Les camps de réfugiés sahraouis ont explosé de colère et de cris populaires en réponse au projet de résolution américain présenté au Conseil de sécurité, perçu comme une tentative de légitimer l’occupation marocaine du Sahara occidental. Le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, rejette catégoriquement toute initiative contournant le droit international et le principe d’autodétermination. Les rues de chahid El-Hafed et les principales wilayas sahraouies, de Boujdour à Smara, ont été le théâtre lundi et mardi de manifestations massives dénonçant le projet de résolution soumis le 22 octobre par les États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU. Des milliers de réfugiés sahraouis, hommes, femmes et enfants, ont exprimé leur refus « ferme et définitif » de toute solution politique qui nierait leur droit légitime à décider librement de l’avenir de leur territoire occupé. Sous les drapeaux du Front Polisario, reconnu par les Nations unies comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui, les manifestants ont scandé « Oui à l’autodétermination ! Non à l’occupation ! », « L’indépendance du Sahara occidental n’est pas négociable ! » ou encore « Pas de paix sans liberté ! ». Les banderoles brandies dans les rues de Boujdour proclamaient : «Nous ne laisserons pas la loi de la force prévaloir sur le droit international » et « Non à l’autonomie ! Oui à l’indépendance ! ». Ces rassemblements, d’une ampleur inédite depuis plusieurs mois, traduisent un rejet unanime du plan américain qui, malgré quelques ajustements, maintient des ambiguïtés autour de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Les manifestants accusent Washington de chercher à «normaliser l’occupation » sous couvert d’un processus politique, en écartant le principe fondamental de décolonisation inscrit dans les résolutions de l’ONU. Le Front Polisario monte au créneau Depuis Bir Lehlou, le Front Polisario a publié un communiqué dénonçant un texte « dangereusement ambigu » qui «ouvre la voie à une légitimation de l’occupation marocaine ». Le mouvement a prévenu qu’il boycotterait tout processus politique fondé sur ce document, qu’il considère comme une atteinte directe au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. « Le Front Polisario ne participera à aucune négociation fondée sur des propositions qui visent à priver notre peuple de son droit à la souveraineté et à l’indépendance », a déclaré son représentant auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Vassili Nebenzia. Le diplomate y dénonce une « dérive grave et sans précédent du droit international » et accuse les États-Unis d’affaiblir « les fondements du processus de paix onusien ». Le texte américain, diffusé le 24 octobre, recommande de prolonger le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) jusqu’en janvier 2026. S’il ne désigne plus explicitement le plan d’autonomie marocain comme « unique base » de négociation, il continue de le mentionner comme l’une des options possibles, sans référence explicite au référendum d’autodétermination — cœur du mandat de la MINURSO depuis 1991. Pour le Polisario, cette omission n’est pas un simple détail technique : elle équivaut à une tentative de vider le processus onusien de sa substance et de détourner la question sahraouie de son cadre de décolonisation établi par les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Message fort clair à la communauté internationale Dans les camps de réfugiés, les participants à ces marches populaires ont insisté sur le caractère incessible du droit à l’autodétermination. « Toute solution qui ne garantit pas ce droit est vouée à l’échec », a déclaré une jeune manifestante à Chahid El-Hafed, soulignant que le peuple sahraoui « n’acceptera jamais d’être réduit à une simple variable géopolitique ». Les Sahraouis qui se sont succédés lors des rassemblements ont également rendu hommage à la résistance du peuple sahraoui dans les territoires occupés, où les habitants continuent de défier la répression et les arrestations arbitraires imposées par les forces marocaines. Le message est sans équivoque : la lutte se poursuivra « jusqu’à la victoire totale ». Les manifestations, organisées dans un esprit d’unité nationale, ont vu la participation de représentants des wilayas, des autorités locales, d’associations de jeunes et de femmes, ainsi que d’anciens combattants. Tous ont réitéré leur fidélité au Front Polisario et leur refus de toute solution imposée en dehors du cadre onusien. « Le référendum, la seule voie » Le projet de résolution américain a suscité un vif débat au sein du Conseil de sécurité. Certaines délégations, notamment la Russie et plusieurs pays africains, ont exprimé leurs réserves sur le contenu du texte et rappelé la nécessité d’un référendum libre, juste et transparent sous l’égide des Nations unies. Le document, selon des sources diplomatiques, marque une évolution de langage : s’il continue d’évoquer le plan d’autonomie marocain, il reconnaît désormais l’existence « d’autres propositions », sans les nommer, et appelle à des négociations directes « sans conditions préalables ». Mais pour le peuple sahraoui, ces formulations vagues dissimulent une tentative de repositionnement politique qui risque d’éroder davantage la confiance déjà fragilisée envers le processus de paix. Au cœur de toutes les interventions, un même principe a été martelé : le Sahara occidental reste un territoire non autonome selon l’ONU, et seul le peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario, détient la souveraineté légitime sur son sol. Pour les manifestants, la position américaine, loin de contribuer à la paix, renforce l’impasse en refusant de nommer l’occupation pour ce qu’elle est. « La paix ne peut naître de l’injustice. Le référendum reste la seule voie », a résumé un représentant de la wilaya de Smara. Ces journées de mobilisation, qui ont rassemblé des milliers de Sahraouis dans les camps et au-delà, rappellent que le peuple sahraoui n’a jamais renoncé à son droit à l’indépendance, malgré près d’un demi-siècle d’exil, de répression et de promesses trahies. Le message adressé à la communauté internationale est limpide : aucune solution durable ne peut exister sans le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la souveraineté sur le Sahara occidental.
M. Seghilani
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