Selon l’Organisation internationale du café (OIC), l’Algérie importe chaque année pour 300 millions de dollars de café, soit 130 000 tonnes, devenant ainsi le deuxième plus grand consommateur de ce produit en Afrique, derrière l’Ethiopie.
Des statistiques qui ne semblent pas pour autant convaincre, outre mesure, l’actuel président de l’Association El-Aman pour la protection des consommateurs, lequel estime qu’avant de se focaliser sur le nombre de consommateurs algériens de café, il faudrait au préalable orienter nos priorités sur l’importance du café, ainsi que la qualité des quantités importées par l’Algérie. Déjà, de prime abord, notre interlocuteur ne semble guère convaincu par les rapports qui placent le pays comme étant une grande nation consommatrice de café. « L’Algérie deuxième plus grand consommateur de café en Afrique ? J’ai des doutes sur ça, parce qu’on n’a pas de données fiables…est-ce que c’est des études académiques et d’experts ? N’oublions pas que presque la moitié des Algériens consomment du thé », nous dira le responsable, tout en précisant que « la consommation du café n’est pas si importante que ça en Algérie, par rapport à ce que consomment les citoyens du monde, et par rapport au marché mondial ». Et de poursuivre : « sur les 45 millions d’habitants, nous sommes à peu près 6 millions d’Algériens qui consomment du café, et on en consomme de moins en moins ».
« Une question de santé publique »
Outre cette approche sur le classement de l’Algérie en termes de consommation de café, ce qui taraude beaucoup plus l’esprit du président d’Aman, en tant que défenseur de la bonne santé du citoyen algériens, c’est la qualité du produit que nous Algériens consommons. A ce propos, il soutient que «la priorité devrait aller vers la qualité du café qu’on ramène pour les Algériens…ayons un regard sur le choix du café qu’on importe ». L’intervenant justifie ses dires par « la quantité de pesticides utilisée, ainsi que la loi qui permet aux torréfacteurs de mettre 3 % de sucre », car selon lui, « on a dépassé les 10 % de sucre, ce qui est très nocif pour la santé publique ». « C’est là où se posent réellement nos problèmes. Les Algériens qui consomment du café le consomment régulièrement, on doit donc veiller à la qualité, c’est une question de santé publique », défend Hassan Menouar.
« Se pencher sur la grande problématique alimentaire en Algérie »
Sollicité pour s’exprimer sur la place qu’occupe l’Algérie sur le marché continental et mondial du café, l’orateur considère qu’« un pays qui est fort économiquement, c’est un pays qui exporte et qui importe, il ne peut pas tout produire ». Allusion faite aux aspirations stériles de vouloir être autonome dans des choses qui n’ont pas beaucoup d’influence sur l’impact économique et social en Algérie. « On veut produire nous-même notre sucre, notre huile végétale…peut-être qu’on va nous dire aussi qu’on veut produire notre propre café », explique-t-il. « En tant qu’Association, on voudrait beaucoup plus qu’on produise du coton, parce qu’on en consomme beaucoup, notamment pour nos usines textiles », a ajouté notre interlocuteur.
Car selon ses propos, on devrait aussi se pencher sur des sujets d’une grande importance. Et d’ajouter : « Je ne prétends pas être un expert, mais la grande problématique alimentaire en Algérie, se situe sur l’eau, le riz et les céréales. C’est ça qui risque de mener les populations vers la famine, ce n’est pas le café. Sachez que le sel est beaucoup plus important que le café. Parce que le café est une consommation complémentaire, je connais des personnes qui ne consomment pas du tout de café et qui n’ont pas de problème de santé. Par contre, ceux qui ne consomment pas de sel, doivent consommer autre chose, pour l’équilibre hormonal, et tout… ».
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed