«Sous nos yeux, le continent africain devient un nouveau centre de pouvoir, son rôle politique et économique croît de manière exponentielle », a déclaré, cité par l’agence Sputnik, le président russe, Vladimir Poutine, lors de la session plénière du Sommet Russie-Afrique, ce vendredi. « Chacun devra tenir compte de cette réalité objective », a-t-il ajouté, sans doute à l’adresse des pays occidentaux ex-colonisateurs et à leurs soutiens. Il a fait observer que certaines manifestations de néocolonialisme ne sont pas toujours éliminées et sont pratiquées par certaines métropoles notamment dans les domaines économique, de l’information et humanitaire. La situation est instable dans de nombreuses régions africaines, il s’agit d’un lourd héritage du colonialisme, du principe « diviser pour régner », a-t-il précisé. Les positions de la Russie et de l’Afrique sur les problèmes internationaux sont très proches ou identiques, a indiqué le président russe, citant le rejet des sanctions unilatérales et des mesures de restriction « punitives » contre des États. Le président Poutine a rappelé que les idéaux de liberté, d’honnêteté et de souveraineté sont des principes qu’avaient les leaders des pays africains. Ils sont importants aujourd’hui, lorsque le monde multipolaire est en train de se former, a ajouté le président russe. « En Russie, on garde la mémoire et on honore les fils éminents de l’Afrique. Je les nommerai, chers amis. Nous ne devons pas les oublier. Je citerai les noms de Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser, Nelson Mandela, Ahmed Ben Bella, Omar al-Mokhtar, Kwame Nkrumah, Samora Machel, Léopold Senghor, Kenneth Kaunda, Julius Nyerere. Nous n’oublions pas non plus d’autres combattants africains pour la liberté et dirigeants nationaux africains. Animés par les principes de justice et d’égalité, ils ont fermement défendu une voie de développement indépendante pour leur peuple, souvent au prix de leur vie », a-t-il déclaré au deuxième Sommet Russie-Afrique qui s’est déroulé les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg. Il a comme devise « Pour la paix, la sécurité et le développement ».
Les actes
En direction de l’Afrique, la Russie ne lance pas que des paroles. Ainsi, selon l’agence Sputnik, Moscou a annulé les dettes de pays africains pour un montant total de 23 milliards de dollars, a fait savoir Vladimir Poutine et 90 millions de dollars seront encore accordés à la demande de pays d’Afrique. La même source rapporte la promesse que la Russie continuera de former des militaires et des policiers de pays africains dans ses écoles supérieures. À ce propos, il a souligné que la Russie prône la coopération entre États d’égal à égal et non pas l’isolement. Pour le président Poutine, les pays devraient défendre leur souveraineté et participer activement à la mise en place d’un système multipolaire fondé sur l’égalité des États. »Je suis convaincu que la Russie et les pays africains sont complètement solidaires à ce sujet. » Il a en outre souligné que Moscou serait toujours un fournisseur responsable de produits agricoles. «Dans trois mois, nous serons prêts à envoyer à titre gratuit au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Erythrée 25 à 50 000 tonnes de céréales», a déclaré le président russe. Il a notamment commenté les livraisons ukrainiennes dont une infime proportion, d’après les chiffres de l’ONU, a finalement été livrée aux pays le plus dans le besoin. Les participants africains au Sommet se sont félicités de l’attention que la Russie accorde à notre continent. « On sent renaître avec beaucoup de garanties. On sent que nous allons garantir à notre Afrique, notre pays et notre continent un avenir rassurant », a déclaré Bonaventure Mvondo Assam, vice-président de la commission de défense et sécurité de l’Assemblée nationale camerounaise, cité par Sputnik qui relève que le fait que cet avenir aura lieu dans un monde multipolaire lui redonne de l’assurance : « Le monde multipolaire, c’est un nouveau monde. C’est un monde qui garantit l’avenir de nos enfants… Et le fait que ce soit justement la Russie qui nous l’apporte nous donne encore une grande assurance et une grande confiance ».
M’hamed Rebah
