Depuis quelques jours, les déclarations d’officiels et d’hommes (et de femmes) politiques sur l’unité nationale et sur les périls qui la menacent, se font plus nombreuses. Ce qui, pour de nombreux observateurs de la scène politique nationale, révèle que ces périls se font plus présents.
En appelant avant-hier, à partir de Constantine où il était en visite de travail et d’inspection, des parties qu’il n’a pas nommées mais en lesquelles tous ont reconnu le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) du controversé – et c’est peu dire, Ferhat Mehenni -, « à éviter de faire de l’unité nationale un sujet de marchandage », le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n’a signifié que cela. Rejoignant ainsi dans leur appréciation sur le sujet, la secrétaire générale du PT (Parti des Travailleurs) et le secrétaire général par intérim du RND (Rassemblement national démocratique) ; la première, en rappelant, vendredi dernier, lors de la tenue de la 1ère session du comité central de son parti après le congrès extraordinaire qui a eu lieu dans les derniers jours du mois passé, que les problèmes internes au pays, dont la santé de son premier responsable, ne concernent que les seuls Algériens ; et le second, en dénonçant le lendemain samedi, lors de la tenue du précongrès des wilayas du Centre, et « les revanchards (en France) qui ne veulent pas admettre que « l’Algérie de papa » est finie et que l’Algérie est bien indépendante (et ce, ) au prix d’un million et demi de martyrs », et « leurs relais locaux (qui), eux, confirment (ainsi) qu’ils sont coupés de leur propre peuple, enfermés dans leurs salons ou dans quelques sites sur la toile ». Cette montée au créneau, pour la défense de l’unité nationale, d’acteurs importants de la scène politique nationale, si elle est grandement justifiée par l’action malveillante du Premier ministre français à l’égard du président Bouteflika et ce qu’elle suppose de pressions à peine voilées sur notre pays, est surtout motivée, comme indiqué plus haut, par l’approche du 20 avril, date anniversaire de ce qui est communément appelé le « Printemps berbère », et par la manière dont compte la célébrer la partie à laquelle a fait allusion Abdelmalek Sellal avant-hier, à Constantine. Selon les informations diffusées depuis quelques jours sur un site électronique connu pour véhiculer les idées du MAK, celui-ci projette de monter d’un cran dans ses insensées, pour ne pas dire, criminelles au vu de l’histoire aussi lointaine que récente de l’Algérie, revendications d’un Etat kabyle indépendant. Dans un semblant de meeting qu’ils ont animé avant-hier dans une localité de la petite-Kabylie, ses dirigeants ont appelé leurs partisans à participer « massivement » aux marches qui seront organisées après-demain, mercredi 20 avril, à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira pour exiger, leur ont-ils donné comme instruction, «l’autodétermination du peuple kabyle ».
Une revendication qui, en elle-même, est une tentative pernicieuse de squatter, tout en les court-circuitant, les marches auxquelles ont appelé des partis politiques et des associations de la société civile à l’effet, ont annoncé leurs différents responsables, de faire avancer davantage la promotion, largement avancée avec sa constitutionnalisation, de la langue tamazight.
Et à propos du caractère pernicieux de l’action du MAK, il transparaît également dans la sémantique utilisée pour la porter. Comme le révèlent, on ne peut mieux, les termes précités de l’exigence susmentionnée ; des termes, pour nous en tenir à ceux-là, qui sont autant d’atteintes à l’unité nationale. Parler « d’autodétermination du peuple kabyle» ne peut, en effet, signifier qu’un appel au démembrement du pays. Et ce n’est pas l’habillage prétendument démocratique dans lequel les commanditaires de cette criminelle revendication et leurs relais médiatiques dans le pays et ailleurs veulent l’enrober qui changerait quoi que ce soit à cet dangereux objectif. Un objectif qui s’inscrit, faut-il le préciser, dans le vaste dessein concocté par les « maîtres du monde » de reconfigurer, de fond en comble et dans le sens d’un meilleur contrôle de ce vaste espace géopolitique, de la carte politique du monde arabo-sahélien. Mais que les promoteurs de ce mouvement, créé, en 2001, dans le sillage des évènements qui avaient ensanglanté, cette année-là, la région, ont longtemps caché. Comme ils ont longtemps tenues secrètes leurs accointances avec le « philosophe-fauteur de troubles » Bernard-Henri Lévy, le makhzen marocain et l’entité sioniste ; des accointances qui ont, toutefois, fini par se savoir. Surtout, depuis l’avènement du sinistre « printemps arabe » dont l’un des exécutants les plus zélés est, précisément, le « philosophe-fauteur de troubles » précité.
Ce n’est, en effet, qu’au mois d’octobre 2013 que le MAK a clairement affiché et ouvertement revendiqué son caractère séditieux et franchement séparatiste. Alors qu’il s’était contenté jusque-là de revendiquer, comme son appellation le suggére d’ailleurs, « l’autonomie de la Kabylie » dans un cadre national, il s’est mis, brusquement, à la faveur d’un, là aussi, semblant de congrès, à appeler à «l’autodétermination du peuple kabyle». Un changement qui a été, toutefois, précédé par deux évènements annonciateurs de la dangereuse évolution que Ferhat Mehenni a imposé à son mouvement : le premier a eu lieu en juin 2010 à Paris (tiens, tiens !) ; il s’agit de l’annonce de la formation d’un « gouvernement provisoire de la Kabylie » (Anavad) ; et le second, la visite – semble-t-il, la première officiellement annoncée parce qu’il y en a eu d’autres auparavant qui sont restées secrètes –, en mai 2012, de Ferhat Mehenni en Palestine occupée en sa grotesque qualité de président de l’Anavad. Deux évènements qui révèlent, on ne peut mieux, le caractère « pas du tout innocent » et potentiellement dangereux pour la stabilité et l’unité de l’Algérie, de l’aventurisme de cet ancien chanteur devenu une marionnette sans états d’âme dans un jeu qui le dépasse. Et de très loin. Un jeu que dévoile l’appui, là aussi, « pas du tout innocent » qu’il reçoit du Makhzen marocain. Mais également du sinistre BHL, ce juif sioniste natif de Béni Saf qui, à l’évidence, fait partie du lobby colonialiste, toujours puissant en France, qui n’a toujours pas digéré, comme vient de le rappeler avant-hier Ahmed Ouyahia, le secrétaire général par intérim du RND, « l’indépendance de l’Algérie » ; une indépendance pour laquelle, comble du paradoxe qui dément, au passage, l’adage « tel père, tel fils », le père de la « marionnette Mehenni » a consenti le sacrifice suprême. C’est, à l’évidence, pour que le sacrifice de ce dernier et celui des millions d’autres Algériens qui ont payé de leur vie la libération du pays, que Abdelmalek Sellal, a déclaré hier à partir de Constantine que l’unité de l’Algérie était « une ligne rouge à ne pas dépasser ».
Une déclaration qui sonne comme un clair avertissement de la détermination des pouvoirs publics à ne plus transiger avec tous ceux, y compris Ferhat Mehenni et ses sbires qui la menacent par leurs agissements ; inconscients, pour certains et commandités, pour d’autres. Une détermination, au demeurant, parfaitement soulignée par Ahmed Ouyahia avant-hier quand il a déclaré, à l’intention des « relais locaux » des parties françaises hostiles à l’Algérie, que « le temps des manœuvres (était) fini… »
Mourad Bendris