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Législatives espagnoles : une victoire en forme de défaite pour le PP

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Les élections législatives espagnoles ont bouleversé l’échiquier politique de la péninsule ibérique avec l’arrivée en force au Parlement de deux jeunes formations, Podemos à gauche et les libéraux de Ciudadanos.
Même si le Parti Populaire de Mariano Rajoy , au pouvoir depuis 2011 arrive en tête avec 123 sièges il n’a pas la majorité suffisante et il est déjà à la recherche d’une difficille coalition. Il est vrai que dans une Espagne vaccinée contre le fascisme, Les Espagnols ont adressé un sévère avertissement aux formations traditionnelles, les conservateurs arrivant en tête des législatives mais perdant leur majorité absolue, et les socialistes deuxièmes talonnés par Podemos et les centristes de l’autre nouveau parti Ciudadanos. «Je vais tenter de former un gouvernement», a annoncé Mariano Rajoy, le chef du gouvernement sortant à ses partisans. «Il faudra beaucoup parler, dialoguer, arriver à des accords et je vais essayer», a-t-il insisté. l’Espagne, a martelé le responsable conservateur, « a besoin de stabilité, de sécurité, de certitude et de confiance ». Si le PP reste le premier parti d’Espagne (28,72 % des voix), avec 123 députés sur un total de 350 au Parlement, il est loin de sa confortable majorité actuelle de 186. Des résultats perçus avec une certaine angoisse par certains militants. «C’est un désastre, un désastre, sans Rajoy l’Espagne sombrerait dans le chaos», s’inquiétait l’un d’eux. «C’est une victoire du PP, mais il pourrait se produire quelque chose d’insolite en Espagne, que le vainqueur finisse par ne pas gouverner», a aussi estimé le professeur de sciences politiques Jordi Matas, de l’université de Barcelone. Même avec le soutien des 40 députés de la nouvelle formation libérale Ciudadanos, la quatrième force politique avec 13,9% des voix, le PP aura du mal à former un gouvernement. Ce scénario a en outre été exclu par Ciudadanos, qui a annoncé qu’il s’abstiendrait. Le Parti socialiste (PSOE) arrivé deuxième avec 22% des suffrages et 90 sièges, termine avec le pire résultat de son histoire. Son chef Pedro Sanchez a félicité le PP et Mariano Rajoy pour ses résultats, évoquant l’ouverture d’une «nouvelle étape de dialogue» en Espagne. Son hégémonie à gauche est menacée par Podemos et ses alliés, avec 20,66% des voix alors qu’il n’est né qu’en 2014. Le parti de Pablo Iglesias, un professeur de sciences politiques de 37 ans, émerge comme la troisième force politique, avec 69 sièges. «Une nouvelle Espagne est née qui met fin au système de l’alternance» entre le PP et le PSOE, s’est félicité Pablo Iglesias, en exigeant une réforme constitutionnelle pour garantir les droits au logement, à la santé et à l’éducation. Podemos, issu du mouvement des «Indignés» né en 2011 contre l’austérité et la corruption, a pris des voix aux socialistes, pendant que le libéral Ciudadanos, dirigé par l’avocat de 36 ans Albert Rivera, a semblé en prendre à la droite classique, mais sans doute aussi au PSOE. Les deux ont émergé à la faveur d’une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l’économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l’ensemble de l’establishment: partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille de l’ancien roi Juan Carlos.
Ils ont tout deux exigé une régénération démocratique. La stratégie de Mariano Rajoy, ayant fait campagne sur son «sérieux», n’a pas suffi à bloquer l’ascension de Podemos, populaire parmi les plus défavorisés et de Ciudadanos, préféré par les jeunes cadres. Podemos, qui n’existait pas il y a deux ans, a su faire des revendications des « indignados », qui en 2011 demandaient une démocratie plus représentative, un formidable tremplin politique. « Une nouvelle Espagne est née », a déclaré M. Iglésias. » . « Nous n’allons soutenir ni M. Rajoy ni M. Sanchez », a répété Albert Rivera, tête de file de Ciudadanos. Afin « d’éviter une impasse constitutionnelle » et la tenue de nouvelles élections, il a toutefois estimé« possible de gouverner en minorité et de conclure des pactes ponctuels, mais pour ça, il faut avoir du cran et je ne sais pas si M. Rajoy sera à la hauteur ». Ces élections sont aussi un échec personnel pour Mariano Rajoy, dont la communication n’a pas été le fort ainsi que son manque de charisme . Quoil qu’il en soit on assiste a un véritable bouleversement politique qui risque d’avoir des répercussions au delà de la péninsule ibérique.
M. Bendib

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