Le chef du gouvernement intérimaire du Bangladesh, Muhammad Yunus, a lancé un appel à l’unité hier, après la démission sous pression de la rue, de la Première ministre Sheikh Hasina. « Notre responsabilité est de construire un nouveau Bangladesh », a déclaré l’économiste et prix Nobel de la paix aux journalistes. « Ne faisons pas de différence en fonction de la religion », a-t-il insisté.
Le nouveau chef du gouvernement s’exprimait lors d’une visite dans la ville de Rangpur, dans le nord du pays, au cours de laquelle il a rendu hommage à Abu Sayeed, le premier étudiant tué lors des violences ayant marqué les manifestations contre les quotas d’emplois dans la fonction publique. Agé de 25 ans, il avait été abattu à bout portant par la police le 16 juillet. M. Yunus a embrassé et réconforté la mère de la victime. Le nouveau gouvernement intérimaire a promis, pour rappel, vendredi de relever « le difficile défi de ramener le pays à la démocratie » après un soulèvement étudiant et des manifestations de masse. Au moins 432 personnes ont été tuées durant le mouvement de contestation, dont 122 lundi dernier, la journée la plus meurtrière, selon un décompte reposant sur des sources policières, gouvernementales et médicales. Un jour après son retour d’Europe et après avoir promis de « faire respecter, soutenir et protéger la constitution » lors de son entrée en fonction, M. Yunus, 84 ans, a rendu hommage vendredi dernier, aux héros de l’indépendance bangladaise, son premier acte en tant que chef du gouvernement intérimaire. L’économiste, qui a pris le titre de « conseiller en chef » dans le gouvernement intérimaire, composé de civils à l’exception d’un général de brigade à la retraite, a affirmé qu’il souhaitait organiser des élections « d’ici quelques mois ».
Echec de tentatives d’évasion de détenus et décès de 12 parmi eux durant les jours de troubles
Quelque 12 détenus sont décédés et des centaines d’autres se sont échappés, lors de deux évasions au Bangladesh durant les jours de troubles, ont indiqué hier des directeurs de prison. Six détenus ont été tués dans la prison de Jamalpur (nord) jeudi, après que des gardiens ont été agressés par des prisonniers tentant de s’évader », a déclaré le directeur de la prison, Abu Fatah. »Ils nous ont attaqués avec des barres de fer et des armes tranchantes. Ils ont incendié mon bureau. Puis ils ont essayé de s’évader et d’emmener avec eux les 600 prisonniers » que compte l’établissement, a-t-il poursuivi, en indiquant que les surveillants avaient « été contraints d’ouvrir le feu ». »Au moins six détenus ont été tués, dont un poignardé », a-t-il ajouté.Mardi, six prisonniers ont également été abattus lors d’une évasion dans une prison de haute sécurité à Kashimpur, à seulement 30 kilomètres au nord de la capitale Dacca, a également confié son directeur Lutfor Rahman.M. Rahman a précisé que les détenus avaient utilisé des outils en fer et des barres d’armature pour attaquer les gardiens, et qu’ils avaient franchi la porte principale de la prison, forçant des militaires et des surveillants pénitentiaires à ouvrir le feu. « Au moins 203 prisonniers ont également réussi à s’échapper », a-t-il ajouté.
R.I.