Le diplomate et ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, a, dans une publication faite hier sur son compte X, apporté des éléments d’analyse sur l’actualité de la question du Sahara occidental et a porté un regard critique sur la proposition américaine y afférente en l’a qualifiant d’injuste et d’irréalisable.
La question sahraouie continue d’imposer son tempo sur l’actualité internationale, et ce à deux jours de la réunion décisive du Conseil de sécurité des Nation unies au courant de laquelle l’avenir de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) se décidera. Les débats se focalisent notamment sur le très controversé projet de résolution américaine qui propose une « solution » au conflit entre le Front Polisario et le royaume du Maroc sur la base de la supposée souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Toutes les voix qui s’appuient, à juste titre, sur le droit international pour résoudre la question sahraouie s’accordent à dire que le plan américain constituerait un danger pour la stabilité et la paix dans la région. Parmi ces voix, celle d’Abdelaziz Rahabi qui met en garde contre le « risque » que représente le plan US « pour l’Afrique du Nord et le Sahel ».
L’ancien ambassadeur d’Algérie en Espagne a, dans une analyse résumée en six points, démoli le narratif américain qui s’aligne totalement sur les thèses expansionnistes du Makhzen. « L’Algérie n’a pas discuté avec les USA sur ce qui est présenté comme un plan de paix régional », a d’abord expliqué Rahabi pour dire que Washington a agi seule et de façon unilatérale sur un conflit qui, après tout, engage le Maroc et le Front Polisario. Deuxièmement, « les premiers intéressés, les sahraouis n’y sont pas associés et le Conseil de sécurité sous la pression US et française est chargé de légitimer l’occupation tout comme en Palestine », souligne le diplomate. C’est le cas de le dire, puisque le peuple sahraoui est le seul dépositaire de la légitimité sur ses territoires occupés et dont le seul représentant légitime reconnu comme tel est le Front Polisario. Washington a-t-elle consulté les Sahraouis avant d’élaborer ce plan ? La réponse est évidement « non » !
D’autre part, Rahabi a mis en lumière ce qui semble inspirer cette initiative américaine. Notamment, « le marchandage organisé par les USA dans le cadre des Accords d’Abraham, reconnaissance d’Israël par le Maroc contre celle des Usa de sa « souveraineté » sur le Sahara occupé a ouvert la voie à un traitement de la question sahraouie dans un cadre autre qu’onusien. » Quatrièmement, l’ancien ministre de la Communication en tempérant les ardeurs du Makhzen qui crie à la victoire, estimant que « ce n’est pas le Maroc qui a gagné des positions, mais la réélection de Trump qui a élargi le processus par l’implication d’une Europe encore plus soumise depuis la Guerre en Ukraine ».
Abordant les enjeux géopolitiques autour de la question, le diplomate a par ailleurs estimé que « l’influence russe et chinoise en Afrique a contraint les USA à désigner un Allié pour représenter leurs intérêts en Afrique du Nord et au Sahel Central, sur le modèle d’Israël au Moyen -Orient Dans la stratégie des américains, le Maroc serait le pilier de la sécurité régionale ». En conclusion, Rahabi prévoit que « quelle que soit l’issue des débats au Conseil de sécurité, la diplomatie transactionnelle de Trump ne pourra rien changer sur le terrain. Le plan des USA n’est ni juste ni réalisable. »
En tout état de cause, et au-delà de ce qu’il propose comme plan à rebours de la légalité internationale qui confère au peuple du Sahara occidental le droit de disposer de lui-même, comme il le souhaite, dans le cadre d’une consultation référendaire, le projet de résolution américaine qui prend le parti du Maroc et de son plan d’autonomie a produit un effet contraire qui s’est retourné contre ses auteurs. La question sahraouie n’a-t-elle pas fait son grand retour sur le devant de la scène internationale et au cœur même du Conseil de sécurité de l’ONU ?
Farid Guellil
