Les partis islamistes se frottent déjà les mains à l’idée de remporter la majorité des sièges de la future Assemblée populaire nationale. Et si les formations politiques représentant ce courant exultent déjà, les démocrates et ceux qui se réclament du camp de la modernité, continuent de se crêper le chignon et de jouer des partitions discordantes qui relèguent au loin l’idée d’une convergence des forces démocratiques. Bengrina, qui se veut le nouveau porte étendard du courant islamiste, annonce que son parti sera la première force politique après les élections du 12 juin. Cet optimisme il le tient de l’observation de la scène politique qui est en train de subir un émiettement. Les grosses pointures telles que le FLN et le RND seront, théoriquement, les grands perdants de la prolifération des listes d’indépendants qui ont préféré se départir de toute casquette partisane pour « tenter le coup » d’une élection. De plus, ces deux partis trainent le lourd héritage de deux décennies de Bouteflikisme qui en a fait des appareils et de simples coquilles vides aujourd’hui chargées, par la grande majorité de la population, de tous maux que vit le pays. Bengrina, se place déjà comme l’élément moteur d’une possible coalition des partis islamistes. Il annonce la couleur en faisant miroiter à ses pairs des autres partis islamistes l’éventualité d’une large majorité qui regrouperait les formations de Makri, Djaballah, Ghouini et les indépendants partageants la même idéologie politique. L’assurance que laisse transparaitre Bengrina devrait pousser les partis dits du courant démocratique à réviser leur lecture de la scène politique. Leur retrait des prochaines législatives ouvre grand, pour les islamistes, le chemin vers l’hémicycle. En renonçant à se lancer dans la course, ils ont ouvert la voie à un duel entre les partis de l’exmajorité présidentielle et les islamistes. La bataille, même si elle échappera, pour cette fois, à la loi des quotas, ne sera pas exempte de tout reproche puisque, traditionnellement les formations du courant islamiste jouent toutes les cartes pour rafler la mise. L’histoire des votes remportés par le Fis dissous résonne encore comme un sérieux avertissement qui devrait pousser les démocrates à faire front commun pour éviter que l’hémicycle ne soit un champ de guerre pour les monarchies du Golfe ou pour les partisans du président Turc, Tayip Erdogan. La conjoncture actuelle et les menaces qui pèsent sur le pays auraient dû pousser toute la classe politique, des différents bords, à mettre en place un front interne. La mosaïque politique que pourraient sécréter les législatives du 12 juin prochain laisse supposer que l’APN sera une arène où se disputeront les idéologies et non les programmes politiques. Les petits partis qui sont tous tentés par une représentation au niveau de la chambre basse du parlement ne pourront pas faire le poids devant la « machine de guerre » que s’apprêtent à mettre en branle Bengrina et ses frères de même couleur politique. Et cette élection pourrait profiter aux islamistes qui savent comment mobiliser leur électorat au moment où le courant démocrate, par ses appels répétés au boycott depuis des années, a créé un phénomène de désaffection dans la société qui avait profité, par le passé au FLN et son « enfant » le RND et qui va profiter pour cette fois aux formations du courant islamiste.
Slimane B.