L’auteur Salem Amrane estime que le poète véritable est celui qui exprime beaucoup d’idées en peu de mots», lui pour qui l’essentiel n’est nullement dans la longueur d’un poème.
Invité de l’atelier Si Amer Boulifa de la littérature amazighe qu’a initié l’association culturelle Tanekra d’Agouni-Fourrou, dans la daira des Ouacifs, au Sud de la wilaya de Tizi-ouzou, l’enseignant, poète, dramaturge, écrivain et également ancien correspondant de presse, Salem Amrane, a animé, samedi dernier, une conférence. Dans son intervention devant une trentaine de présents dont, désormais, des habitués de ce rendez-vous littéraire qui est à son troisième acte en seulement une quarantaine de jours depuis son lancement, l’enfant de Ath-Bugherdane, dans la région de Boghni, a eu à partager avec son auditoire son parcours littéraire entamé près de trente années de cela. Un itinéraire enclenché comme le veut une certaine «constante», la poésie avant de bifurquer plus tard par les nouvelles et tenter tout récemment l’aventure romanesque. Des poèmes dont l’essentiel ne réside pas, selon lui, dans son étendue mais plutôt dans sa quintessence. Pour lui, «le poète véritable est celui qui exprime beaucoup d’idées en peu de mots», ajoutant que «l’essentiel n’est pas dans la longueur du poème». Et de citer en exemple «Haiku, le plus court poème japonais constitué de seulement 13 syllabes». Et dans son aventure poétique, l’auteur dit avoir «bousculé bien d’idées reçues», en allant à contre-courant de ce qui est couramment admis dans ce genre littéraire. Ceci, dit-il, en optant pour la «poésie libre ou parfois semi-libre». «On ne doit pas avoir peur de la nouveauté, on doit sortir des sentiers battus, on doit dépasser l’instant et innover», dit-il, partageant avec l’assistance certaines de ses poésies libres comme pour convaincre davantage du «bien-fondé» de sa démarche «révolutionnaire»
Pour celui qui affirme «qu’on ne décide pas d’écrire» puisque selon lui, «on ne doit pas dire je vais écrire», sa préférence pour sa langue maternelle dans une grande partie de son œuvre littéraire s’explique presque naturellement et coule de source, lui qui a quelques œuvres en français et qui exerce comme professeur de langue anglaise dans un collège de sa région. «Ecrire en kabyle relève pour mois d’un acte militant, d’un devoir car il y va de la sauvegarde de notre langue», dit-il, ajoutant que «l’écrit reste et permet de sauver de l’oubli bien de mots».
S’appesantissant quelque peu sur son roman Abbuh, sa toute première expérience s romanesque en kabyle en compétition pour le prix Mohammed Dib, Salem Amrane dévoile pour le public qu’il s’agit en fait de «deux histoires écrites séparément qu’il a fusionnées par la suit pour en faire une seule histoire,, ce qui incitera le lecteur à des va-et-vient et des allers-retours», ce qui est le propre du roman moderne»
Pour rappel, Salem Amrane est l’auteur d’une multitude d’œuvres déjà éditées dont «Inzan d temsaeraq» (1995), «Silence, on achève bien les papillons» (2010), «Ne tirez pas sur les roses» (2015), «Emmet ihi», une pièce de théâtre jouée par le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi-ouzou et qui a eu deux prix au festival de théâtre amazigh de Batna en 2016, «Wissen amek», «Tafat isderghel izri», «Demain c’est déjà hier» (2023) et «Abbuh» (2023). Il dit avoir en attente d’édition nombre d’autres œuvres dont une en anglais.
M. K.