«Le manque d’informations et la responsabilité morale sont à l’origine de cette progression dangereuse dans le nombre de personnes atteintes par le SIDA». Il s’agissait en 2014 de 71 nouveaux cas seulement, alors que ce chiffre a augmenté en 2015 atteignant 101 cas.
C’est ce qu’a révélé hier Fatma-Zohra Zemit, infectiologue à l’hôpital d’El- Kettar, lors d’une conférence de presse au forum du quotidien El- Moudjahid, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA. L’intervenante a indiqué à ce propos que l’Algérie est un pays à faible prévenance, mais qui connaît, toutefois, une progression dans le nombre de cas atteints par ce virus. Zemit a fait état de 1 632 cas de SIDA en Algérie alors que 7 974 personnes sont zéropositives. Les relations sexuelles ou les rapports non protégés sont classés en haut de l’échelle en ce qui concerne les formes de transmission, suivies par la transmission du virus de la mère à l’enfant durant la grossesse, mais aussi pendant l’allaitement, explique l’hôte du forum. Toujours en ce qui concerne la transmission du VIH, Zemit a éloigné que les raisons soient liées à l’arrivée des refugiés subsahariens en Algérie. «Les transmissions ont lieu chez nous», a-t-elle dit à ce propos. Pour cette infectiologue, il faut s’inquiéter à chaque diagnostic d’un nouveau cas de VIH, soulignant que l’année 2030 a été fixée pour arriver à 0 contamination.
De son côté, le président de l’Association nationale de lutte contre le SIDA (Association Solidarité Aïds), Hacène Boufenissa, également invité au forum, a déclaré que la Journée mondiale de lutte contre ce virus représente pour son association une occasion de faire un état de lieu pour ce qui a été réalisé durant toute l’année, et ce qui reste encore à faire. Dans ce sens, il a indiqué que plusieurs organismes s’occupant de la prise en charge des malades ont été installés au cours de l’année 2014-2015. Ainsi, il existe au total sur tout le territoire national, selon ses dires, 70 centres de dépistage et 19 centres de prises en charge ce qui est, toutefois, insuffisant devant l’augmentation du nombre d’infectés, souligne-t-il. Toujours au sujet de la prise en charge des malades, Boufenissa a estimé que celle-ci s’améliore d’année en année, mais qu’il reste beaucoup d’efforts à fournir pour sensibiliser les gens, notamment, les jeunes et les appeler en cas de présence d’un facteur de risque de se présenter rapidement aux services concernés, a recommandé l’intervenant. Il a assuré dans le même cadre d’idées que la prise en charge et les soins sont gratuits pour toute personne ayant été identifiée sur le sol algérien comme porteuse du virus, même si elle n’est pas de nationalité algérienne. Pour le traitement d’un malade, ajoute-t-il, le coût atteint durant une année 100 000 DA. Grâce à cette prise en charge, le nombre de décès a connu une importante régression, indique encore Boufenissa qui fait état de 1% seulement du taux de mortalité. «Ce sont des personnes qui se présentent dans un stade avancé de l’infection», a-t-il noté. S’agissant, d’autre part, des personnes adhérentes à son association, il a indiqué qu’elles sont au nombre de 600, et que la majorité sont des hommes. Il a expliqué également que ces personnes sont de différentes catégories, la moyenne de leur âge est estimée entre 35 et 45 ans. Ces adhérents participent avec leur témoignage dans le travail de sensibilisation qu’effectue l’association, révèle Boufenissa. «Ça permet d’expliquer au mieux les risques de la maladie, mais aussi de sensibiliser autour de la prévention qui est la meilleure solution», a-t-il soutenu. Répondant à une question sur le dépistage prénuptial, l’invité du forum a estimé que ce dernier est une obligation, bien qu’il existe une mauvaise interprétation du sujet.
Ania Nait Chalal