Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réuni, hier, au Centre internationale de conférence de Club des pins à Alger, les opérateurs économiques algériens lors d’une rencontre organisée sous la férule du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). Placé sous le slogan « 2025, année du succès économique », cette rencontre a vu la participation de membres du gouvernement à leur tête le Premier ministre, des cadres de l’Etat, des représentants du corps diplomatique accrédité à Alger ainsi que des dirigeants et membres d’organisations patronales nationales.
Dans une allocution prononcée à cette occasion, le président de la République a, d’emblée, indiqué que cette réunion décisive est désormais instaurée comme une tradition annuelle, exprimant le vœu d’aborder son deuxième mandat à la tête de l’Etat avec l’espoir d’atteindre, avec les efforts et le concours des opérateurs économique, le statut de pays émergent. « Nous devons tous nous mobiliser, qu’ils (opérateurs, Ndlr) soient ici présents ou à l’étranger, pour atteindre un PIB de 400 milliards de dollars, au plus tard à fin 2027 », a-t-il rappelé un engagement pris durant la campagne électorale pour les présidentielles du 7 septembre 2024. Adossé à cet objectif, une croissance économique située stable autour de 4%.
Investissement : 13.712 projets de 6.000 milliards DA
Au volet investissement, le Président a fait état de l’enregistrement, au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), de 13.700 projets d’une valeur de 6.000 milliards de dinars. « Je vous demande de redoubler d’efforts et vous remercie pour tout ce que vous faites », a affirmé le Président à l’égard des opérateurs économiques, soulignant que le développement passe par l’augmentation de la part de l’industrie dans le Produit intérieur brut à un niveau compris entre 13 et 14 %. Actuellement, notant le, ce secteur contribue de 6 à 7 %. « L’Algérie devient une destination pour les investisseurs étrangers », a jouté le Président, soulignant que la prochaine étape concernant l’investissement, étant de créer un climat propice à l’industrie et d’aller vers une nouvelle génération d’homme d’affaires pour tourner définitivement le passé douloureux marqué par la corruption et la gabegie. « Il faut compter sur la jeunesse algérienne et ses institutions émergentes, car leurs mains sont propres et elles sont sur le point de faire de belles réalisations », a-t-il exhorté.
Commerce extérieur : fin de l’Algex, deux agences spécialisées en replacement
Abordant le commerce extérieur, notamment les exportations hors-hydrocarbures, le président a déclaré « la fin » de mission pour l’Algex (Agence nationale de promotion du commerce extérieur), estimant que celle-ci représente un facteur de blocage pour les exportateurs. L’annonce de la dissolution de cette agence a été suivie d’un tonnerre d’applaudissement par l’assistance. En ce sens, le gouvernement est tenu de créer deux organismes avant la fin du mois de mai, l’un destiné à réguler les importations et l’autre à réguler les exportations.
Par ailleurs, le président a fait observer qu’à la faveur des réformes économiques, il y a eu un mouvement économique qui a fait passer l’Algérie de la sur-facturation à la sous-facturation. Toutefois, des pratiques frauduleuses sévissent, donnant l’exemple des dattes algériennes qui sont exportées à l’étranger pour la modique somme de 40 dinars. « C’est est un crime contre l’Algérie », dénonce vigoureusement le Président pointant du doigt des opérateurs véreux qui cherchent la moindre faille pour verser dans les pratiques frauduleuses. Face à cette situation, le Président suggère : « Les exportateurs devraient mettre en place une entité chargée de l’exportation pour réglementer leurs transactions d’une part et pour établir la transparence dans leurs opérations d’exportation d’autre part. » Tout en reconnaissant à l’homme d’affaires le droit de défendre ses intérêts, le Président le rappelle au devoir noble de défendre aussi et surtout son pays. « C’est votre réputation qui est en jeu », a-t-il indiqué à l’égard des opérateurs économiques. Par ailleurs, le président a rappelé son engagement de faire de l’Algérie « une puissance économique et la première économie africaine. »
Un guichet unique pour l’investisseur
Rebondissant sur la question de l’investissement, il a déclaré que « l’État n’intervient pas dans la vente de terrains d’investissement, mais contribue plutôt à faciliter l’accès au foncier pour faire avancer les projets. L’acte d’investissement doit être libéré et le concept de guichet unique ainsi que les prérogatives de l’Agence algérienne de promotion des investissements doivent être comprises et assimilées. Il faut en finir avec les contradictions qui existent entre l’enregistrement par l’AAPI de dizaines de milliers de projets, alors que les terrains fonciers nécessaires à leur réalisation ne sont pas disponibles. », a suggéré le Président, annonçant la création d’un guichet unique au sein de l’AAPI. « Le guichet unique est la solution radicale au problème du foncier d’investissement, et il n’appartient pas à l’AAPI de le résoudre. » Concernant le phénomène de la spéculation qui semble toujours avoir la peau dure, le président regrette qu’une question relative à la flambée du prix de la pomme de terre, par exemple, soit un sujet abordé par le Président de la République en personne. « Personne ne m’obligera à importer la pomme de terre, nous devons contrôler ses prix », a-t-il affirmé à ce sujet.
