C’est avec un retard patent et l’espoir vain de voir la ministre de tutelle, Nouria Benghebrit, débarquer que se sont poursuivis, hier à Alger, les travaux du 3e congrès national du Syndicat national des travailleurs de l’Éducation (SNTE). Organisé au sein du lycée qui porte le nom de la mythique martyr de la Révolution Hassiba Ben Bouali. Le congrès se proposait de renouveler le secrétariat national du syndicat et de procéder aussi à la réélection de son secrétaire général. Cependant, force est de constater qu’une certaine agitation prévalait parmi les congressistes même si à mots couverts, il nous aura été signifié que le secrétaire général actuel, Abdelkrim Boudjenah, sera sans aucune surprise reconduit pour un mandat de cinq ans à la tête du SNTE, un syndicat qui fête ses quinze années de lutte. «Je suis adhérent UGTA et ma présence ici se justifie, parce que je suis un travailleur du secteur de l’éducation», nous a déclaré en aparté et sous le coup de la confidentialité un conseiller à l’éducation ayant requis l’anonymat. Le SNTE active sous le label de la Centrale syndicale de Sidi-Saïd, a-t-il opiné. Interpellé sur le foisonnement d’une multitude de syndicats qui activent au sein de ce secteur, notre interlocuteur n’a pas ouvertement dénigré la représentativité de ces syndicats ni trop voulu s’appesantir sur le travail en solo du Cnapest. Le secteur de l’Éducation et celui de la Santé sont des secteurs sensibles, a-t-il fait observer tout en faisant montre de ses doutes quant à la capacité de Nouria Benghebrit de gérer le secteur. Un autre interlocuteur, délégué de wilaya au congrès du SNTE, a lui aussi refusé officieusement de critiquer la démarche du Cnapeste, se contentant tout juste de mettre en avant que le travail des personnels de l’Éducation, tous corps confondus, mérite reconnaissance.
De leur côté, les autres organisations professionnelles du secteur, regroupées désormais au sein de la Coordination des syndicats de l’Éducation (CSE), ont fait fort de se réjouir de la tenue de cette rencontre et ont apporté un soutien qui ne saurait souffrir d’équivoque aux congressistes. Le discours le plus percutent aura été celui de Achour Idir, coordinateur du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). «Je serais venu-au congrès- [NDLR] même sans invitation », a-t-il dit, martelant que les travailleurs de l’éduction sont l’essentiel. Achour Idir n’a pas manqué aussi d’appeler à la mobilisation en faveur de la concrétisation des revendications qui restent encore en suspens. Le secteur de l’éducation vit différentes crises, a-t-il enchaîné relevant l’incompétence des responsables mais aussi le faible pouvoir d’achat des travailleurs ou encore l’iniquité qui subsiste entre les différents corps du secteur. Mais il a tout de même reconnu une crise sur le plan pédagogique. Sadek Dziri, président de l’Unpef, s’en est allé avec un discours durant lequel il a qualifié les travailleurs de l’Education comme des militants et des moudjahidine dans le sens, a-t-il expliqué, où les travailleurs militent en faveur des générations à venir. Laghlid Belamouri, le représentant du Snapap, a plaidé pour plus de communion afin de dépasser les différences existantes entre les différentes organisations syndicales qui, a-t-il tenu à expliquer, ne divergent que dans les formes de la lutte. Intervenant à son tour, Meziane Meriane, du Snapest s’est déclaré honoré d’être invité au congrès mais a surtout affiché lutter pour une union des syndicats autonomes du secteur de l’Éducation. Sur sa lancée, il a fustigé l’incompétence de certains responsables du secteur.
Quant à lui, le secrétaire général du SNTE, Abdelkrim Boudjenah, aura prononcé dans l’allocution d’ouverture des mots de bienvenue aux congressistes et aux invités tout en soulignant que la rencontre qui a réuni les militants du SNTE se déroule à l’occasion d’une journée particulière en ce qu’elle se tient après que les travailleurs de l’éducation aient arraché beaucoup plus d’acquis. Mais il aura surtout axé son intervention en mettant en garde contre les luttes corporatistes qui sont sournoisement répercutées et, répétant comme un leitmotiv les concepts de lutte, démocratie et syndicales, il a martelé que les revendications des syndicats de l’Éducation sont légitimes. La gageure de la tenue du 3ème congrès du SNTE se concrétise dans une conjoncture particulière à laquelle est confrontée l’Algérie, a-t-il enchaîné tenant à cœur d’appeler l’ensemble de travailleurs du secteur à tisser encore des liens solides dans l’optique des luttes syndicales et ce, a-t-il rappelé, pour exiger et continuer à exiger des revendications. Et pour Abdelkrim Boudjenah de ressasser les trois principes fondamentaux du syndicat, à savoir unité, démocratie et liberté syndicales. Le SNTE s’emploie à concrétiser l’unification réelle et véritable de l’activité syndicale, a-t-il souligné tout en faisant un point d’honneur à signaler que doit être inclus le respect dû à l’opinion de la minorité. Le congrès national du SNTE se déroule les 21, 22 et 23 mars en cours au Lycée Hassiba Ben Bouali de Kouba à Alger. Le syndicat, qui compte une quinzaine années de luttes syndicales, a élu en guise de slogans ceux de «SNTE : syndicat libre, uni et unifié » et pour le congrès la parabole de «Pour le soutien de l’activité syndicale et la défense des acquis des travailleurs».
Le conclave se déroule tout juste après que les syndicats du secteur et la tutelle soient parvenus à un accord mettant fin à un peu plus d’un mois de grève. Les autres syndicats du secteur de l’Éducation, à savoir l’Unpef, Snapap, Snapest, Cla et Satef n’ont pas raté l’invitation qui leur a été adressée. Sollicités, les représentants des différents syndicats ont également évoqué les questions pédagogiques. En premier lieu, ils étaient unanimes à rétorquer que l’application du principe du seuil de cours était un mal nécessaire puisque, ont-ils expliqué, l’on ne pouvait raisonnablement pas examiner les candidats aux différents examens du cursus scolaire sur des sujets qu’ils n’ont pas suivis. En ce qui les concerne, ils proposent de libérer les élèves des classes d’examens pour la deuxième semaine des vacances de printemps quitte à ce que les cours à rattraper se déroulent les samedis.
Mohamed Djamel