Pour les partis islamistes les élections législatives anticipées du 12 juin sont tout sauf banales. Ainsi pour le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Makri, ces élections constituent « une opportunité de changement et de réforme réelle des Institutions de l’État ». Plus que, puisqu’il estime que la participation de sa formation politique aux prochaines échéances électorales incarne une « opportunité pour un réel changement, pour le rassemblement et le consensus national », tout en mettant en garde contre les effets des « tentatives de fraude » et de création d’une classe politique d’en haut. Il qualifie l’acte de fraude d’une « aventure dangereuse et de trahison envers le pays », et ayant des conséquences pouvant aller jusqu’à l’effondrement de l’État ». De son côté, le président du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdallah Djaballah, estime que la participation de son parti à ces élections est « un devoir », en ce sens qu’elle permettra au parti de poursuivre son militantisme et contribuer à la présentation de solutions. Il compte ainsi amorcer le changement de l’intérieur. Le FJD œuvrait à « opérer le changement par l’action politique officielle et publique », a déclaré récemment Djaballah, affirmant que son parti aspirait à parvenir au pouvoir par le biais des élections et grâce à la confiance du citoyen, et ce en concrétisation des principes du parti qui visent à « protéger les constantes nationales et opérer une réforme politique globale ». Abdelkader Bengrina, président de l’autre parti islamiste El Binaa, garde toujours en mémoire les résultats obtenus lors de la présidentielle du 12 décembre 2019 où il était arrivé en deuxième position loin derrière le président actuel, Abdelmadjid Tebboune. Bengina compte rééditer son exploit lors des législatives du 22 juin. C’est surtout qu’il était l’un des premiers politiques à avoir déclaré sa flamme pour les prochaines joutes électorales. Il a appelé d’ailleurs à « une alliance pour la gestion du pays par toutes les forces nationales ayant prouvé leur efficacité sur le terrain et qui ne sont pas impliquées dans les attaques contre les constantes nationales ». Face au courant islamiste, figurent les partis proches du pouvoir : le FLN et le RND. Jusqu’à un passé récent ces formations politiques étaient les seules maîtres à bord. Ils décident de tout. Plaçant et remerciant des ministres, et autres hauts responsables, orientant la politique générale du pays avant que le mouvement populaire du 22 février 2019 ne décide autrement. Emportés par la révolte populaire, ils étaient pour longtemps réduits à de simple spectateurs comme l’atteste le scrutin présidentiel remporté par Tebboune. Ils n’avaient pas pesé lourd dans cette élection. Ils tentent désormais à la lumière des prochaines élections de se refaire une virginité et de se repositionner. Ils ne cessent d‘ailleurs jamais de le répéter qu’ils sont toujours les premières forces politiques du pays. Ils promettent alors un retour en force à l’occasion du futur scrutin législatif. UNE AUBAINE À NE PAS RATER Les démocrates, pour ne citer que le PT, RCD et le FFS, s’étant alignés contre les prochaines élections législatives, celles-ci vont ainsi se jouer entre les partis du pouvoir et leurs satellites dans la société civile et les partis islamistes légaux, notamment les MSP, Binaa, Nahda, El Islah, El Adala.
Brahim Oubellil