Les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté, à 318 voix le plan d’action du gouvernement lors d’une séance plénière présidée par le président de l’Assemblée, Ibrahim Boughali, en présence du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, et les membres du gouvernement. Le PAG sera cette semaine debattu pour approbation par les membres du Sénat.
En effet, sur 380 députés présents, 318 députés ont voté « oui » jeudi passé sur le PAG qui sera débattu cette semaine au Conseil de la nation, et 65 du Mouvement de la société pour la paix d’Abderrazak Makri ont dit « non », ces mêmes députés ont critiqué lors de leurs interventions durant les trois jours du débat le manque du programme en matière de chiffres et statistiques. Cependant il est à noter le PAG est axé essentiellement sur l’engagement de réformes structurelles destinées à relancer l’économie nationale et moderniser le système bancaire et financier. Il est composé de cinq chapitres, qui s’inspirent des 54 engagements du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir la consolidation de l’État de droit et la rénovation de la gouvernance, la relance et le renouveau économiques, le développement humain et une politique sociale renforcée, une politique étrangère dynamique et proactive, ainsi que le renforcement de la sécurité et de la défense nationale.
Le rétablissement de la confiance du citoyen, « priorité absolue » du Gouvernement
Dans ce cadre, Benabderrahmane a affirmé, que le rétablissement de la confiance du citoyen constituait la « priorité absolue » pour son Gouvernement, en sus d’autres dossiers tout aussi importants, en tête desquels la lutte contre la corruption. Le Premier ministre s’est engagé à informer périodiquement les représentants du peuple quant à la mise en œuvre des projets contenus dans le Plan d’action du Gouvernement. Cela devra passer par de nouveaux mécanismes de suivi, créés au niveau de ses services, outre l’élaboration de rapports périodiques publiés en temps voulu, et ce, en concrétisation du principe de transparence. À ce propos, le PM avait déclaré que les mécanismes en question devront fonctionner selon des « indicateurs quantitatifs précis », soulignant que le « Gouvernement est animé d’une volonté d’œuvrer avec toutes les personnes intègres dans ce pays au service de notre pays et de nos citoyens sous la conduite du président de la République et ses orientations ».
Argent volé : « L’Etat ne cèdera pas un seul dinar détourné »
Également et en répondant aux remarques des députés à propos de « l’adoption d’un mode de règlement à l’amiable garantissant la récupération des biens détournés », contenue dans le même programme, Aïmene Benabderrahmane a fait savoir que l’option envisagée ne concerne pas les personnes physiques. Selon lui les oligarques et toutes les personnes jugées et emprisonnées pour corruption et détournement de l’argent public ne seront pas concernés par cette mesure. Cette mesure touchera uniquement les personnes morales, à savoir les sociétés étrangères impliquées.« L’État ne cèdera pas un seul dinar détourné ou un pouce de foncier », a promis Benabderrahmane, réitérant la détermination du gouvernement à poursuivre l’opération de récupération des sommes colossales détournées ces dernières années, dont une partie a été transférée à l’étranger. À ce propos, le Premier ministre a révélé que les procédures ont été engagées auprès des États concernés dans le cadre des accords bilatéraux et des conventions multilatérales internationales.
« Un mécanisme de coordination de haut niveau à travers une coordination avec les pays vers lesquels les fonds ont été transférés a été mis en place » indique-t-il. Et ce, dans le cadre de la convention des Nations unies contre la corruption et les organisations internationales spécialisées pour repérer et localiser ces biens. Pour rappel, en avril dernier, lors d’une entrevue télévisée avec les représentants de la presse nationale, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a assuré que « les premiers contacts avec ces pays nous ont permis de percevoir une disposition à nous aider dans cette démarche », annonçant même de prochaines « bonnes nouvelles ». Selon le chef de l’État, l’ambassadeur d’Algérie à Paris avait déjà réussi à récupérer « 44 biens immobiliers de l’Algérie, dont des appartements et des châteaux ». En revanche, les autorités algériennes ont pu récupérer les biens indûment acquis et restés en Algérie. En mai dernier, le ministère de la Justice a rend public le bilan des saisies effectuées en Algérie : « 52 milliards de dinars, 213 millions de dollars et près de 2 millions d’euros, en plus de milliers de véhicules, des bateaux, des terrains, des biens immobiliers ».
La hausse des prix des produits alimentaires est « conjoncturelle »
Par ailleurs, et sur un autre volet, concernant la hausse des prix des produits de première nécessité à l’instar des légumineuses, Benabderrahmane a souligné que cette flambée était essentiellement due à la hausse importante enregistrée sur les marchés mondiaux, induite par les retombées de la pandémie (Covid-19). « La pandémie du nouveau coronavirus a engendré une hausse des coûts de la production et du fret international, en sus de la hausse des prix de certains intrants, ce qui a provoqué une hausse des prix sur le marché national » explique le PM, affirmant au passage que cette augmentation est «conjoncturelle , encouragée par « la cupidité et les pratiques immorales, voire illégales de certains vendeurs sans scrupules ». Du coup et pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen, Benabderrahmane a déclaré que le Gouvernement a pris une série de mesures « urgentes » pour assurer un approvisionnement régulier du marché en ces produits, et a recouru à tous les mécanismes de régulation pour maîtriser la hausse des prix, en veillant à intensifier le contrôle, durcir les mesures coercitives contre les contrevenants et lutter contre le monopole et la spéculation. En outre, le même ministre a indiqué, que les prémices d’une reprise économique commençaient à se dessiner à l’horizon, après la stagnation induite par la pandémie (Covid-19), avec un taux de 2,8% enregistré durant le premier trimestre, lequel devrait dépasser les 4 % à la fin de l’année 2021, ajoutant qu’ «il s’agit là d’un indicateur positif pour l’emploi et la stabilité des prix ».
Cependant, les mesures prises par le Gouvernement dans son nouveau plan afin d’améliorer la vie socio-économique du citoyen comme le ciblage des subventions, et création de l’allocation chômage, semblent ne pas pouvoir diminuer la domination de l’informel et les pratiques illégales sur la vie socio- économique et commerciale, avec la réalité de la non déclaration des travailleurs dans le secteur privé, précarité dans le monde du travail.
Sarah Oubraham