La diffusion récente d’une série télévisée mettant en scène une soldate de l’entité sioniste sur la chaîne publique marocaine « 2M » continue de susciter une vague d’indignation chez les Marocains qui, faut-il le rappeler, ne cessent de rejeter la normalisation avec l’entité sioniste.
L’implication des médias marocains, dont ceux du secteur public, dans la promotion de la normalisation de surcroît en pleine agression barbare de l’occupation sioniste contre Ghaza révèle le rôle de premier plan joué par le Makhzen dans les choix éditoriaux. Dans la foulée, les médias marocains ont épousé le récit sioniste dans le but de redorer l’image entachée de sang des soldats israéliens qui continuent à faire le tour du monde depuis plus d’un an maintenant. Ainsi, le 28 septembre dernier, soit peu avant la date marquant un an d’agression sioniste barbare contre les Palestiniens de Ghaza, la chaîne publique « 2M » a diffusé une série faisant la promotion d’une actrice israélienne d’origine marocaine, connue pour être une soldate sioniste et fervente soutien à l’armée d’occupation de la Palestine. Depuis lors, le scandale continue à soulever un tollé au sein de l’opinion marocaine et même au-delà. L’apparition à l’écran d’une chaine publique d’une soldate sioniste, en plein génocide des Palestiniens par l’armée coloniale a choqué les Marocains. Ils qualifient ce produit télévisuel de provocation d’autant plus qu’il a été diffusé dans le contexte de la solidarité du peuple marocain avec la cause palestinienne tout en refusant les Accords d’Abraham consacrant la normalisation et décidée sous les auspices du Roi Mohamed VI. Pour Aziz Hannaoui, membre de l’Observatoire marocain de lutte contre la normalisation, « il ne fait aucun doute que cette diffusion vient en application d’une stratégie de propagande visant à embellir l’image des sionistes, notamment ceux d’origine marocaine ».
La chaine TV « 2M » dans le collimateur de l’opinion marocaine
Les critiques ne se limitent pas à l’apparition d’une simple actrice israélienne d’origine marocaine, mais à la normalisation avec l’entité sioniste, orchestrée par les médias du royaume de M6 sous la supervision du Makhzen via ses institutions dont le Gouvernement. Cette série n’est pas un cas isolé dans les médias marocains. Depuis la signature des accords de normalisation en 2020 par le gouvernement du parti islamiste PJD, « il est constaté une recrudescence de contenus favorables à l’occupant sioniste, frappant de plein fouet la cause palestinienne », a-t-on dénoncé parmi l’opinion publique. Cette tendance suscite une colère croissante au sein de la société marocaine, qui voit dans ces productions et promotion du système colonial israélien « une tentative de manipuler l’opinion publique en faveur de la normalisation ». Une démarche qui s’avère vaine sachant que les Marocains défilent, depuis 2020, contre la normalisation et davantage encore depuis la guerre sioniste contre Ghaza. En réalité, les chaînes publiques comme « 2M », directement influencées par les orientations du Makhzen, jouent un rôle clé dans cette stratégie visant à orienter l’opinion marocaine vers la normalisation avec Israël. Les émissions, films, et maintenant séries télévisées qui distillent des références sionistes d’une manière subtile pour introduire et faire accepter la normalisation dans le quotidien. Mais, cette entreprise perfide est vouée à l’échec, puisque le peuple marocain est foncièrement contre l’occupation israélienne en Palestine comme position enracinée profondément, historiquement, politiquement, culturellement…dans la société.
«J’espère que ces missiles frapperont les Palestiniens»
La diffusion de cette série, en plein crime de guerre à Ghaza, apparaît comme un acte de provocation pour non seulement de nombreux militants marocains pro-palestiniens mais la majorité des Marocains, qui sont par millions dans les rues, chaque week-end, en soutien à la cause palestinienne. La soldate Eva Kadosh, dans un jeu de rôle, loin d’être une simple comédienne, est connue comme une fervente promotrice de l’armée sioniste, via ses publications contre Ghaza et le peuple palestinien. Sa photo publiée sur son compte Facebook, avec le chef d’état-major de l’armée sioniste et un officier du Mossad, comme l’a rappelé le militant marocain Aziz Hannaou, en est la preuve. Aussi elle a été jusqu’à publier des images de missiles de l’armée coloniale sioniste avec la légende « J’espère que ces missiles vous frapperont directement ». Pour le même militant, « cette femme qui prétend résider à Marrakech, vit en réalité en Palestine occupée et n’a obtenu sa carte d’identité nationale marocaine et son passeport marocain qu’à la mi-2022 ». Pour sa part, l’Observatoire marocain de lutte contre la normalisation a d’ailleurs documenté ces publications avant leur suppression des réseaux sociaux. Ce n’est donc pas simplement une question de casting, mais bien une tentative de légitimer, par le biais de la télévision marocaine, une figure sioniste d’origine marocaine soutenant activement l’occupation israélienne. Pour de nombreux observateurs, cette série est un affront direct qui vise le peuple marocain attaché avec détermination à la cause palestinienne.
Le front contre la normalisation maintient le cap
Face à cette situation, plusieurs organisations marocaines de soutien à la Palestine appellent au maintien de la mobilisation. Le Front marocain de soutien à la Palestine et de lutte contre la normalisation a annoncé la tenue d’une manifestation devant le siège de « 2M» à Rabat, pour exiger « l’arrêt immédiat » de la diffusion de la série en question. Cette initiative s’ajoute à une série d’actions similaires menées depuis 2020, avec l’objectif de contrer ce que les militants et une large opinion marocaine considèrent comme une « normalisation rampante ». Pour Mustafa El Fane, journaliste marocain, la diffusion de cette série « est symptomatique d’une volonté délibérée » de Rabat de tourner le dos à la volonté des Marocains et du maintien du cap de la normalisation avec Israël, malgré l’opposition populaire. « Cette série est un message. Elle invite les israéliens d’origine marocaine à revenir, en insinuant que les Marocains s’empareront de leurs biens s’ils ne le font pas », a-t-il averti. La question qui se pose désormais est de savoir jusqu’à quand le Makhzen persistera dans cette stratégie perfide ? Jusqu’à quand encore ses médias continueront à accepter d’être instrumentaliser au service de la propagande sioniste et contre le peuple marocain ? Ceci, au moment où la contestation populaire contre la normalisation ne cesse de prendre de l’ampleur.
Mohamed Amine Toumiat