Entrée en vigueur depuis dimanche dernier, les agriculteurs procèdent à la vente directe de leurs produits aux consommateurs, sans passer par les marchés de gros, et ce dans le cadre de la lutte contre toute forme de spéculation, selon le communiqué du ministère du Commerce, dans lequel il est indiqué aussi que cette mesure vise la règlementation et la régulation des marchés, notamment, dans le cadre de la poursuite des opérations de lutte contre toute forme de spéculation.
Saluée par les associations de consommateurs, cers derniers émettent toutefois certaines réticences quant à son application. Pour Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), «cette pratique existe déjà dans des pays dits « développés », et chez nous, elle existait auparavant » rappelle-t-il avant d’ajouter que cette mesure «vient juste d’être remise au jour » et de préciser que « ce qui pose problème, c’est son application », et particulièrement cite-t-il, «dans les grandes villes où les espaces de vente sont plus réduits.
Pour le président de l’Apoce, cette mesure « n’est pas novatrice et peut, dans une certaine mesure, créer un marché parallèle » avant de lancer dans ses déclarations aux médias « que vont faire les mandataires et comment les agriculteurs peuvent-ils vendre leurs produits en plein Didouche Mourad, à titre d’exemple ? » et d’ajouter « n’en peuvent bénéficier que les sites qui entourent Alger, ou les petites villes». Soulignant que « la vente du producteur au consommateur étant une bonne chose », pour le président de l’Apoce, elle ne peut être la seule solution à promouvoir pour faire face à la spéculation des prix et la mainmise du secteur de l’informel sur le commerce, affirmant que cette mesure «n’est pas la solution », préconisant qu’ « il faut la promulgation de loi pérenne » .
À ce sujet, Zebdi a souligné que «tant qu’on n’aura pas une traçabilité par des factures cela ne sert à rien » et d’ajouter que « de plus, la fonction de l’État est de réguler le marché » et par conséquent « Il faut avoir des mécanismes en ce sens, et surtout plafonner la marge bénéficiaire », avant de rappeler «que c’est au producteur de fixer les prix en fonction de ses coûts de production, le reste de la chaine de distribution prendra sa marge en fonction de la loi», a-t-il conclu. Confirmant le constat de la hausse des prix des produits, «les prix en cours sont excessifs» il poursuit en rappelant «que ces prix s’ajoutent aux frais supplémentaires des ménages algériens qui se préparent, déjà, à une rentrée sociale difficile » indiquant que «la flambée est généralisée »à tous les produits.
L’Apoce sans manquer d’aviser les services concernés sur cette situation alerte surtout, « sur le pouvoir d’achat des Algériens qui risque de se détériorer davantage» au rythme du bon vouloir des spéculateurs l’absence de contrôle rigoureux des prix et le non plafonnement des prix des produits, soulignant « l’augmentation des dépenses des ménages avec la rentrée scolaire » alors que la pandémie sanitaire a causé la perte d’emploi dans la majorité des secteurs.
Karima B.