons attendre de ceux-là qu’ils opèrent des réformes. Le peuple veut aller sur une autre voie et une autre étape, sans eux, car, le peuple algérien est convaincu que ces gens-là ne peuvent opérer aucune réforme. »
Mokrane Aït Larbi :
«Nous sommes des hommes de droit, et nous exigeons le respect de la Loi de la République, la candidature pour un 5eme mandat du Président Bouteflika n’est pas légitime. Tous les avocats qui sont sortis manifester exigent qu’on impose le respect de la Constitution, et surtout bâtir un État de droit. Je pense qu’il est temps de respecter la volonté du peuple. »
Zoubida Assoul :
«Les avocats se sont de tout temps engagés en faveur de la primauté de la loi, on est sorti en robe noire pour dire surtout que nous sommes avec et du côté du peuple, qui rejette le système et le 5eme mandat, qui est illégal et anticonstitutionnel. La solution pour faire sortir l’Algérie de cette crise est la continuité de l’action du peuple algérien, à travers ses manifestations pacifiques, traduisant son refus catégorique de ceux qui veulent à tout prix maintenir le 5em mandat et ce système, on ne peut pas accepter cela ». Poursuivant, elle nous a déclaré qu’ « Il y a un sentiment de honte et de déshonneur lorsqu’on nous dit on va présenter le président sortant pour un 5e mandat et je dis aux personnes qui sont derrière cette mascarade, dépourvues du sens de responsabilité en ces moments difficiles que vit le pays, qu’ils cessent de mépriser le peuple, qui est source de légitimité.»
Mohamed Ablaoui :
«Les avocats ont décidé de marcher aujourd’hui (jeudi dernier :Ndlr) et notre acte est d’ imposer le respect des Lois et de la Constitution de la République et exprimer notre volonté d’aller vers un État de droit. Nous sommes les enfants de ce peuple, et de là c’est tout à fait normal que nous soyons à ses côtés et avec lui. Les Algériens sont déterminés, ils manifestent pacifiquement leur refus du 5eme mandat et du système en place. Le peuple algérien veut aller vers une 2e République ou appelons-la autrement, il est clair qu’il veut le changement, par le départ du pouvoir en place. »
Propos recueillis par M. W.