Après le sacrifice de l’ex-Premier ministre, le très contesté Noureddine Bedoui, et son ministre de l’Intérieur, l’encombrant Salah Eddine Dahmoune, pour ses propos diffamatoires à l’encontre des Algériens, la formation d’un nouveau gouvernement est –elle désormais une priorité pour le nouveau locataire d’El Mouradia, Abdelmadjid Tebboune ?
À force de décortiquer le discours, tenu jeudi, par le nouveau Président, lors de la cérémonie officielle de son investiture, Tebboune ne semble pas pressé de former son nouveau staff gouvernemental, maintenant que les têtes embarrassantes ont été coupées. D’ailleurs la reconduction des membres du même gouvernement, hormis Bedoui et Dahmoune, en est la parfaite illustration. De même pour la dissolution de l’Assemblée populaire actuelle, dont le mandat expire en 2022. Cette dernière ne sera pas dissoute de sitôt.
Le président Tebboune se consacre, en priorité, à la résolution du bras de fer pouvoir-mouvement citoyen, qui dure depuis plus de neuf (9) mois maintenant. Pour ce faire, la libération des détenus d’opinion et politiques de l’après-22 février, est une condition sine qua non pour la réussite de toute son entreprise d’apaisement préalable au dialogue. C’est devenu, d’ailleurs, la pierre angulaire des revendications du mouvement populaire, avant de parler de toute prise de langue entre les deux parties. Mais pour l’heure aucune décision, allant dans ce sens, n’a été prise, bien au contraire, d’autres condamnations ont été prononcées, le jour même de sa prestation de serment. Et la grandiose marche de vendredi n’est que la résultante du mutisme du nouveau Président sur la question des détenus du Hirak.
L’autre chantier politique, inscrit aux urgences de Tebboune, est incontestablement le redressement du pays, et surtout pour lui éviter les malheurs du passé, et la gestion pharaonique des affaires du pays, d’où la nécessité d’aller, sans tarder, mais avec des pas soigneusement posés, vers l’élaboration d’une nouvelle Constitution et la révision de la loi électorale.
Ce chantier, qui définira les contours de l’Algérie de demain, constitue le socle d’une rupture avec les pratiques du passé, nécessite des mois de travail, entre concertations approfondies, mais surtout élargies à toutes les forces vives du pays, pour lui donner crédit, pour passer à son élaboration, avant d’arriver à sa soumission à l’approbation populaire par voie référendaire. Un travail de longue haleine. Alors comment concevoir une autre échéance électorale législative dans les brefs délais et au cours de la même année que la Constitution ?
Dans l’agenda du président Tebboune, il n’y a pas urgence à la formation de sa propre équipe gouvernementale, et il peut compter, du moins pour quelques temps, sur l’actuelle armada pour exécuter son programme. Mais l’urgence c’est la création des conditions juridiques et de moralisation de la vie politique, adéquates, comme l’a-t-il si bien signifié : « restituer les crédibilités aux Institutions élues ». Un vœu qui ne peut se concrétiser en dehors d’une nouvelle Constitution consensuelle, et un amendement en profondeur de l’actuelle loi électorale.
Quant à la formation de la nouvelle équipe gouvernementale, l’élu aux destinées du pays semble se donner le temps nécessaire, pour dénicher les personnes (hommes et femmes) susceptibles d’apporter un plus, de par leurs crédibilité et estime, qui seront, par conséquent, épaulés par la population pour garantir l’exécution de son programme. Le nouveau locataire d’El Mouradia a certainement sa feuille pour mener le pays à bon port, mais doit passer par l’approbation de tout le peuple qui, jusqu’ici, est resté de marbre face à son offre de dialogue. Mais la balle est, à vrai dire, dans le camp de Tebboune à travers des signes d’apaisement et de bonne foi, dont la libération immédiate des détenus du mouvement pourrait en être un.
B. O.