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LE CONSEIL DE SÉCURITÉ VOTERA AUJOURD’HUI UNE RÉSOLUTION US RÉVISÉE SUR LE CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL : Est-ce la fin des velléités coloniales du Maroc ?

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La crédibilité du Conseil de sécurité de l’ONU est aujourd’hui devant un sérieux test à la faveur du vote d’une résolution qui pourrait être déterminante pour le processus de paix au Sahara occidental.
C’est ainsi que l’avenir de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) et tout le processus mis en place par l’ONU dans le cadre de la résolution 690 portant organisation d’un référendum d’autodétermination, adoptée en 1991 par le Conseil de sécurité, repose sur l’issue du vote de ce soir d’une proposition américaine soumise aux pays membres du Conseil de sécurité le 22 octobre dernier. Il faut rappeler, dans ce cadre, que la première mouture du projet de résolution enterrait le principe de l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui puisqu’il considérait le plan marocain d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine, soutenu par la France et certaines anciennes puissances comme voie logique et acceptable pour le règlement du conflit du Sahara occidental. C’est une proposition qui appuierait le fait colonial et nierait un droit reconnu par la communauté internationale au peuple sahraoui.

Le Front Polisario dit « stop »
Le rejet par le Front Polisario de tout plan ne prévoyant pas la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et qui consacrerait la souveraineté de la puissance coloniale, est une position qui appelle au respect des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international. Ce rejet, soutenu par l’Algérie et d’autres pays membres du Conseil de sécurité, a poussé les États-Unis d’Amérique à apporter des correctifs au texte qu’elle considérait comme une voie vers une paix juste et mutuellement acceptée par les parties en conflit. Après plusieurs rounds de consultations en huis clos, les États-Unis ont retenu une mouture qui prévoit la prolongation du mandat de la Minurso et l’ouverture de nouveaux canaux de dialogue entre le Front Polisario et le royaume du Maroc en tant que parties du conflit, et la Mauritanie et l’Algérie en tant que pays voisins et observateurs, sous une forme qui sera débattue par le Conseil de sécurité, pour parvenir à une solution juste du conflit.

Rabat dans tous ses états
Ce projet de résolution, qui a irrité au plus haut point le Makhzen qui voit son rêve de consacrer son plan comme unique voie de solution, a toutefois suscité des observations de l’Algérie, du Front Polisario et de certains pays membres qui ont réaffirmé que l’Algérie n’est pas partie du conflit et que sa position aux côtés du peuple sahraoui traduit son principe de soutien à toutes les causes justes à travers le monde. Et même si cette nouvelle mouture est un désaveu pour le plan d’autonomie présenté par le Maroc, elle ne constitue pas une base qui consacre le principe du droit à l’autodétermination comme base de règlement du conflit. Selon plusieurs sources, elle mentionne certes la prolongation du mandat de la Minurso, mais ne cite pas des mécanismes ou des voies devant permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à disposer de son sort conformément au droit international.

Du « veto » russe et chinois 
C’est ce qui l’expose à un possible rejet par voie des votes des membres ou par le recours de la fédération de Russie ou la Chine à leur droit de véto. C’est ce qui explique le forcing du Maroc qui tente de rameuter tous ses soutiens pour peser vainement sur les rédacteurs de la mouture finale pour la rendre conforme à ses désidératas. Il faut rappeler, dans ce cadren que les manifestations organisées par le peuple sahraoui pour dénoncer toute tentative de le priver de son droit à l’autodétermination et la position de certains pays à la légalité et le droit international et rappelé l’échec du Conseil de sécurité qui a failli dans la gestion de la guerre israélienne contre Ghaza ont poussé les États-Unis à procéder à la réécriture de plusieurs dispositions de leur projet de résolution.  C’est ce qui a poussé le Makhzen à oser une nouvelle ruse en tentant de reporter la décision du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Son échec à faire adopter dans la proposition zéro des Américains, du projet présenté par la France et qui consacre le plan d’autonomie, comme seule solution de sortie de crise au conflit au Sahara occidental constitue une gifle pour la diplomatie marocaine.  La mission américaine à l’ONU a introduit, suite à de très fortes pressions de la part de l’Algérie et de ses alliés membres du Conseil de sécurité, le principe du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, ce qui est synonyme de décès des velléités coloniales du Makhzen et ses soutiens.  En tout état de cause, les propositions françaises, appelées marocaines, ne sont pas prêtes d’aboutir dans leur mouture initiale et qui font l’objet de très fortes réserves de certains membres permanents au Conseil de sécurité. Les amendements se poursuivent et le makhzen, ironie du sort a été même amené à faire des réservés sur les propositions américaines qui tentent d’élaborer cette fois-ci un projet de résolution équilibré, mais qui risque de faire durer le statuquo. 

Une question de décolonisation qui demeure
La seule solution acceptable est de mettre en œuvre la légalité internationale et les principes de la charte des Nations unies, mais les contingences du moment éloignent de plus en plus les perspectives de paix, qui se règlent hélas sous la table et au prix fort. Il faut rappeler que le 17 octobre dernier, la Quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a adopté, lors de sa 80e session, une résolution réaffirmant le cadre juridique de la question du Sahara occidental en tant que question de décolonisation ainsi que la responsabilité des Nations unies envers le peuple sahraoui. « La Quatrième Commission a pris note du rapport du Secrétaire général des Nations unies du 31 juillet 2025, soumis à l’Assemblée générale lors de sa session en cours, dans lequel il affirme que la Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) de l’Assemblée générale et le Comité spécial chargé de la situation concernant l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés (C24), traitent la question du Sahara occidental en tant que question de décolonisation », avait indiqué une dépêche de l’agence sahraouie de presse (SPS). Il faut souligner, dans ce cadre, que la délégation algérienne, présente au Conseil de sécurité, dispose de cartes décisives qui pourraient changer le cours des choses lors du vote du projet de résolution présenté par les États- Unis. C’est ce qui fait rager l’ambassadeur marocain aux États-Unis, et c’est ce qui pourrait amener le Makhzen à décider le changement de toute la délégation marocaine qui siège à l’ONU dès la fin du vote.
Slimane B.

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