La campagne électorale a débuté jeudi passé sans pour autant qu’elle ne soit hissée au rang d’évènement national.
En effet, les deux premiers jours de la campagne électorale pour les élections législatives du 12 juin 2021 n’ont pas chamboulé le quotidien des Algériens. C’est du-moins le constat dans la capitale où la quasi-totalité des partis n’ont programmé des activés préférant la laisser à la fin de leur périple électoral. Hormis les panneaux d’affichage, avec un collage de photos encore une fois anarchique, l’ambiance et la compétition électorale sont loin d’être ressenties.
Il faut dire que cette course électorale vers l’hémicycle d’Alger est différente de ses précédentes sur un certain nombre d’aspects. Elle se déroule dans des conditions particulières d’une pandémie internationale (La Covid-19) ayant des répercussions sans précédent sur la santé publique, d’où la stricte limitation des regroupements et rapprochements entre les personnes. Il y a même eu menace de la part du président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, « d’annulation des meetings électoraux si le protocole sanitaire mis en place contre la propagation de la Covid-19 ne sera pas respecté ».
L’autre fait marquant c’est cette tendance inédite marquée pour la première fois par la domination de candidatures libres et hors le cadre partisan ; les indépendants. À ce titre, sur les 1 483 listes présentées, il y a plus de candidats indépendants (avec 837 listes) que ceux représentant des partis politiques (avec 646 listes), selon les chiffres officiels de l’ANIE. C’est dire qu’un grand nombres d’Algériens préfèrent encore garder leur distance avec les partis politiques, dont certains ont été secoués par d’innombrables scandales, après avoir servi – quatre décennies durant – d’appareils électoraux en raflant les sièges selon les critères d’allégeance et du quota.
Jusque-là, les activités éparses de cette campagne ont plutôt eu lieu dans les autres régions du pays : Ouest, Est et Sud. À titre indicatif, le secrétaire général de l’Alliance nationale républicaine a initié son programme à partir de Tiaret où son secrétaire général, Belkacem Sahli, a animé des meetings à Ksar Echellala et Frenda. Celui-ci s’est rendu hier à Tindouf. Le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdeslam, a donné le coup de starter jeudi depuis Mascara.
Les partis de la mouvance islamiste n’ont pas dérogé à la règle. Ainsi, le Mouvement de la société de la paix (MSP) a préféré commencer à partir des wilayas de Ouargla et El-Oued. D’autres rencontres sont au programme aujourd’hui , dont un meeting à Biskra . Son rival, le patron du Mouvement El-Bina a, lui, sillonné les wilayas de Biskra, Batna, Oum El-Bouaghi et Constantine. Son président se rendra aujourd’hui à Sétif. Le parti El Islah a, quant à lui, commencé sa campagne électorale pour les législatives du 12 juin prochain, par une rencontre avec ses partisans d’ Aïn Defla.
Les candidats appellent À aller voter en force
Les candidats engagés dans la course aux législatives du 12 juin ont été unanimes, jeudi et hier, à exhorter les citoyens à aller voter en force afin de contribuer au succès de ce scrutin et opérer le changement souhaité qui permettra, ils sont unanimes à le dire, « à préserver la stabilité du pays, ainsi que l’unité nationale ». Pour eux, c’est « l’unique moyen d’édifier l’Algérie nouvelle avec des institutions légitimes ».
À ce propos Sofiane Djilali, président du parti Jil Jadid a révélé que ces élections sont différentes de celles passées et constituent le début du changement. De son côté, le président de l’Instance chargée de la gestion des affaires du parti TaleÏ El-Houriat, Redha Benouenane, a considéré que les prochaines législatives représentent un prélude pour l’édification d’un État de droit et de la démocratie dans le pays, pour peu que les conditions idoines en soient réunies, appelant les citoyens à aller « en masse aux urnes ». Pour sa part, Le président du Front de l’Algérie nouvelle, Djamel Benabdeslam, a affirmé que son parti « avait choisi de participer à l’édification du pays pour la préservation de sa stabilité et travailler à son développement ». Le président d’El-Islah, Filali Ghouini, a indiqué que la confiance du peuple ne peut être acquise sur la base de « slogans creux ou de promesses comme par le passé », c’est pourquoi « il faut saisir cette occasion pour avoir une Assemblée nationale légitime », selon lui.
Les programmes quant à eux, non seulement ils se ressemblent mais ils ne dépassent pas aussi dans plusieurs cas, les critiques des « répercussions des exactions de la Îssaba », sans pour autant donner de mécanismes pratiques de sortie de crise, particulièrement les secteurs importants.
1er novembre et Palestine omniprésents
À défaut de réels projets pour la société et de propositions innovantes pour améliorer le quotidien des citoyens, les partis usent de sujets déjà appropriés par tous les Algériens depuis des décennies, la déclaration du 1er Novembre et la cause palestinienne. Le président du MSP, Abderezak Makri, a insisté sur le fait que « son parti et son programme trouvent leur référence en l’appel du 1er novembre ». Son rival du même courant politique a rappelé que la référence pour le Mouvement El-Bina demeure « la Déclaration du 1er novembre 1954 à travers laquelle les artisans de l’Indépendance ont esquissé la voie vers la souveraineté de l’État algérien ». Pour ce qui est de la cause palestinienne, Le président du Mouvement El-Bina, Abdelkader Bengrina, a indiqué, au premier jour, jeudi dernier, de sa campagne pour les législatives, qu’il avait enregistré « avec une grande fierté la fermeté et la bravoure dont a fait preuve le peuple palestinien lors du soulèvement de la mosquée El-Aqsa ». Il a dénoncé l’arrogance de l’occupant sioniste, révélant au monde l’étendue de sa barbarie et de son effusion de sang des civils, y compris les enfants et les femmes.
Lyes Ayoub