Les prochaines élections législatives semblent avoir donné un coup de pied dans la fourmilière de plusieurs partis politiques, dont la base est sortie de son mutisme pour réclamer carrément le changement aussi bien au niveau de leurs instances dirigeantes que de la ligne politique défendue jusque-là par leurs formations. L es mouvements de redressements pourraient même s’exacerber dans l’avenir, au fur et à mesure qu’approchera la date fatidique du 12 juin qui verra les Algériens se rendre aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée populaire nationale. Dans ce contexte, nous avons appris que la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a dénoncé une manœuvre de déstabilisation de sa formation politique, initiée par ceux qu’elle a qualifié d’individus n’ayant aucun lien organique avec le PT. Selon des observateurs, ce mouvement de fronde qui secoue ce parti, serait le résultat de la décision de boycott du rendez-vous du 12 juin, qui aurait été prise par le Conseil national sans en référer à la base. Louisa Hanoune, n’a pas manqué de réagir en adressant, à la wilaya d’Alger, une demande d’invalidation de l’autorisation de la demande formulée par le groupe de dissidents pour tenir une rencontre à l’hôtel Mazafran. La même situation d’ « insubordination » est vécue par le FLN dont la direction actuelle fait face à un mouvement de redressement. Son secrétaire général, Baâdji, qui avait annoncé, il y a quelques mois, que la tenue d’un congrès extraordinaire du parti sera décidée en fonction de l’évolution de la situation sanitaire du pays et des développements que connaîtra la scène politique. Des militants de base, ne voyant rien venir ont initié un mouvement pour renverser l’actuelle direction et provoquer la tenue d’un congrès extraordinaire, avant la tenue des législatives. « On ne peut pas aller à la rencontre du peuple avec une direction illégitime, installée dans une conjoncture spéciale. On doit redéfinir notre ligne politique pour regagner la confiance du peuple qui nous a chargé de tous les maux et qui nous considère responsable de la situation difficile que connait le pays », indique un élu, membre du groupe de dissidents qui tente de réunir les deux tiers du membre du Comité central du parti pour forcer Baâdji à convoquer un congrès extraordinaire. De plus, cette formation politique a vu les tensions qui la traversent s’exacerber depuis l’annonce de la composition des candidats pour les législatives du 12 juin. Et malgré la nouvelle loi électorale, qui fait barrage à l’intrusion de l’argent sale dans les listes, des militants ont dénoncé le retour des anciennes pratiques. « Rien n’a changé. Des listes sont concoctées sans le respect du règlement intérieur du parti et de la nouvelle loi électorale. Pire encore, c’est l’ancienne garde, qui avait cautionné toutes les dérives de la Issaba qui a pris le contrôle des commissions de candidatures au niveau des mouhafadate », notent des militants du FLN. Le Parti RND, n’échappe pas lui aussi aux sautes d’humeur de ses militants de base et plusieurs ont annoncé qu’ils iront aux élections du 12 juin prochain dans des listes indépendantes. Cela laisse supposer que faute d’un congrès pour des réaménagements de la ligne politique, ce parti risque d’aller en rangs dispersés aux prochaines élections. Les formations qui se revendiquent du courant islamiste préparent le prochain rendez-vous en agitant, déjà, le spectre de la fraude. Elles mettent en doute l’impartialité de l’administration qui pourrait, comme le laissent supposer Bengrina, Djaballah et Makri, influer sur le processus de vote et même sur le verdict des urnes. Ces derniers, qui sont déjà en campagne, ont devancé d’une « encolure », les partis qui se revendiquent du courant national et démocratique, empêtrés dans des guerres de chapelle via les mouvements de redressement qui y ont vu le jour. Ces tiraillements pourraient laisser place à un vaste spectre de candidatures indépendantes qui pourraient donner naissance à une Assemblée nationale, sans coloration politique qui pourrait devenir la scène de lutte partisane, véritable motif de blocage de l’action parlementaire. Les formations politiques, et si elles veulent reconquérir ou conquérir la confiance de l’électorat, doivent non seulement relever le défi de présenter des candidatures porteuses d’un projet de développement mais aussi garantissant la probité morale et politique et un grand sens de patriotisme. Ce sont là les garanties pour bâtir une Algérie nouvelle, autrement, le parlement ne sera qu’une pâle copie de ceux que le pays a connus depuis des années.
Slimane B.