Alors que les enquêtes sur le « Marocgate » et du logiciel espion Pegasus n’ont pas encore livré tous leurs secrets, voilà qu’en Allemagne, un retentissant procès mettant en cause les services secrets marocains vient de s’ouvrir.
Il s’agit du procès d’un ressortissant marocain, âgé de 36 ans, accusé d’avoir espionné des membres du Hirak installés à Düsseldorf en Allemagne ont indiqué des médias locaux.
Le procès s’appuie sur un acte d’accusation déposé par le parquet fédéral Allemand pour espionnage et activités de renseignement au profit de pays étrangers. Le principal suspect a reconnu devant le tribunal régional supérieur de Düsseldorf qu’il avait transmis des informations sur des militants du mouvement du Hirak au Maroc installés en Allemagne. Il faut préciser que le mouvement Hirak a vu le jour en 2016 dans la région d‘El Hoceïma au lendemain de la mort d’un vendeur de poisson broyé par les mors d’une benne à ordure alors qu’il tentait de s’opposer à la saisie de sa marchandise dans la région d’Imzouren. L’indignation qu’avaient suscitée les images relayées sur les réseaux sociaux et reprises par certaines chaines mondiales de télévision ont poussé des militants des droits de l’Homme à s’organiser pour dénoncer cet acte barbare et réclamer justice pour la victime. La vague de répression qui avait suivi les actions de protestation ont poussé certains militants du mouvement Hirak à se réfugier en Europe.
Dans sa déposition devant le tribunal, l’accusé a indiqué que, « j’ai soutenu le mouvement de protestation du Hirak depuis l’Europe en tant que blogueur, en publiant des informations critiques sur ma page Facebook ». Il a également expliqué qu’au début de l’année 2020, il s’était rendu au consulat général du Maroc à Düsseldorf pour obtenir un certificat de bonne conduite afin de pouvoir se rendre dans son pays. Selon l’acte d’accusation, un agent des services secrets l’a alors contacté et recruté. Depuis lors, il a recueilli et transmis des informations sur des membres de l’opposition, comme on le lui demandait, en échange d’indemnités de voyage de près de 5 000 euros.
Il a été arrêté le 14 novembre 2022 à son domicile dans l’ouest de l’Allemagne et est en détention depuis. Le parquet fédéral allemand avait alors annoncé qu’un ressortissant marocain a été arrêté dans la région de Cologne (ouest), « fortement soupçonné » d’avoir espionné les partisans d’un mouvement de contestation ayant agité le nord du Maroc en 2016-2017, au profit des services de renseignement marocains.
Le procès qui s’est ouvert pourrait lever le voile sur les pratiques du Makhzen et des services secrets marocains qui ont les mains encore tachées par le sang de l’opposant Mehdi Ben Barka, assassiné en France avec le soutien d’éléments français de l’ex-SDECE et dont la dépouille n’a jamais été retrouvée à ce jour.
Slimane B.