Le dispositif draconien mis en place par le gouvernement à travers la loi de Finances 2016, qui s’accommode avec le contexte inhérent à l’affaissement des ressources publiques, permettra-t-il de repousser le taux d’inflation durant l’année en cours ? Ceci sachant que cet indice est lié étroitement avec le niveau des prix des produits de consommation, au moment où les citoyens commencent à ressentir le poids de l’impact sur le pouvoir d’achat.
S’il est encore tôt pour le présager, il n’en demeure pas moins que pour l’année 2015, le taux d’inflation a atteint 4,8%, soit 1,5% de plus par rapport à son niveau de 2014 (2,9%). Ce sont les données rendues publiques, hier, par l’Office national des statistiques. Ainsi, ce chiffre s’avère être en dessus des estimations assignées par les pouvoirs publics à l’année dernière. En effet, les textes de la loi de Finances initiale et celui du programme complémentaire de 2015 ont prévu, respectivement, des taux de 3 et de 4%, suivant les estimations ainsi établies. Mais, faut-il souligner que ces projets de loi ont été élaborés durant l’année 2014, soit avant que la situation des marchés pétroliers ne plonge dans la fluctuation avec toutes les incertitudes et les appréhensions qu’un tel contexte a pu engendrer à l’économie nationale. Ceci, pour ne pas dire que cette éventualité, liée au recul drastique des prix pétroliers à l’échelle internationale, n’a pas été prévue comme paramètre dans la conception du texte de la loi budgétaire pour l’année 2015, d’où semble-t-il, les résultats peu-probants obtenus pour ce qui est, précisément, au taux d’inflation, en hausse par rapport aux prévisions annoncées.
Donc, fort est de constater qu’à la lumière de cette situation qui aurait servi de bonne leçon au gouvernement, aurait inspiré, à juste titre d’ailleurs, les décisions économiques prises une année plus tard pour l’élaboration de la LF-2016, lequel projet en vigueur s’est fixé comme objectif d’atteinte 4,6% en termes de la croissance économique hors hydrocarbures, contre un taux d’inflation établi à 4%. Ceci dit, d’ici la fin de l’année en cours, il faudra arriver à faire reculer d’au moins de 0,5% le niveau des prix pour prétendre avoir atteint l’objectif escompté. Or, les indices des prix des produits de large consommation établis durant l’année 2015 ne vont pas forcément en faveur des estimations. Comme le montrent d’ailleurs les statistiques rendues publiques par l’ONS, le rythme annuel de l’évolution de l’inflation va crescendo. En effet, en 2015 le niveau des prix des biens alimentaires est situé à 4,7%, contre 3,9% en 2014. Quant aux prix des produits alimentaires industriels, ils ont atteint 4,66% en 2015, contre 2,6% durant l’année précédente. En revanche, le rythme de l’évolution des prix pour ce qui est des produits agricoles frais cultivés localement vont en faveur d’une baisse sensible du taux de l’inflation, et du coup confortent le pouvoir d’achat des citoyens. Pour l’année 2015, les niveaux affichent 4,75%, en recul de 0,5% par rapport à l’exercice précédent. à contrario, cette baisse n’est pas perceptible pour ce qui est des biens manufacturiers où les prix ont augmenté de 5,11% durant l’année écoulée. Même les services ont connu une flambée durant la même période. Le niveau des prix est en hausse de 4,35%, contre 3,75 en 2014. Qu’en est-il des capacités d’achat des citoyens à la lumière de ces données ? Il est utile de rappeler que déjà durant l’exercice écoulé, les prix des produits alimentaires ont connu une flambée qui laisse place à l’inquiétude de plus en plus croissance des citoyens, quant au recul du pouvoir d’achat. Ce n’est pas le seul fait défavorable de la chute des ressources publiques qui laisse présager une montée de niveaux des prix en 2016, mais aussi, le phénomène de la spéculation qui profite, en général, aux opérateurs véreux qui imposent leur diktat sur les marchés au niveau national. En effet, quelques chiffres établis par l’ONS renseignent sur cet état de fait et font apparaitre que durant l’année précédente, le niveau moyen des tarifs des produits de large consommation ont connu une ascension, en comparaison à 2014. Plusieurs catégories de biens alimentaires ont vu leurs prix augmenter d’environ 10%. Ainsi, selon les statistiques rendues publiques, les légumes frais ont enregistré +11,44%, la pomme de terre (+10,77%), les poissons frais (+10,32) et +8,31 pour les boissons non alcoolisées. Le niveau de hausse est moindre pour ce qui est des pains et des céréales (4,89%), du lait et de ses produits dérivés (3,27%) et enfin du café et du thé infusion dont les taux sont augmentés de 3,16%. Même les prix des viandes ont connu le même sort. Ainsi, les viandes et les abats de mouton ont enregistré des prix en hausse de 2,5%, les viandes et abats de bœuf (+2,8%), contre une hausse de 7,7% pour ce qui est du niveau tarifaire du poulet.
Farid Guellil