Les pouvoirs publics ont décidé de sévir face aux proportions prises récemment par les accidents de la route. C’est ce qui ressort du Conseil des ministres tenu ce dimanche, dont un des points à l’ordre du jour a concerné la sécurité routière.
Pour le Président Abdelmadjid Tebboune, les accidents de la route exigent une solution coercitive. Autrement dit : l’application des peines les plus lourdes pour les cas de non-respect avéré du Code de la route, une infraction qualifiée de crime ; le contrôle technique des véhicules de transport chaque trois mois ; le renforcement du contrôle sur les sociétés de transport par bus, à travers l’impérative rotation de conducteurs pour les longs trajets et le retrait du registre de commerce aux sociétés contrevenantes ; l’application des peines les plus lourdes à l’encontre des parties impliquées dans la délivrance de permis de conduire aux candidats non qualifiés. Alors que les campagnes de sensibilisation aux accidents de la circulation et à l’importance de respecter le code de la route n’ont pas manqué durant ces dernières années, des accidents de la route spectaculaires et surtout mortels continuent d’alimenter les lourds bilans établis par les services concernés, révélant l’existence d’une délinquance de masse derrière ce que tout le monde appelle le «terrorisme routier» et qui est responsable de l’insécurité routière. Prendre la route au volant de sa voiture est devenu dangereux, et voyager dans un bus ou un taxi collectif est tout aussi risqué. Il faut aller vers des sanctions sévères et sans complaisance comme cela se fait partout ailleurs dans le monde. Le problème doit également être traité en amont en agissant sur les causes. Il y a des facteurs qui sont négligés alors qu’ils sont déterminants dans les accidents : d’abord l’apprentissage et la formation (mise à niveau des autos écoles), mais aussi l’environnement (la signalisation, l’état des routes, l’éclairage,…) ainsi que le véhicule, surtout les poids lourds et les véhicules de transport en commun (les points de contrôle doivent être durcis et le recrutement de chauffeurs doit être fait sous l’angle de la prévention des accidents de la route). Les bus du secteur privé, dont l’état délabré est visible à l’œil nu, sont souvent conduits par des chauffeurs qui ne cachent pas leur insouciance et leur inconscience, irresponsables, vis a vis des voyageurs, dans les villes ou sur les longues distances. La rotation des conducteurs impose aux sociétés de transport, notamment le privé, de recruter pour pouvoir répondre à cette exigence. Il faut sévir contre ceux qui sèment la mort directement sur les routes mais sévir aussi lourdement contre ceux qui, par la corruption (tchippa) et les liens de connaissance, familiaux et le « piston », délivrent des permis de conduire à des candidats non qualifiés après examen, voire à des pseudo-candidats qui n’ont pas mis les pieds dans une école de cours de conduite. Il y a aussi les cours de formation pour ceux ayant obtenu leur permis, sans conduire pendant des années. Cela est valable pour les motos, nouveau phénomène qui vient s’ajouter à la problématique de l’insécurité routière. Les dégâts en pertes humaines et matérielles sont colossaux, en plus des milliers de victimes qui échappent à la mort mais restent handicapées à vie, lourd fardeau pour elles et pour l’Etat. Avec le mot « sanction », l’autre maître mot est « contrôle », sur les routes, partout. Les chauffards savent qu’ils peuvent échapper au contrôle sur de grands tronçons. Et s’ils sont «pris», ils comptent sur la complaisance des agents chargés de verbaliser. L’informel a imposé dans tous les domaines de la société, le non-respect de la loi qu’il pratique dans ses activités commerciales, jusqu’à banaliser l’incivisme et le désordre sur la voie publique par des comportements de défi flagrant vis-à-vis de ceux qui sont chargés de faire respecter l’ordre public. Quand ces comportements sont impunis, cela laisse penser qu’ils sont autorisés (motos et voitures aux pots d’échappement bruyants, stationnement sur le passage clouté ou en double file, circulation à motos en sens interdit en plein centre d’Alger, radio à plein volume y compris la nuit,…)
M’hamed Rebah