Abordant, encore une fois, les indicateurs positifs de l’économie nationale, le Président a fait savoir que les pays qui critiquent l’Algérie à ce sujet ne peuvent pas réaliser de telles performances économiques. « Des pays étrangers nous envient ces chiffres (4,1% croissance), premier taux de croissance en méditerranée que les pays européens n’ont pas réalisé », a-t-il fait remarquer. Il rappelle également les critiques systématiques des institutions financières comme le FMI qui, aujourd’hui, distribuent de bonnes notes concernant l’économe algérienne. « Cette année, nous avons économisé 1,2 milliards de dollars et atteint 81 % d’autosuffisance en blé dur », a-t-il donné comme chiffre pour étayer ses propos.
Créer des banques privées
S’adressant aux opérateurs, il les a invités à « créer vos propres banques afin d’avoir une plus grande présence dans la gestion. Il y a beaucoup d’argent stocké dans les sous-sols. Investissez-le dans la création de banques privées. » Tout en rappelant que l’Etat a accompli sa mission en procédant à l’ouverture du capital de banques publiques. D’autre part, il a aussi invité à créer des entreprises dans le domaine du transport maritime. Sur les projets structurants, il a fait savoir que d’ici la fin de cette année, le projet du chemin de fer concernant le transport du minerai de fer de Gara Djebilet aura atteint la wilaya de Béchar.
Pour le ciment, l’Algérie a atteint une production annuelle de 41 millions de tonnes, mais les exportations « doivent être réorganisées ». « L’État est en train d’améliorer sa situation, et vous devez également améliorer la vôtre », a-t-il dis à l’égard des opérateurs économiques. « Avec Algex et ses dinosaures, l’Algérie a réussi le miracle d’exporter 7 milliards de dollars hors hydrocarbures, mais nous avons assisté à un certain déclin dû à des circonstances objectives. »
Relations excellentes avec l’UE
« Les pays européens sont partenaires de l’Algérie, et ils ont accepté l’idée de revoir l’accord de partenariat », a, par ailleurs, annoncé le chef de l’Etat pour qui : » Nous ne leur demanderons pas l’impossible, et vous (opérateurs, ndlr) faites partie intégrante de cette révision. » « Nous importions 60 milliards de dollars avant l’avènement du Hirak. Aujourd’hui, nous avons structurellement et définitivement réduit notre facture d’importations à 40 milliards de dollars, et nous travaillons à la réduire encore davantage », s’est-il engagé davantage. « Nous demanderons des comptes à quiconque importe des marchandises de l’étranger alors que leurs similaires sont produites en Algérie et stockées dans des entrepôts », a, toutefois averti Tebboune, concluant : « Je vous demande de renforcer votre esprit patriotique pour faire avancer notre économie. »
Farid Guellil
KAMEL MOULA, PRESIDENT DU CREA :
« Je salue le patriotisme des opérateurs »
Le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, a, dans une allocation d’ouverture de la rencontre nationale des opérateurs économiques, hier, au CIC à Alger, a fait un aperçu général sur l’action économique des opérateurs qui ont accompagné la feuille de route des pouvoirs publics. A cette occasion, il a abordé quecette deuxième rencontre du genre consacre le dialogue et la concertation avec les opérateurs économiques », remerciant l’initiateur de cette réunion désormais annuel et qui n’est autre que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Une rencontre qui intervient selon lui dans un contexte mondial difficile où « l’économie est devenue un moyen de pression ». Mais, a-t-il expliqué, « l’Algérie a adopté une stratégie pour faire face à ce défi », donnant l’exemple de lancement de projets structurants, de la relance de l’appareil productif national et de la création de milliers de postes d’emplois. Des projets et des emplois nouveaux crées grâce aux réformes de l’Etat et l’engagement des opérateurs économiques sur le terrain. Toutefois, Kamel Moula déplore « la bureaucratie qui a, malheureusement, freiné cette dynamique comme vous l’avez dénoncé à plusieurs reprises Monsieur le Président ». Il a fait savoir ainsi que ce phénomène a fait perdre beaucoup à l’économie nationale. Abordant l’investissement et la nouvelle loi y afférente, Moula a indiqué que « l’AAPI est un grand acquis qui fournis d’énormes efforts pour réaliser les objectifs escomptés. (Guichet unique) », donnant l’exemple des fournitures scolaires dont l’Algérie arrive à en produire beaucoup. Dont la réalisation d’une zone industrielle spéciale à cette filière. Par ailleurs, Moula a appelé les banques à « traiter rapidement les dossiers des investisseurs », les appelant l’ouverture des représentations à l’étranger pour promouvoir le produit algérien ». Enfin, le chef du CREA appelé à la préservation de « notre patriotisme économique, notre cohésion et solidarité sociales et notre front interne »
F.G.